Vous lisez Procrastination : S04E06 – Le syndrome de l’imposteur

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S04E06 : Le syndrome de l’imposteur

(Transcription : Symphonie ;

Relecture et corrections : Umanimo)

Les liens vers l’épisode S04E06 : Script : Télécharger / Audio : Youtube ; Elbakin

Liste des Episodes transcrits

L’impression de ne pas être à sa place, que ce que l’on fait ne vaut rien ou pire, que chaque réalisation est un coup de chance qui n’a pas été mérité : voilà le syndrome de l’imposteur, un ennemi public à combattre car il empêche les créateurs et créatrices d’avancer, et d’offrir leurs voix au monde.
Mélanie, Estelle et Lionel sont d’accord : ce syndrome est extrêmement fréquent et tous l’affrontent sous une forme ou une autre. Mélanie rappelle qu’il est normal ; que la question n’est pas tant de l’avoir ou pas, mais qu’il ne paralyse pas. Lionel rappelle que l’impression n’est absolument pas limitée à la création artistique, et que publier ne la résout pas forcément. Estelle met l’accent sur la double temporalité étrange de la vie d’auteur et d’autrice : les retours des lecteurs arrivent sur des livres publiés, qui appartiennent déjà au passé de la création, tandis que le présent est fait, par définition, du projet prochain qui n’a pas encore trouvé sa forme définitive. (Blog de Lionel Davoust)

Et dans la suite de l’article la transcription de l’épisode. N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires pour évoquer votre expérience !

Vous écoutez Procrastination, Saison 4 Épisode 06 :

Le syndrome de l’imposteur

Podcast sur l’écriture en 15 minutes.

Parce que vous avez autre chose à faire.

Et qu’on n’a pas la science infuse.

Avec les voix de : Mélanie Fazi, Estelle Faye, et Lionel Davoust.

Lionel Davoust : C’est un sujet qu’on a déjà abordé dans un épisode de retour précédent, mais en fait, on pensait qu’on pourrait revenir dessus parce que c’est un thème qui est fréquemment abordé – voire très fréquemment – dans les cercles créatifs.  Un des problèmes, un des dommages causés par le syndrome de l’imposteur, c’est que ça peut conduire finalement, peut être au découragement, peut-être au point de conduire des créatifs à ne pas créer du tout, ou d’interrompre des carrières intéressantes et brillantes, et donc tout simplement à nous priver de voix originales et intéressantes. Donc on s’est dit qu’on pouvait en parler, de revenir un peu sur la notion, de voir si nous-mêmes on en souffre peut-être, et de voir ce qu’on peut faire si ça évolue. Est-ce qu’il y a un remède sur la question ou est-ce qu’on est condamné à en souffrir ? Est-ce qu’on peut revenir sur la notion déjà, juste vite fait ?

Mélanie Fazi : C’est une tendance à croire qu’on n’est pas assez bon, de manière générale. Et j’aurais tendance à résumer le syndrome de l’imposteur par : « Mon Dieu ! ils vont s’en rendre compte ! Au prochain, ils vont s’en rendre compte ».

[rires]

LD : Tout à fait !

MF : C’est-à-dire que quand on commence à écrire en tant que débutant, on se dit qu’on n’aura jamais le niveau pour être professionnel, au premier texte vendu qui commence à nous dire que peut-être on a le niveau, on se dit « c’est un coup de chance, le deuxième ne sera pas aussi bon », au deuxième on se dit que… etc. Et ça peut évoluer dans différents sens. Je pense que certains s’en débarrassent, d’autres pas. Et parfois ça peut se déplacer aussi.

LD : Alors oui, tout à fait. C’est très présent le domaine créatif, après je pense qu’on peut juste mentionner vite fait que ce n’est pas du tout limité dans ce domaine-là – je crois entendre que c’est assez fréquent dans les cercles universitaires aussi, ou tous ces domaines-là, en fait. Le syndrome porte finalement bien son nom, on se sent un imposteur ou une impostrice, et on se dit qu’on n’a pas sa place dans ce qu’on fait, alors que pourtant, visiblement, on le fait. Et une incapacité assez structurelle à finalement se rendre compte du chemin qu’on a parcouru et ce qu’on a accompli.

MF : Je me demande dans quelle mesure ce n’est pas lié aussi à une question entre un décalage entre la façon dont on se perçoit et ce qui nous est renvoyé de l’extérieur. Moi, mon souvenir le plus fort de syndrome de l’imposteur, c’est quand j’ai vendu ma première nouvelle à l’équipe de la revue Ténèbres, et je les ai eus au téléphone qui m’ont félicitée pour le texte, et je me souviens de ce truc de : « mais ils ne se rendent pas compte ? Ils me parlent comme à une professionnelle, mais ils ne se rendent pas compte. Que font-ils ? ».

