Vous lisez Procrastination : S02E12 – Conseils de survie pour les corrections

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S02E12 : Conseils de survie pour les corrections

(Transcription : Symphonie ; Relecture et corrections : Ash)

Vous écoutez Procrastination, Saison 2 Episode 12 : Conseils de survie pour les corrections.

Podcast sur l’écriture en 15 minutes.

Parce que vous avez autre chose à faire.

Et qu’on n’a pas la science infuse.

Avec les voix de : Mélanie Fazi, Laurent Genefort, et Lionel Davoust.

Lionel Davoust : C’est un immense sujet sur lequel on va très certainement revenir, mais là, comme on l’a fait pour les personnages et les dialogues, on va débroussailler le sujet de manière générale, avec je dirais le minimum absolu qu’on pourrait dire sur le sujet. C’est probablement celui qui nous a été le plus demandé de la part des poditeurs, donc on l’avait promis, nous y sommes. Et en gros, la question c’est « j’ai fini mon texte/ma nouvelle/mon roman/ma décalogie, qu’est-ce que je fais ? comment je le fais ? Au secours ! ».

Alors juste, il y a un truc qui m’a frappé… J’étais à la convention mondiale de Science-Fiction de Helsinki cet été, et j’ai entendu des tas d’auteurs répéter, toujours dire la même chose, vraiment de tas de voix différentes, c’est vraiment quelque chose de très implanté dans le monde anglo-américain, c’est : « Writing is Rewriting », L’écriture c’est réécrire. Je vois Laurent…

Mélanie Fazi : Oui et non.

Laurent Genefort : Oui et non.

(rires)

MF : J’allais dire en fait oui et non, parce que déjà il y a quelque chose qui me frappe en réfléchissant sur le sujet, c’est que dans mon expérience il y a différents types d’écrivains avec différentes méthodes, et j’ai remarqué la même chose chez les traducteurs d’ailleurs. Il y a ceux qui vont beaucoup se relire et retravailler déjà en cours d’écriture, qui vont par exemple chaque jour prendre les pages de la veille, les relire etc., et ceux dont je fais partie qui ont besoin d’évacuer le plus vite possible le premier jet, vraiment de foncer, et donc dans ce deuxième cas on a plus de travail de réécriture derrière. Sauf qu’avec l’expérience je pense qu’on en a de moins en moins besoin, mais je distingue ces deux cas de figure.

LG : Voilà.

MF : On est d’accord.

(rires)

LG : Et comme nous sommes tous les deux des scripturaux, on a peut-être justement cette même approche où le premier jet c’est le truc le plus important. Moi une fois que j’ai terminé mon premier jet, je me dis « j’ai terminé, l’essentiel est fait, j’ai terminé mon histoire, ça tient la route, maintenant je peux réécrire ». Mais là pour moi la réécriture c’est quelque chose de technique, alors que l’écriture, il y a l’inspiration, il y a cet ineffable dont il n’y a pas besoin en réécriture. La réécriture c’est le métier qui parle, pour moi.

MF : Il n’y a plus l’espèce d’angoisse du vide « est-ce que je vais arriver au bout ou pas », là on a la matière. Pour moi c’est presque comme une sculpture ou quelque chose, on a la forme qui commence, on va affiner les angles petit à petit. Ça me fait penser que pour moi réécrire ça consiste souvent beaucoup à couper, ce qui va assez bien avec la sculpture, on supprime, on rabote les angles, on coupe tout ce qui dépasse. C’est quelque chose qui est souvent très difficile à apprendre, d’ailleurs, on a tendance à vouloir garder, notamment quand on débute, à s’accrocher à ce qu’on a fait : « cette phrase je l’aime beaucoup, cette scène je l’aime beaucoup ». Et la réécriture pour moi c’est apprendre à sentir ce qui est nécessaire ou pas, et apprendre beaucoup à couper quand c’est nécessaire.

LD : C’est Fitzgerald[1] qui disait « Kill all your darlings ».

MF : Exactement.

LD : « Tuez tous vos chéris ». D’ailleurs c’est marrant, je suis le structurel avoué de la bande, et en fait, je suis comme vous. J’ai beau prendre le temps de construire, d’enchaîner un peu les phrases et les scènes etc., il y a malgré tout cette pression de se dire « est-ce que je vais réussir à aller au bout ? ». J’avais déjà cité ce truc-là je crois dans un des épisodes précédents, une des plus grandes illuminations récentes qui me sont venues, c’est quand j’ai entendu (pas compris le nom cité) dire que le travail de créativité ce n’est pas de trouver les réponses à quelque chose, c’est de trouver les questions. Et en fait quelque part pour moi l’écriture c’est trouver les bonnes questions. C’est construire les questions, et une fois qu’on a fini le premier jet, on a une réponse, mais on va pouvoir évaluer cette réponse parce qu’on a débroussaillé les questions. C’est pour ça d’ailleurs qu’écrire le premier jet peut être si difficile, c’est parce qu’on ne peut pas réussir à trouver la bonne réponse et la question en même temps.

