Vous lisez Procrastination : S03E19 – Le personnage comme incarnation de l’auteur

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Une question qui revient souvent et peut paraître angoissante – quelle quantité de soi peut apparaître inconsciemment dans ses propres écrits ? Peut-on être « vu » à travers eux ? Et sinon, comment éviter de transformer ses personnages en fantasmes patents, en délires de puissance, en idoles coupables ? Mélanie n’est pas inquiète outre mesure : s’insérer dans ses textes ? Et alors ? Peu importe tant que cela leur apporte quelque chose et que le récit fonctionne. Pour Laurent, la notion paraît même empreinte d’une contradiction interne, car la construction d’un personnage… en fait une construction, justement, laquelle est nécessairement extérieure, en partie. Derrière cette angoisse du « self-insert », Lionel lit une possible confusion entre les thèmes et les traitements de ceux-ci, entre les envies ou impulsions présidant à l’écriture d’un personnage et les manifestations, éminemment personnelles, de celui-ci dans l’œuvre. (Blog de Lionel Davoust)

Et dans la suite de l’article la transcription de l’épisode. N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires pour évoquer votre expérience !

S03E19 : Le personnage comme incarnation de l’auteur

(Transcription : Symphonie ; Relecture et corrections : Umanimo)

Vous écoutez Procrastination, Saison 3 Épisode 19 : Le personnage comme incarnation de l’auteur

Podcast sur l’écriture en 15 minutes.

Parce que vous avez autre chose à faire.

Et qu’on n’a pas la science infuse.

Avec les voix de : Mélanie Fazi, Laurent Genefort, et Lionel Davoust.

Lionel Davoust : Le personnage comme incarnation de l’auteur, ça porte également un terme en bon anglais, c’est le self-insert. C’est une version un peu plus restreinte, mais c’est la manière dont l’auteur, éventuellement, s’invite ou s’insère ou se projette dans son récit. C’est une question qui revient assez fréquemment, d’ailleurs l’épisode est né par des échanges qu’on a eu autour du podcast, mais en gros la question c’est : « Est-ce qu’on peut me lire à travers ce que j’écris ? Est-ce qu’il est juste d’utiliser mes rêves, mes aspirations, mes fantasmes, mes colères, mes peurs etc. pour alimenter ma narration ? Si oui, à quelle dose ? Y a-t-il une limite ? Comment la choisir ? Comment faire en sorte de pouvoir ménager cette aspiration et cette injonction double qui est : écrire plutôt sur ce dont on peut parler, là où on se sent capable d’alimenter les choses, tout en évitant de donner à son récit de fiction pure des allures d’autobiographie qui revient toujours un peu dans les mêmes sillons ? »

Derrière, se dresse également le spectre de la Mary-Sue, c’est-à-dire un terme de fanfiction. La Mary-Sue, en général, c’est mal vu, c’est un personnage trop parfait où l’auteur en général se projette visiblement, et c’est assez mal vu parce que justement, le personnage est trop parfait.

Il y a un panneau que j’aime beaucoup qui circule sur Internet où on voit placardé sur la porte d’un auteur : « Attention ! Écrivain en train de travailler, les passants innocents seront intégrés à l’histoire ». [rires du trio]

Donc forcément, on met de l’âme à ses personnages, forcément elle vient un peu de soi, puisqu’on est la matière première. Comment éviter que ce soit nombriliste ou juste trop niais ? Est-ce que c’est même une question que vous vous posez, ou pas ?

Mélanie Fazi : Ce qui est intéressant… J’aime beaucoup cette question qui peut revenir notamment chez des auteurs qui apprennent l’écriture et qui s’interrogent sur tout ça, sur comment justement ne pas tomber trop dans le personnel, et moi à chaque fois ma réaction instinctive face à cette question, c’est : où le problème ? La question que je me poserais, ce n’est pas tellement « Est-ce que je transparais à travers le texte ? Est-ce qu’il y a de l’autobiographie ? », c’est « Est-ce que ça sert le récit ? Est-ce que ça fonctionne ? ». Pour moi, strictement… enfin non pas « strictement » car il y a d’autres questions à se poser. Pour moi, la question, ce n’est pas tant « Est-ce que mon personnage est suffisamment différent de moi ? » c’est « Est-ce que c’est raccord avec le récit que je suis en train de raconter ? Est-ce qu’un lecteur qui ne me connaît pas et qui reçoit le texte, ça fonctionnera sur lui ? Qu’est-ce que ça apporte ? ». Je ne sais pas si vous êtes d’accord sur ça, mais moi c’est ma réaction vraiment à cette question.

