
Les apprentis du Richelieu
Tome 1/2 des Chevaliers de Richelieu, Fantasy d’inspiration historique
Auteur : Sébastien Larabée, Québécois
2021, Autoédition
Je remercie l’auteur pour sa confiance et pour l’envoi de son roman dans le cadre d’un SP.
Deux apprentis-chevaliers, Frédéric et Ludovic, se joignent à Sieur Houdin, leur maître-chevalier et à Maîtresse Mathilde, une jeune moniale, pour une mission diplomatique dans une province voisine. En effet, le Poitou donne signe de vouloir se scinder du reste de l’île de Léonce et le pays n’entend pas à rire avec cette situation. Sieur Houdin, ses apprentis et maîtresse Mathilde sont donc envoyés afin de tenter de résoudre la chose sans avoir recours aux armées. Or le Poitou cherche à faire sécession du reste du pays principalement à cause de son idéologie étriquée et de sa morale contraignante. Chez eux, point de femmes chez les guerriers, point d’amour entre deux hommes ou deux femmes. Rien de ce qui est jugé contre-nature n’est permis. Comment, alors, se passeront les choses dans cette province peu accueillante pour nos deux apprentis-chevaliers, qui, en plus d’être frères d’armes, forment un couple? Comment sera reçue maîtresse Mathilde, qui a fait vœu de célibat et est aussi une guerrière de premier ordre à la suite de ses années de formation martiale? Tout ça, vous le découvrirez en lisant les Apprentis de Richelieu.
Mon avis
Ce premier tome s’inscrit dans un Poitou alternatif (d’ailleurs, n’y cherchez ni magie ni créatures, c’est très proche de notre monde à nous), et nous proposent deux fils narratifs qui s’entremêlent.
D’un côté, nous avons Mathilde, sorte de moniale-guerrière qui se retrouve confrontée aux vices de l’ordre qu’elle estimait tant, et Frédéric et Ludovic, deux jeunes chevaliers qui se voient opposer une homophobie particulièrement violente (au passage, n’hésitez pas à aller jeter un oeil aux warnings). Ces personnages se retrouvent à cheminer ensemble pour une mission diplomatique, mission qui n’est en réalité qu’un prétexte à les placer dans un cadre oppressif. Le roman explore ainsi les discriminations (sexisme et violences sexuelles, homophobie, racisme) jusque dans leurs expressions les plus violentes (encore une fois, warnings).
J’ai trouvé l’arc de Mathilde plus intéressant que celui de Frédéric/Ludovic, lesquels sont uniquement victimes de ce qui leur arrivent : elle doit remettre en cause tout ce en quoi elle croyait et trouver une autre façon de vivre son art martial, tout en trouvant une solution pour briser la roue et faire éclater la vérité sur un ordre soi-disant vertueux, mais qui n’hésite pas à violenter ses membres.
Si la proposition est intéressante, j’ai malheureusement trouvé que le roman restait à la surface de son univers, de ses thématiques et de ses personnages. J’ai eu l’impression (peut-être renforcée par le faible nombre de pages) que tout était utilitaire, dans le sens où l’on sent bien que tout a été pesé pour servir le propos (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soit), mais du coup, il m’a manqué une atmosphère dans l’univers et une vie dans les personnages pour que je puisse adhérer à l’un comme aux autres. Malgré des thématiques fortes, je n’ai rien ressenti en particulier, à part du dégoût : je n’avais pas l’impression de lire les drames de personnages vivants, j’y ai juste réagi parce que les actes eux-mêmes sont horribles et réels.
Il y a d’ailleurs peu de réflexion ou d’introspection de leur part quant à ce qu’ils réalisent ou endurent, on observe leurs « conclusions » mais pas réellement leur cheminement. Par exemple, concernant Mathilde, même si elle a parfaitement conscience d’avoir subi un viol (c’est pas du spoil, c’est dès le début du livre), on en ressent pas l’impact physique ni psychologique. On nous dit, mais on ne nous montre pas (show, toussa). Ca aurait pu faire partie de son cheminement personnel justement, de se rendre compte qu’elle a vécu un traumatisme, mais en l’occurence non, puisqu’elle le sait dès le début.
En bref, j’ai trouvé que ça manquait d’épaisseur et de chair, avec une impression d’un roman peut-être trop « chargé » pour son format court.
Un autre point qui a entravé mon immersion, c’est la forme. L’auteur est québécois, donc les normes sont peut-être différentes par rapport à la France, mais la version que j’avais manquait par exemple d’un texte justifié, de tirets cadratins, ou « d’alinéas non tabulations » (je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire, en gros les alinéas étaient trop longs par rapport aux lignes). Je pinaille, mais quand on est habitué à une certaine mise en page, ça peut altérer un peu le confort de lecture.
On notera aussi quelques maladresses de forme (ponctuation, coupe de paragraphes, flashbacks non séparés des passages au présent), mais rien de bien dramatique. L’écriture est par ailleurs plutôt agréable, notamment au niveau des combats martiaux qui sont détaillés et dynamiques.
Bilan
Un premier tome qui propose une intention louable dans ses thématiques et un univers aux bases intéressantes, mais qui malheureusement a trop manqué de profondeur dans sa mise en œuvre pour que je puisse réellement m’y immerger.
Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?