MF : La réponse c’est 42[2].

LD : Tout à fait.

LG : Alors, dans cette période de réécriture, il y a la période où on est tout seul, on relit son texte, et la période où le texte on le lâche, on va le lâcher aux bêta-lecteurs si on en a, à l’éditeur, qui est celui auquel est dévolue la tâche d’évaluer pour la première fois le texte. C’est une période qui est intéressante je trouve, parce que c’est la période, la réécriture, où finalement le texte n’est pas publié, mais il a déjà un lecteur, qui est le bêta-lecteur ou l’éditeur, et donc on va avoir un premier retour. Ou en tout cas, à un moment on va avoir le premier retour, qui va déterminer le sort du texte. Donc c’est une période intéressante, peut-être la période la plus angoissante, mais c’est la période la plus intéressante.

MF : C’est le moment, à mes yeux en tout cas, où il acquière une existence. Au départ il est juste dans notre tête, et d’un seul coup, pour moi le premier retour lui fait acquérir une existence. Et ça rejoins un conseil fondamental que j’avais donné, qui est pour moi la chose la plus importante à ce stade, c’est que progressivement on doit apprendre à prendre du recul avec le texte. C’est-à-dire que quand on l’écrit, on est immergé, on est sous l’eau, on est à fond dedans, on a vraiment le nez contre la page, et les différentes étapes doivent permettre de s’éloigner du texte petit à petit et d’avoir un regard qui est de plus en plus nouveau dessus. Et pour moi, ça passe par deux choses. La première, c’est que personnellement je fais plusieurs phases de relecture qui sont tout le temps les mêmes dans le même ordre : la première fois je relis sur écran, et la deuxième fois j’imprime et je relis sur papier, et le changement de support… je ne sais pas si c’est que ça donne l’impression peut-être de lire un livre ou quelque chose comme ça, le changement de support fait déjà prendre du recul et je vois le texte comme quelque chose qui est un peu plus extérieur à moi qu’il ne l’était jusque-là, et ce recul pour moi va ensuite être acquis quand ça passe par des lecteurs.

LD : Alors je pense qu’on pourra parler plus en détails dans un épisode futur des bêta-lecteurs, aujourd’hui on se concentre plus sur le côté « je suis tout seul », cette espèce de no man’s land avant l’envoi. Je suis entièrement d’accord avec ça d’ailleurs, c’est quelque chose que j’avais recommandé, le fait de faire une impression. J’ai été regardé un peu bizarrement quand j’avais dit ça en café littéraire, mais pour moi, la relecture c’est quelque chose de capital, et je suis tout à fait d’accord avec toi Laurent aussi sur le fait que c’est très impressionnant la correction, mais ce n’est que de la technique, ce n’est que du boulot. C’est difficile à acquérir, certes, mais il y a un moment où on l’a acquis et ça devient finalement relativement mécanique.

La manière de faire que j’ai, c’est que j’imprime aussi, pour sentir ne serait-ce que le poids du manuscrit, je prends mon crayon et mon attitude devient «  je suis le Ghost Writer – en anglais, parce que le terme français est juste horrible – de ce type-là, de cet auteur-là qui est peut-être un peu talentueux, mais qui est extrêmement bordélique et qui n’est pas très compétent, donc moi je suis son Ghost Writer, et il va falloir que je rende son livre présentable et convenable. Donc j’ai mon crayon et je barre les endroits où je m’ennuie, je note les endroits où c’est bien, et il va falloir que je réécrive ce travail-là, et on ne me créditera jamais pour ça. Mais au moins ce jeune auteur si prometteur qui m’a remis ce premier jet aura le bénéfice des lauriers ».

MF : Je remarque que c’est souvent la phase où je prends conscience des répétitions notamment, des problèmes de rythme et de tout ce qui accroche les phrases. La première lecture sur écran, je débroussaille on va dire, et à la deuxième effectivement, des choses un peu plus techniques comme ça me sautent aux yeux, et particulièrement les répétitions et la question du rythme.

C’est d’ailleurs un troisième conseil que j’aurais, on en a parlé déjà dans d’autres épisodes, pour apprendre à sentir le rythme ne pas hésiter à se relire à haute voix.

LD : Oui.