Laurent Genefort : Ben oui, en fait puisqu’on est en train de parler de création de personnage, puisqu’il s’agit de ça au final, pour moi, là où la notion d’incarnation est hors-sujet, c’est que la construction d’un personnage est forcément originale, dans la mesure où c’est une construction. Pour moi, un personnage c’est une sorte de simulation de vie : je le produis, mais il n’est pas moi, il n’est pas plus moi que les modèles qu’on peut puiser dans la vie réelle ou dans la vie fictive, si je pense à un personnage de roman, de cinéma ou autre. La création littéraire a justement inventé un statut à part qui est celui du personnage romanesque, donc il n’y a pas de question à se poser du self-insert, puisque de toute façon, d’une certaine manière, il n’y a pas de self dans la mesure où il y a une construction. Le self s’intègre, il est désassemblé et réassemblé à l’intérieur d’une fiction.

MF : Alors, c’est marrant, ça me donne envie de rebondir sur quelque chose dont on pourrait dire que c’est très loin, mais je vois un lien. Pour avoir écrit au moins un texte qui était entièrement autobiographique et qui vraiment était un essai à la 1ère personne, je me suis aperçue que même quand on raconte sa vie, on ne se contente pas juste de balancer sa vie, on utilise les outils de fiction, on utilise un filtre, on utilise une certaine vision, on part d’un point A à un point B… Même quand on met des éléments autobiographiques, on les passe vraiment par le filtre et les outils de l’écriture – j’allais dire la fiction, non, ce n’en était pas. Donc de toute manière, même quand quelque chose transparaît, il a été transformé. Donc je pense que ça rejoint ta théorie sur le fait que le personnage est une création de toute manière.

LD : Je pense que dans la crainte du self-insert, dans la crainte de se dire « Est-ce qu’on va me lire ? Est-ce que je peux utiliser mon propre matériau pour alimenter ma fiction sachant que même si je suis extrêmement vaste, au bout d’un moment je suis fini ? ». Derrière, pour moi il y a une confusion sur l’impulsion de la création littéraire – ce que j’appelle sur mes notes griffonnées, donc ce n’est absolument pas du vocabulaire sanctionné par les instances supérieures, c’est juste mes outils –, moi je ferais la différence entre les principes ou les impulsions d’un côté et les manifestations de l’autre.

L’expérience humaine – et c’est l’une des raisons pour lesquels l’art et la narration, ça marche – a des points communs extrêmement vastes, c’est des thèmes qui traversent l’expérience humaine, des besoins qui s’expriment différemment, mais qu’on peut retrouver. Si on reste dans des choses très basiques : le besoin de sécurité, le besoin de relations sociales, le besoin de validation, le besoin de développement… Déjà, rien qu’en mettant ces trucs-là, on peut mettre énormément d’interprétations derrière. Ça, c’est des impulsions, c’est des choses qui nous parlent à tous et toutes, et qui sont universelles, quelque part.

Par contre, la manière dont ça se manifeste, la manière dont ça se traduit, ça c’est éminemment personnel. Et à mon sens, l’intérêt et tout le plaisir de la création littéraire, va dans aller chercher les impulsions, traiter les impulsions, les explorer d’une manière qui est différente, mais c’est quelque chose qu’en tant qu’auteur, en tant qu’être humain, on peut avoir une empathie avec ces impulsions-là, c’est ce que j’essaie de dire maladroitement. Donc, cette impulsion-là a quelque chose d’universel.

Par contre, la manifestation… Si mon meilleur pote est champion de surf, et que tous les meilleurs potes de mes personnages sont champions de surf, là visiblement, je suis en train de confondre la manifestation avec l’impulsion. Ce qui est intéressant derrière, c’est que si j’ai envie d’avoir que des personnages qui sont champions de surf, est-ce que c’est parce que je suis en lien avec mon meilleur pote, est-ce que c’est quelque chose qui m’intrigue, est-ce que quelque chose me parle dans cette personne-là, et à ce moment-là, la création dont tu parlais Laurent se retrouve là. Comment chercher cette impulsion en soi et la traiter différemment, c’est là que se trouve l’acte de création.

