
Pour la première fois, la Tour Blanche est désunie. Alors que les soeurs renégates se sont regroupées à Salidar, Elaida règne toujours sur Tar Valon. Mais les deux camps partagent les mêmes ambitions pour Rand, le Dragon Réincarné qui représente un allié potentiel de la première importance.
Or c’est le cadet des soucis de Rand, concentré sur la préparation de sa grande offensive contre Sammael… tandis que ses alliés affrontent chacun leur destin, et que la puissance des Aes Sedai ne cesse de croître.
Auteur : Robert Jordan, Américain
Cycle : La Roue du Temps
High Fantasy, Tome 6/14 + 1 préquelle
Chroniques : Global 1/2 2/2 ; T1 ; T2 ; T3 ; T4 ; T5
Publication originale : 1994
1ère publication française : 2003 (Rivage), Traduction par Arlette Rosenblum
Présente édition (Poche, Noyelles) : Traduction : Jean Claude Mallé ; Illustration par Didier Graffet et Fabrice Borio
Note : cette série de chroniques se base sur la nouvelle traduction, même si je possède également l’ancienne.
Mon avis
Attention, je considère que vous avez lu les tomes précédents ou que vous vous fichez d’être spoilés.
Qu’est-ce que c’est loooooong !
Une fois n’est pas coutume, on va crever l’abcès directement en abordant les deux gros points noirs du tome et du cycle en général : les sang et cendres de longueurs et les relations hommes-femmes.
Pour commencer, un mot sur les (grosso modo) 250 pages où il ne se passe pas grand chose, le livre nous faisant un rappel, certes salutaire, des épisodes précédents, mais passablement long et pas très intéressant, surtout si vos lectures précédentes sont encore assez fraiches dans votre tête.
Mais passons.
La Roue du Temps, c’est de la magie et des batailles farouches contre les méchants (et entre les gentils, aussi. Surtout), mais c’est aussi des manigances et de la politique. La scission de la Tour Blanche n’a pas amélioré le côté manipulateur des Aes Sedai, loin de là, mais les rebelles des Salidar sont un peu échaudées, si bien qu’elles attendent de voir comment le vent tourne, restant très prudentes vis à vis de Rand. Du coup, ben, ça bouge pas trop de leur côté, au grand désespoir de Nynaeve, Elayne, et des lecteurices.
Et ça bouge pas non plus du côté de Rand, enlisé dans la politique et devant jongler avec plusieurs groupes qui, en temps ordinaire, chercheraient davantage à s’entretuer qu’à faire équipe : les hommes capables de canaliser, les différentes factions d’Aes Sedai, les Aiels, les différents peuples du continent… Sans parler des Réprouvés, bien sûr. Du coup, comme la situation est tendue, Rand brasse de l’air, se « téléportant » à plusieurs endroits pour avoir la paix/gérer tout ce beau monde, mais en soit, ça n’avance pas.
Mais encore, les longueurs sont dans ce tome « justifiées » par l’intrigue et les relations entre ces groupes. Mais je crois que les relations entre personnages, et surtout romantiques, sont encore plus chiantes. Elles ne fonctionnent pas (pas de réelle alchimie entre les personnages, qui se critiquent sans arrêt et on ne comprend pas trop ce qu’ils se trouvent à part « la Roue tourne comme elle l’entend ») et en plus, il y en a plein ! Ca prend beaucoup trop de place et ça n’a pas d’intérêt (puis pourquoi filer trois love interest à Rand alors qu’aucun des trois n’est convainquant) ?
Mais quand même, l’immersion et l’epicness sont bel et bien là
Mais quand même, donc, si ces longueurs ont un côté frustrant et lassant, je trouve que ça fait aussi partie de l’âme de ce cycle, et de ce que j’apprécie dedans. Ces longueurs ont un côté très réaliste, notamment dans les évolutions des personnages ou sur les obstacles internes et externes qu’ils rencontrent. On ne change pas le cours du monde en un claquement de doigts ! Et cette frustration qu’on ressent à la lecture a aussi du sens, puisque les personnages principaux aussi sont frustrés que les gens autour d’eux ne les écoutent pas et/ou leur mettent des bâtons dans les roues alors qu’ils sont censés être dans le même camp.
Dans ce tome, cette évolution et cette frustration se ressentent surtout sur deux personnages : Nynaeve et Rand.
Sans en avoir l’air, la première a évolué petit à petit depuis le premier tome. Malgré sa fierté, elle s’excuse et admet enfin ses failles, qu’elle tente de combler (avec des tirages de natte, mais elle essaie). Et quand elle y parvient, c’est pour mieux la considérer comme quantité négligeable.
Quant à Rand, j’adore décidemment ce personnage. Sans connaître le cycle, on pourrait croire à un nième héros élu de prophétie sans peur et sans reproche, sauf que… C’était déjà présent dans les tomes précédents, mais la solitude et la méfiance de Rand sont de plus en pus fortes, tandis qu’il lutte à chaque instant pour le contrôle de son corps et de son esprit. D’un autre côté, la Tarmon Gai’don approche, et ses alliés potentiels ne sont toujours pas foutus de mettre leurs différents de côté, sans parler de le soutenir sans essayer de le manipuler. Au point de lui faire prendre des risques et de commettre de très grosses erreurs. On sent aussi de plus en plus les influences néfastes du saidin et de Lews Therin sur sa santé mentale, au point qu’il devient parfois aussi inquiétant que les Réprouvés. Mine de rien, c’est un des points que j’adore dans le cycle, le fait que le héros censé sauver le monde ne soit pas fiable DU TOUT.
J’ai dit dans la première partie que ce tome faisait pas mal de surplace, mais quand même, il y a des nouveautés tout le long du récit, et surtout à partir de la moitié. Elles ne prennent pas beaucoup de place dans le récit, mais en terme d’importance, on ne peut qu’imaginer les impacts que cela aura par la suite, pour le bon comme le mauvais. Donc malgré les longueurs, je ne me suis personnellement pas ennuyée.
Et puis, il y a les 200-300 dernières pages, avec un climax épique comme on les aime, tellement tendu qu’on se demande jusqu’au bout comment ça va finir. Le cycle aurait gagné à resserrer son intrigue, mais quand même, c’est avec ce genre de final que je me rappelle pourquoi je l’adore en dépit de ses défauts.
Bilan
Ca commençait avec le tome 5, et le tome 6 est dans la continuité : on arrive dans le ventre mou de la Roue du Temps. Qualités comme défauts sont désormais cristallisés : un monde réaliste et fascinant, une intrigue qui propose de la politique, des manigances, de l’épique… mais aussi un rythme très (trop) lent et des relations entre personnages qui sont souvent soulantes plus qu’autre chose. En ce qui me concerne, les qualités me permettent de passer outre et de continuer à apprécier ma (re)lecture, mais je comprends tout à fait que ce ne soit pas le cas pour tout le monde.
Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?
- Les blablas de Tachan
- Univers Fantasy (Vidéo, attention aux spoils)
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