MF : Parce qu’on va sentir notamment si une phrase ou un passage s’essouffle, et si on s’essouffle soi-même en lisant un passage, on peut être à peu près sûrs que le lecteur va éprouver la même chose à la lecture

LD : Alors, on parle un peu de technique, mais au bout du compte, pourquoi est-ce qu’on corrige ? Qu’est-ce qu’on cherche à faire ? Rendre le truc meilleur, d’accord, mais ça veut dire quoi ?

MF : La première chose qui me vient, c’est qu’on a parlé dans un autre épisode d’un signe qu’on essaie de transmettre et qui est un petit peu flou au départ parce qu’on tâtonne, et par exemple on va essayer de dire une chose et on va répéter trois fois la même phrase dans des configurations différentes, et à la relecture on s’aperçoit que non, on cherche à dire une chose et on l’a dite trois fois et une seule fois suffit, on va affiner ce signal j’ai envie de dire, on supprime les parasites petit à petit. En tout cas c’est comme ça que je le perçois.

LG : Eh bien oui, tout à fait. Moi ma méthode c’est que je fais comme vous, j’imprime le texte mais je laisse passer un petit peu de temps, je fais une pause pour me vider la tête pour sortir justement de cet univers dans lequel je me suis immergé pendant des mois, pour redevenir – ce que disait Lionel tout à l’heure – extérieur au texte et être son propre « prête-plume ».

(rires)

LD : Ah ! C’est très joli, j’aime beaucoup !

LG : Oui, j’ai vu ça, ça va devenir la dénomination officielle.

MF : Effectivement.

LD : C’est parfait.

LG : Et donc en fait, cette façon de laisser décanter avant de relire, et effectivement d’imprimer le texte, ça permet d’abord de lui donner une matérialité qui n’existait pas avant et donc c’est important. Je pense que le fait de le relire presque comme un lecteur, ça permet de laisser parler l’instinct. L’instinct vous dit si la pâte a levé ou pas. Moi ma méthode, c’est que je traque les fautes d’orthographe et de grammaire, tout bêtement, comme un correcteur professionnel, et le reste des erreurs émergent un peu en tâche de fond. Donc je me concentre sur les fautes et le reste… un peu comme quand on a perdu ses clés et qu’on les retrouve sur la table de la salle à manger, tout à coup parce que justement on n’y pense pas forcément, ça va émerger.

MF : J’ai l’impression aussi que plus on déblaie, plus on affine, comme je le disais plus on supprime les parasites, et plus ce qui ne marche pas devient évident. Souvent je me rends compte de ça plus j’avance dans les corrections, et si à un moment donné un truc qui dépasse, parce qu’il n’en reste qu’un seul il va me sauter à la figure, en schématisant un peu.

LD : C’est marrant, parce que du coup moi je ne corrige absolument pas les fautes, ni la stylistique ni la syntaxe à l’impression, je reçois vraiment ça de manière… C’est peut-être mon passé d’adolescent-lecteur difficile, voire très difficile, où si je n’étais pas accroché dès la première page je ne pouvais pas continuer, mais je suis vraiment attentif à mon ressenti de lecteur. Et je peux être d’une très grande violence avec moi dans mes annotations – d’ailleurs ça pique un peu quand je les retrouve –, mais ça m’arrive très fréquemment de mettre dans la marge des trucs comme « qu’est-ce qu’on se fait chier » « c’est bon on a compris » « allez, avance ! » « au secours ! » « Zzz » etc. Mais en même temps peut-être que ça aide justement à mettre en avant ce ressenti de lecteur. Je pense que l’optique c’est : on a un projet ou une envie – peut-être que le projet émerge en cours de route, quand on est scriptural et qu’on comprend a posteriori le projet qu’on a voulu faire, Pratchett disait : « le premier jet ne sert qu’à s’expliquer l’histoire » – et une fois qu’on a ça on a justement une forme de réponse, et la correction vise à servir le projet avec lequel on se retrouve de la manière la plus claire, c’est ce que tu disais Mélanie.

MF : Je pense que les deux sont liés en fait. Moi quand on me parle de corriger les répétitions, le rythme, etc., j’ai envie de dire que je relis le texte en cherchant justement un ressenti de lectrice, et à partir du moment où quelque chose va m’en sortir parce que je vais accrocher justement parce que la phrase s’essouffle, et typiquement si je veux un passage qui a un certain souffle, si je bute à un moment donné sur une phrase j’ai le soufflet qui retombe. Mais c’est vraiment… J’essaie de ressentir ce que j’ai voulu faire à l’écriture, ce que je veux faire ressentir au lecteur je cherche à le ressentir, et partout où je sens que je n’y suis pas c’est que quelque chose ne marche pas. Donc je pense que les deux se rejoignent.