Je suis un peu confus, mais pour moi dans la crainte du self-insert, il y a quelque part confondre la cause et le symptôme. La manifestation de l’individualité, avec ce qui compose l’individualité.

MF : Je suis complètement d’accord avec ça. Je suis en train de penser que je me suis posé la question de ma propre pratique, à quel moment j’ai arrêté de faire des personnages cliché, ou de me mettre en scène de manière un peu bateau, et je m’aperçois qu’une erreur que j’ai faite étant très jeune, c’est par exemple : je voulais absolument citer mes films préférés, donc le personnage aimait les mêmes choses que moi, des choses comme ça. Et je pense que j’ai appris à créer des personnages le jour où je me suis autorisée à aller chercher justement dans des émotions, dans du vécu, mais quelque part à aller chercher plus l’essence que la manifestation, effectivement, et le jour où j’ai arrêté de vouloir créer des personnages qui ne ressemblent pas à ma vie, pour se dire « bon, on va aller chercher ce truc de l’intime qui touche à l’universel ». Et toute la difficulté est de trouver effectivement à quel endroit ça se situe. Je suis un peu confuse aussi, mais je suis entièrement d’accord avec ce que tu viens de dire, je crois qu’on a tendance à confondre.

Je pense qu’il y a une chose aussi, tu parlais du problème de Mary-Sue qui crée des personnages parfaits, est-ce que le risque, ce n’est pas quand on se met en scène soi-même ou quand on prend uniquement des choses positives qu’on essaie de mettre en scène, ce qu’on pense être ses qualités, est-ce que ce n’est pas plus intéressant d’aller chercher dans ses failles ou ses angoisses ? Est-ce que ce n’est pas là qu’on produit quelque chose de plus riche que d’avoir un personnage qui est une version idéalisée de nous, et qui va souvent être à côté de la plaque ?

LD : On en a parlé sur Slack[1] avant le truc, on disait en blaguant quand on parlait de ce sujet-là que « bien sûr, tous mes personnages puisent en moi, parce que je suis une réserve illimitée de névroses ». [rires de Mélanie] Alors, j’espère être plus sain que ça, mais il y a quand même un peu de ce truc-là. Déjà, je pense que ce n’est jamais inintéressant pour un auteur de faire un peu de psychologie, pas pour l’appliquer au quotidien, mais pour essayer de comprendre comment l’ego, la psyché, peuvent fonctionner et interagir les uns avec les autres. Mais de manière générale, on a une expression de la vie et une expérience de la vie qui est hyper vaste, des fois on peut s’être vu tomber dans des erreurs qu’on n’a finalement pas faites…

La mémoire est une chose étrange. La mémoire d’un acte, la visualisation d’un acte, la projection et effectuer l’acte… ça active les mêmes zones du cerveau. Donc ce n’est pas parce qu’on n’a pas faire une erreur, qu’on a évité un truc, qu’on ne peut pas penser et compatir, sympathiser avec cette chose-là. Ça peut éventuellement devenir un carburant à partir du moment où on joue, encore une fois, sur l’impulsion qui alimente la chose, plus que sur la manifestation.

LG : Oui, puis ça fait appel aussi à la notion de statut, parce que finalement, nous ça nous renvoie à notre statut d’auteur, cette question de personnage. Et cette question de « dans quelle mesure est-ce qu’on fait du self-insert ? ça a un sens etc. », ça nous renvoie non seulement à notre statut d’auteur, mais aussi à notre rapport au lecteur quelque part parce qu’on est une autorité. Le fait même qu’il y ait notre nom sur un texte – sauf texte anonyme – on peut en déduire qu’il y aurait une instance, une autorité qui est l’auteur, et le lecteur, pour Roland Barthes, il chercherait instinctivement l’auteur derrière le texte, systématiquement. On appelle ça l’ethos, c’est-à-dire l’image que se donne l’auteur à travers son texte…

