La Confrérie du Sang Tome 1 : L’ombre des Dieux, John Gwynne

L’ombre des dieux (2023, ed. Leha)

John Gwynne, Britannique

T1/? de La Confrérie du Sang, Dark Epique Fantasy Nordique

Illustration : Marcus Whinney

Traduction : Thomas Bauduret

The Bloodsworn saga, book 1: The Shadow of the Gods (2021)

Après une guerre dévastatrice ayant mené à leur extinction, les dieux ont laissé derrière eux une plaine dévastée, Vigrid. Que ce soit à l’ombre de la chaîne de montagnes constituée des os d’un ancien dieu ou dans leurs ports abrités au fond des fjords, les humains survivent aux incursions des vaesens, de terrifiants monstres vivant de l’autre côté de l’unique passe séparant leurs terres. Au milieu de conflits de pouvoir entre les différents jarls, une menace semble émerger alors que les enlèvements d’enfants se multiplient.

Orka a raccroché son épée après une vie de mercenaire pour élever son fils, Breca. Mais les événements qui bouleversent Vigrid vont l’amener à ressusciter son passé guerrier. De son côté, Varg, un ancien esclave à la recherche des assassins de sa sœur va croiser le chemin d’une compagnie de mercenaires, la Confrérie du Sang. Au milieu des guerriers, il va découvrir peu à peu ce qu’il n’a jamais connu dans sa vie : la chaleur de l’amitié et de la camaraderie, et peut-être sa propre humanité. Au sein d’un autre groupe de mercenaires, Elvar, qui a rejeté son héritage familial et intégré les Chiens de Guerre, craint de voir son passé ressurgir.

Dans l’ombre des dieux morts un autre conflit, peut-être plus dévastateur encore, pourrait plonger une fois de plus Vígríd dans le chaos.

Mon avis

Qu’est-ce que ça fait du bien de revenir à de la Fantasy épique ! Surtout dans une ambiance qu’on n’a pas forcément l’habitude de lire, puisque ce cycle s’inscrit dans un univers inspiré des pays nordiques.

Pas forcément dans l’ordre, nous rencontrons donc Orka, une mère de famille tout ce qu’il y a de plus ordinaire… du moins tant qu’on ne met pas en péril ladite famille. Parce que Orka, elle est plutôt du genre maman ours berserk, et ça ne la gêne absolument pas de trucider tout ce qui bouge. Incontestablement mon fil préféré, que ce soit pour son intrigue certes classique mais efficace de cette mère à la recherche de son enfant kidnappé, ou pour Orka elle-même, qui se révèle attachante malgré son aspect bourru.

D’un autre côté, nous avons Varg, un ancien esclave qui essaie de se venger contre les assassins de sa sœur, et qui dans ce but va essayer d’intégrer la Confrérie du Sang. Un groupe de mercenaires qui chasse les vaesens, les créatures fantastiques/monstres de cet univers, pour faire court. Varg est également déterminé, mais on comprend vite que seul, il ne va pas aller bien loin, contrairement à Orka. Beaucoup aimé cet arc aussi, avec ce solitaire méfiant qui va découvrir une nouvelle camaraderie.

Enfin, nous avons Elvar, une guerrière des Chiens de Guerre. J’avoue que c’est l’arc qui m’a le moins intéressée, même si on y apprend pas mal de choses sur l’univers et que c’est celui qui semble servir de fil conducteur à l’intrigue globale. Elvar est davantage passive par rapport aux deux autres protagonistes : ce n’est pas réellement elle le point d’intérêt de son propre arc, mais c’est ce qu’on voit à travers ses yeux.

Comme vous le voyez, il n’y a pas forcément de rapport entre les trois. J’avais aussi parfois du mal à m’y retrouver entre les arcs de Varg et d’Elvar, qui évoluent dans des milieux très similaires. Pendant une bonne partie du roman, chaque arc évolue de son côté sans qu’on ait d’axe directeur global, donc sans rien pour les relier sinon l’univers global. Surtout que les arcs en eux mêmes n’ont rien de vraiment original (2 quêtes de vengeance, 1 qui essaie de se détacher de sa famille).Il y a beaucoup de personnages secondaires dans chaque arc, de termes et de notions non familiers, un enjeu global indéterminé… ce qui a engendré une certaine confusion pendant une partie du livre. J’avoue qu’il m’a fallu un certain nombre de chapitres avant de réussir à m’acclimater et à m’immerger dans l’histoire (enfin… dans les histoires).

Heureusement, l’univers est passionnant. Comme je le disais au début, il est largement inspiré des cultures et mythologie nordiques : 300 ans avant l’histoire, les dieux ont fracassé le monde dans un équivalent du Ragnarök, avec des équivalents à certaines créatures mythologiques. Les dieux sont morts, vive les dieux ! Ou pas, car cette guerre a eu comme conséquence l’apparition des vaesens, qu’on n’a pas forcément envie de croiser en allant cueillir des champignons. La dimension mythologique est intéressante aussi du fait que c’est à la fois traité comme des légendes explicitant l’état du monde, mais aussi comme des évènements ayant vraiment eu lieu, ce qui induit une certaine incertitude à la lecture.

Cela a aussi eu des conséquences sur les humains. En effet, les Chiens de Guerre capturent et revendent des Corrompus : des humains descendants des dieux déchus dotés de pouvoirs bestiaux, mais aussi d’une rage destructrice lorsqu’ils les libèrent. Ce qui les rend à la fois dangereux… et très utiles. Par exemple, un Corrompu de la lignée du dieu-chien aura un flair puissant. Et là, on arrive à une thématique très forte de ce premier volume. Les Corrompus sont traqués, réduits en esclavage sans aucun remords, souffrant de préjugés et d’une peur permanente à l’idée d’être découverts, et leurs familles ne sont pas forcément à l’abri non plus. Les dieux ne sont plus là, mais leurs descendants discriminés continuent à souffrir de leurs combats.

La dernière partie vaut tous les efforts, même si je ne vous en dirai pas plus pour des raisons évidentes (je l’ai toutefois lue d’une traite tellement c’était prenant !). J’ai eu du mal au début, mais clairement, j’ai bien fait de persévérer.

L’ambiance aussi est très chouette, et montre qu’on peut faire du Dark sans aller dans l’excès, notamment en ce qui concerne le traitement des personnages féminins (you know what I mean). C’est épique, ça se bastonne et se trucide dans tous les coins, mais il y a aussi une belle camaraderie entre les personnages. Le monde est cruel, mais on se serre les coudes et on aide l’autre à se relever et avancer. C’est d’ailleurs un des aspects que j’aime aussi beaucoup dans Le Livre des Martyrs ou La Compagnie Noire.

Bilan

Ce premier roman est clairement une introduction dont on ne comprend l’objectif qu’en fin d’ouvrage, mais il fallait bien ça pour permettre à ces personnages, ces « clans » et cet univers de se déployer. C’est complexe, épique, foisonnant, tour à tour drôle ou plein de tension, Dark mais pas glauque, et la dernière partie vaut clairement tous les efforts investis. Bref, de la Fantasy comme je l’aime, j’ai hâte de pouvoir lire la suite !

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

9 réflexions sur “La Confrérie du Sang Tome 1 : L’ombre des Dieux, John Gwynne

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