Par-delà l’invisible, Lise Beth

Par-delà l’invisible

Autrice : Lise Beth, Française

One Shot, Portail Fantasy Jeunesse

2022, Auto-édition

Illustrateur : Stéphane Degeilh

TW : violences parentales, deuil

Léna Solis, âgée de seize ans, n’a plus que pour seul parent : son père.
Elle vit seule avec lui depuis le décès prématuré de sa mère, morte pour excès de surmenage.
Depuis ce jour, Léna a reçu le don d’entrevoir l’invisible.
Elle perçoit des choses et des êtres pour le moins effrayants que l’humain ne peut déceler. Incomprise et maltraitée de tous, son don ne lui apporte que des soucis jusqu’au jour où elle fera la rencontre de Satori. Un esprit qui la guidera vers un autre monde empli de mystères, de surnaturels et de féeries. Un monde enchaîné par une malédiction dont le gardien, Yué, cherche désespérément à l’en protéger…

Mon avis

Une fois n’est pas coutume, je vais donner mon avis global avant mon avis plus détaillé : globalement, j’ai bien apprécié ce roman, aux allures de contes, j’avais l’impression de lire un manga shojo de Paranormal Romance.

Ceci étant dit, détaillons…

Univers

Celleux qui me connaissent le savent : j’ai un intérêt très particulier pour tout ce qui est créatures, et il se trouve que la culture Japonaise en regorge. Du coup, je vois une très jolie illustration de couverture avec des Yokai… ben évidemment, j’achète !

La première question qui se pose, à propos de la partie monde réel : où est-ce qu’on est ? Eh bien on ne saura pas, et je trouve que c’est une bonne chose. L’autrice n’étant pas Japonaise, le fait de ne pas situer l’endroit permet d’éviter des soucis de crédibilité (mais ça pose aussi un petit soucis, on en reparle dans la partie personnages). Et puis de toute façon, on passe finalement peu de temps dans ce monde réel.

Quant au monde Invisible, on en verra malheureusement pas grand chose, on ne fait pas beaucoup de tourisme (enfin, si, mais le livre ne nous laisse pas le temps d’en profiter). On a par contre une belle palette de Yokai, et ça, c’est cool.

Personnages

Je ne vais pas avoir grand-chose à dire sur les personnages, le livre est trop rapide pour que j’aie eu le temps de ressentir quoi que ce soit, en tout cas au-delà de Lena, la protagoniste. Je ne parlerai donc que d’elle.

Lena est un personnage un peu cliché, qu’on a déjà vu dans les shojos (la jeune fille qui a perdu sa mère, qui se balade avec sa photo, trop gentille et trop naïve, mais déterminée etc.). Pour moi, ça n’a pas été un défaut, au contraire, j’avais l’impression de lire un shojo de Paranormal Romance en version roman.

Par contre, je reviens sur ce que je disais sur l’univers : pendant les 3/4 du livre, on ne sait pas l’origine de Léna. Quel intérêt de le savoir ? Eh bien je me suis demandé pendant ces 3/4 du livre comment elle connaissait autant de choses sur le Japon (dès qu’elle voit le Torii, par exemple, la narration nous parle directement de torii et pas de portail ou de porte ou whatever, et elle ne se demande pas ce que c’est ou quoi, et ça revient à plusieurs reprises)… et pourtant n’y connait rien (elle n’identifie pas Inari, le renard à 9 queues, comme un kitsune, et elle est surprise quand elle prend une forme humaine, alors que la métamorphose est un pouvoir très connu des kitsune… en plus elle lit des mangas, vous n’allez pas me dire qu’elle n’a jamais entendu parler de kitsune !).

On apprend qu’elle est donc à moitié Japonaise par sa mère et que celle-ci était historienne, ce qui a conduit Lena à s’intéresser au Japon. D’accord, l’explication me va. Mais 1/ pourquoi on ne nous l’a pas dit dès le début ?, et 2 / ça pose des soucis de cohérence, puisque Lena ignore des éléments « basiques » (pour quelqu’un qui s’est intéressée au Japon, j’entends)(elle ne sait pas ce qu’est un bakeneko, un kitsune, elle n’a jamais entendu parler d’Amaterasu qui est une déesse essentielle…), tout en connaissant d’autres éléments. Je pense que c’est pour rendre le roman plus accessible pour les néophytes, mais dans ce cas-là, il aurait peut-être été plus simple de prendre un personnage « naïf » (comprendre, qui ne connaît pas plus le Japon que les lecteurices).

Intrigue

L’intrigue n’est pas forcément marquante, il s’agit surtout d’un prétexte pour mettre des Yokai et parler un peu de légendes Japonaises. Et moi, ça me va, surtout si le but c’est de faire découvrir cet univers pour donner envie d’aller voir plus loin.

Narration et style

Malgré mes réserves, j’ai bien aimé le fond, mais c’est surtout sur la forme que le bât blesse. C’est normal de laisser des coquilles, même après 50 relectures attentives, elles semblent s’auto-reproduire à la façon des Gremlins. Mais ici, j’ai trouvé qu’il restait quand même trop de fautes (notamment le « ria » au lieu de « rit » qui persiste tout le long du roman) et de maladresses d’écriture, que ce soit dans certaines formulations ou répétitions d’idées rapprochées. Il y a aussi des informations qui ne sont pas toujours introduites au bon moment et qui dont font se poser des questions qu’on ne devrait pas se poser (j’ai déjà parlé de l’origine de Lena) ou qui cassent le rythme (des créatures qui sont décrites de façon hyper détaillée… alors qu’on ne les rencontre que trois pages plus loin). Je ne suis pas non plus fan de la narration qui nous fait sauter sans arrêt d’une tête à l’autre.

Le rythme est à mon sens trop rapide, on n’a pas le temps de vraiment approfondir, de laisser le temps aux relations d’évoluer (les personnages ont passé quelques jours ensemble, et ça y est, ils sont fou amoureux… (Lena ayant toutefois passé trois jours à dormir, c’est pas l’idéal pour apprendre à se connaître) meh ), ou de vraiment ressentir un intérêt pour la quête. C’est aussi pour ça que l’histoire m’a davantage fait l’effet d’un conte que d’un roman.

Je m’interroge aussi sur l’utilité du glossaire, dans la mesure où il n’explicite qu’une poignée de termes, les autres étant expliquées dans la narration. Je pense qu’il aurait été plus judicieux de soit tout expliciter dans la narration (quitte à apporter des compléments d’informations dans le glossaire), soit tout mettre en glossaire.

Bilan

Un petit roman sympathique aux allures de conte, qui pourra introduire à la culture Japonaise et aux mangas. Malheureusement, il souffre de maladresses d’écriture et d’une narration à mon sens inégale.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

2 réflexions sur “Par-delà l’invisible, Lise Beth

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