LD : Je suis entièrement d’accord, et je pense que du coup… je viens de dire que je n’arrêtais pas de me faire la tête au carré et de reprendre mes annotations, mais je pense que c’est super important aussi de noter quand on est content. Ça dépend comment on fonctionne, mais il y a beaucoup d’auteurs qui sont leur plus sévère critique. C’est important de noter les endroits où on est content, où on se dit « là j’ai réussi à faire ce que je voulais faire ». Ça peut être au niveau du style, ça peut être aussi au niveau du fond, en se disant « là j’ai trouvé quelque chose d’important ». Et ça devient un peu des phares dans la nuit, c’est important de se le mettre en avant. Moi je fais une passe au papier et ensuite je corrige à l’ordinateur, avant d’envoyer au(x) bêta-lecteur(s), ça me paraît important de se dire, de noter à la lecture – parce qu’en plus ça permet de se remonter le moral quand on s’est fait la tête au carré – et de se dire aussi « là j’ai touché quelque chose, j’ai touché ce que je voulais faire, ce que j’aimerais faire dans ce projet-là c’est ça », « voilà les intentions que j’avais » ce qui permet aussi de mieux les servir.

MF : Complètement. J’ai beaucoup parlé de coupures, parce que moi c’est beaucoup inscrit dans ma manière de corriger, mais il y a un certain nombre de textes et notamment sur les romans où on va ressentir au contraire à la lecture qu’il manque quelque chose. Soit la scène manque de chair, on a été un peu trop vite dans l’exécution, soit il manque des informations, soit des fois il faut ajouter un dialogue parce qu’une scène est un peu trop… ou une description un peu trop dense, des choses comme ça, il faut apprendre aussi à développer.

LD : Un truc qui est parfois très impressionnant quand on commence, quand on fait nos premières armes et qu’on a besoin de tout apprendre en même temps – on apprend toujours tout en même temps – un truc qui me paraît assez anxiogène dans les corrections, en tout cas que j’entends, c’est qu’il y a des tas de problèmes avec des échelles différentes dans un manuscrit. Il y a l’échelle macro, qui est vraiment le scénario « là mon scénario est parti dans un mauvais endroit » ou alors « tel personnage ne tient pas debout » etc, il y a les problèmes d’échelle moyenne, par exemple comme tu disais cette scène est mal équilibrée parce que tel truc tel truc, et les problèmes micro qui sont « ce paragraphe-là ne sert peut-être pas forcément à grand-chose » ou bien « cette description doit être fluidifiée ». Et je trouve que ça paraît intéressant et une potentielle bouée de sauvetage de séparer ces trois échelles.

Quand je corrige un manuscrit j’ai toujours le manuscrit que j’annote et puis j’annote le style quand il m’ennuie ou quand je trouve qu’il pourrait être plus efficace, mais j’ai toujours aussi deux fichiers à côté : un fichier d’échelle moyenne scène par scène en me disant « cette scène-là peut faire tel truc » et un fichier macro qui est sur l’ensemble du bouquin « tel fil narratif il faut voir ça ». Et ensuite quand je fais ma passe de corrections, je regarde les trois échelles de manière à m’assurer de la cohérence aux trois niveaux de choses, ça permet de séparer les trucs et de ne pas devenir dingue en se disant « alors il faut que je pense que tel personnage, il faut qu’il tienne plus debout parce qu’il faut que je change son passé de telle manière, mais en même temps faut que je surveille les fautes d’orthographe ». C’est inhumain de devoir tout gérer en parallèle. Donc moi c’est une bouée de sauvetage que j’aurais tendance à recommander parce que ça permet de discriminer les problèmes dans chaque échelle qui leur correspond.

MF : Dans toutes les phases d’écriture de toute manière je dirais que c’est moins intimidant de tout découper en petites parties et particulièrement je pense pour les corrections, chaque phase a sa fonction par rapport à ça, oui.

LD : On arrive au bout du temps imparti, une petite citation pour terminer ?

MF : Alors une longue citation de Georges Perec qui nous dit : « Recopier, relire, jeter, réécrire, classer, retrouver, attendre que ça vienne, essayer d’arracher quelque chose qui aura toujours l’air d’être un barbouillis inconsistant, quelque chose qui ressemblera à un texte, y arriver, ne pas y arriver, sourire parfois ».

Jingle : C’était Procrastination, merci de nous avoir suivis. Maintenant assez procrastiné, allez écrire – ou corriger en fonction !


[1] Francis Scott Key Fitzgerald, écrivain Américain

[2] Si vous ne savez pas pourquoi 42… Le Guide du Voyageur Galactique, de Douglas Adams.

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