Alors, c’est en débat. Moi, je ne sais pas si cette fameuse instance autoriale, c’est-à-dire cette image de l’auteur qu’à leur lecteur et qui lui est donnée à travers le texte, je ne sais pas si elle existe vraiment, ou si ce n’est pas juste une construction interprétative du lecteur. Je ne sais pas. Mais en tout cas, cette vision fait de l’auteur une sorte de montreur de marionnettes, quelque part, et moi ça me gêne un peu, cette vision-là. Pas parce que ce n’est pas vrai – parce qu’il y a une partie de vraie dans ça, on est effectivement des montreurs de marionnettes puisqu’on les crée quand même dans notre cerveau. Mais selon moi, quand on écrit, on est soi-même dupe de l’immersion créative. Et donc, les personnages en question, on ne les domine pas, ils viennent aussi à travers nous, il y a une grande part d’inconscient qui rentre dans cette création. Donc on n’est pas des montreurs… Ou si, on est peut-être des montreurs de marionnettes, mais on n’est pas forcément ceux qui les ont façonnées en réalité dans leur intégralité.

MF : Pas de manière consciente en tout cas.

LG : Pas de manière consciente. On montre quelque chose, mais ce quelque chose s’est façonné à l’intérieur de nous, mais pas forcément de façon consciente.

MF : Oui, complètement. C’est ça que je trouve hyper intéressant, y compris en tant que lecteur en fait. Ce qui me fait penser à un cas de figure où l’auteur transparaît et où c’est gênant. Je pense à un livre que je ne vais pas citer parce que je ne l’avais pas du tout aimé et je n’ai pas envie de lui taper dessus, mais on sentait que l’auteur avait fait des personnages extrêmement cliché, et notamment c’était un auteur masculin qui avait écrit des personnages de femmes qui ressemblaient vraiment à des fantasmes d’adolescent et qui ne marchaient pas du tout. Je me souviens avoir été gênée, parce qu’à ce moment-là, l’auteur transparaît dans quelque chose que j’aurais vraiment préféré ne pas voir. Ça me dit quelque chose sur sa vision des femmes qui m’avait horrifiée, et ce n’était pas du tout son intention, lui était sûrement persuadé d’avoir écrit des personnages forts et il ne se rendait pas compte qu’il y avait un truc sexiste inconscient qui était vraiment, vraiment gênant. Un personnage de femme qui avait un copain un peu pénible, mais bon « il m’offre de l’argent pour aller chez le coiffeur, je vais pas me plaindre ».

LD : Oh mon Dieu !

MF : Des choses de cet ordre-là, et c’est involontaire, mais je me souviens d’à quel point j’étais énervée par ce texte en me disant qu’il ne s’était pas rendu compte de ce qu’il disait sur lui-même à ce moment-là.

LG : Mais c’est génial en même temps, quelque part, parce que ça montre aussi à quel point on est dominé par son propre texte, et donc là où on croit être des montreurs et des démiurges, pas du tout. Il transparaît des choses qu’on ne voudrait pas. Et je me rappelle moi d’un bouquin de Christopher Stork, un très ancien auteur du Fleuve Noir, qui était sincère je pense dans sa démarche de faire un livre féministe, ou en tout cas non sexiste, et c’était absolument pétri de sexisme…

MF : Oups !

LG : … puisque c’est une sorte de révolte des femmes, et en fait la révolte des femmes est manipulées par des extra-terrestres. Elles ne sont tellement pas capables de se révolter, finalement, qu’il faut que ce soit des extra-terrestres qui les manipulent.

LD : Ah mon Dieu…

LG : Mais je pense que ça partait d’un « bon sentiment », mais là pour le coup ce n’est plus l’auteur qu’on juge, c’est une civilisation entière, c’est là où c’est intéressant. Les personnages « insuffisants » – et Dieu sait si j’en ai fait moi-même, des personnages insuffisants – sont intéressants quand même, parce que c’est là qu’on montre les failles d’abord d’un auteur, mais aussi les travers d’une société. Ce n’est jamais inintéressant.

LD : Tout à fait. On est dans la théorie littéraire, mais par contre, je pense, si l’on prend la majeure partie des lecteurs, qu’on s’en fiche du montreur de marionnettes, surtout dans les genres populaires, on veut passer un moment avec une bonne histoire.

LG : On est d’accord.

LD : Plus le temps passe, plus je me dis que le meilleur service à rendre à son récit, donc à son lecteur, mais aussi à soi-même en tant qu’auteur, c’est de lâcher prise. La technique est intéressante, la technique littéraire est évidemment nécessaire pour avoir la boite à outils, mais une fois que c’est fait, il faut lâcher prise sur ces trucs-là. Steven Pressfield, dans The War of Art[2], parle carrément de la Muse, il assume totalement un côté très divin dans ce qui veut exprimer à travers un auteur – on peut considérer que c’est l’inconscient aussi.

Personnellement, je ne sais pas. Je me suis rendu compte que le meilleur service que je pouvais rendre à mes bouquins, à mes histoires, et à moi en tant qu’auteur pour galérer le moins possible, c’était surtout de m’écarter du chemin de ce qui voulait exister à travers moi. Et je le structure en pensant mes personnages avec évidemment un peu de psychologie, mais surtout, qu’est-ce qui les anime ? C’est un peu toujours le même truc.

Un des outils qui m’avaient le plus plu, c’était Elisabeth Georges qui disait que tous ses personnages ont « corned and pathological manners »[3] c’est-à-dire qu’ils ont tous un besoin, quelque chose à exprimer au monde, et quand ils ne peuvent pas l’exprimer, ils ont un comportement pathologique. Ce n’est pas un outil de psychologie, je ne suis pas psychologue, mais pour l’écriture, c’est toujours intéressant, en tout cas de ce que j’ai pu voir autour de moi aussi dans l’expérience humaine, c’est qu’on est tous, en général, à un moment de notre vie, on repose sur certaines questions principales, des dilemmes des choses comme ça, qui sont peut-être des conflits. Au sens psychologique pur on appelle ça des névroses, mais ça ne veut pas dire que c’est pathologique, c’est juste que ça influe notre rapport au monde. Et ce qui est rigolo, c’est qu’en général, quand on en a réglé une, il y en a toujours une qui vient derrière.

MF : Toujours.

LD : Mais je pense qu’on est tous capables d’appréhender dans l’écriture avec… Si on fait des recherches, si on est humble, et si on est sincère, je pense qu’on (les créateurs) est capable d’appréhender – et avec le temps – la totalité de l’expérience humaine. Encore une fois, si on fait les recherches sincèrement et avec humilité.

LG : En fait, c’est pour ça que pour moi, le self-insert n’a pas de sens dans la mesure où il y a toujours du self-insert. On ne peut pas sortir de soi-même.

LD : On n’échappe pas à l’inconscient.

MF : Voilà.

LG : Moi, personnellement, ce qui m’intéresse c’est les other-insert, justement. Il y aura toujours du self-insert, et ce n’est pas ça le plus intéressant, je trouve. Je trouve que c’est justement quand on confronte le self à ce qui n’est pas le self.

MF : Il y a la question des obsessions aussi. Il y a des choses qui sont spécifiques à chaque auteur et qui deviennent ce qu’on appelle des obsessions d’auteur, et c’est aussi ça qui fait la griffe, c’est ça qui fait l’intérêt d’un auteur sur le long terme, en fait.

LD : C’est un sujet très vaste, on a fait à peu près le tour du self-insert, il faudrait probablement mentionner qu’en fait, ce qui est sous-jacent dans le self-insert, on parle de l’insertion inconsciente de l’auteur dans son récit, mais on reparlera de l’insertion consciente dans le cadre de l’autobiographie ou des éléments autobiographiques qui peuvent apparaître même dans un récit de fiction, et on reviendra certainement sur les questions de légitimité, des justifications auprès du public… La question aussi de la liberté dans l’art, qui est un peu tangente à toutes ces questions-là.

Petite citation pour terminer ? Ernest Hemingway nous dit : « Ce qu’il faut c’est écrire une seule phrase vraie. Écris la phrase la plus vraie que tu connaisses ».

Jingle : C’était Procrastination, merci de nous avoir suivis. Maintenant, assez procrastiné, allez écrire !


[1]  Plateforme de communication collaborative

[2] The War of Art: Winning the Inner Creative Battle (2002), traduit en Français par La Guerre de l’Art (2010)

[3] Je n’ai pas retrouvé la citation originale, donc ce n’est peut-être pas ça (Symphonie)

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