[rires]

MF : Et je me souviens vraiment de ce… je ne vais pas dire malaise, parce qu’en même temps, c’est un super souvenir, mais de ce truc dans mes tripes qui me dit : « mais ce n’est pas à moi qu’ils parlent ! ce n’est pas de mon texte qu’ils parlent ».

Estelle Faye : J’ai l’impression – et je ne suis pas la seule en parler – qu’il y a une sorte de double temporalité dans la vie d’auteur. Dans la vie d’auteur ou d’autrice, il y a le moment où on en train d’écrire un livre, et les livres qui vivent déjà et dont les lecteurs nous parlent. Et par exemple, la dernière sortie qui va être notre actualité aux yeux du monde, pour nous, c’est déjà le livre qu’on a écrit hier ou avant hier, en fait. Et notamment quand on est en train de galérer sur le nouveau, le manuscrit qui est encore un chaos absolu sur notre ordinateur, et qu’en festival, on a toustes les lectrices et les lecteurs qui font des super retours sur les manuscrits d’avant qui sont devenus des livres, à la fois c’est génial et ça booste énormément, mais il y a des moments… Quand on galère vraiment, je ne sais pas pour vous, je me dis presque : « est-ce que c’est la même personne qui a écrit ces livres dont ils parlent que celle qui en train de galérer sur le prochain ? ». Et c’est comme si quelque part, l’Estelle du passé, qui avait écrit des livres que les lectrices et les lecteurs aiment et dont ils viennent parler, ce n’était pas forcément l’Estelle de maintenant qui est en train de galérer sur le prochain.

Après, c’est super cool quand vous venez dire du bien des livres en salon, donc surtout n’arrêtez pas, parce que justement, c’est ça aussi qui permet de tenir, pour moi.

MF : Il peut y avoir des moments de décalage effectivement induits par ça.

LD : Donc là clairement on est en train de répondre à la question – et là ça ne se voit pas parce qu’on est à la radio, c’est mal foutu, mais je lève la main – on est clairement en train de dire subtilement qu’il n’y a pas simplement quand on commence et qu’on est en train de galérer sur ses premiers textes avant d’avoir une première publication, c’est qu’on peut avoir publié et toujours l’avoir, voire peut-être même que ça devient pire.

MF : Après, ça dépend beaucoup des gens. J’ai connu des gens qui disaient clairement qu’au bout d’un moment ils avaient complètement arrêté de l’avoir, parce qu’ils s’étaient dit de manière très pragmatique : « Au bout d’un moment, si j’ai dix bouquins publiés, j’ai reçu X dizaines ou centaines de critiques positives sur mon travail ou autre, au bout d’un moment, il y a quand même une masse de validation extérieure qui fait que… ». Moi, je sais qu’à un moment cette peur s’est déplacée. Mais cette peur initiale de « ça ne va pas marcher », à un moment donné, j’arrive à un stade où je me dis « bon, voilà, j’ai réussi à faire ça, ça, ça et ça, le coup de chance il s’est répété une vingtaine, une trentaine, une quarantaine de fois, je ne sais pas. Bon, peut-être qu’il y a un truc, une tendance qui se dégage ».

LD : Je suis un peu comme toi, c’est un peu ce que je disais aussi quand on en parlait à l’épisode retours, mais je pense que derrière le syndrome de l’imposteur, si on parle par exemple des causes, une des causes, c’est que notamment – en tout cas, si on prend le milieu littéraire, parce que c’est de ça dont on parle – la création, c’est complexe, parce qu’il s’agit d’ordonner le chaos et de donner une vision, et d’une forme parfois très longue et très complexe à quelque chose qu’on a dans sa tête, et on se dit forcément : ça va être trop bien. Et on a envie de le faire, on a envie que ce soit trop bien, sauf que c’est compliqué. Et puis c’est long de réaliser, de faire l’exécution, donc ça peut être un peu décourageant, on a l’impression qu’on taille à la machette.

Ça revient à ce que disait Estelle tout à l’heure, c’est qu’on nous dira « le bouquin, il est cool ! », « c’est sympa, mais si vous saviez comment je galère, là, tout de suite, j’ai l’impression que j’ai tout oublié et que je suis en train de tomber du vélo ». Donc cette espèce de gap entre la complexité et la longueur – pas par les difficultés, mais au moins la longueur – et le fait que c’est une œuvre au long cours d’écrire un bouquin, peut former une sorte de fausse impression de relatif découragement. C’est-à-dire : « effectivement, les gens me parlent, ils font des retours positifs sur mes bouquins ce qui est géniale, mais là, je suis en train de galérer comme un pourri, c’est bien que, en fait, je ne sais pas ce que je fais et que je suis un imposteur, et que ça va se voir un jour et qu’on va me va m’envoyer le goudron et les plumes ».

C’est important, effectivement, de se rendre compte du chemin parcouru – parce que je dis ça aussi pour me convaincre, ça me fait du bien, donc si vous n’êtes pas d’accord, s’il vous plaît, ne cassez pas ma bulle. Mais je suis quand même fermement convaincu que cette complexité, cette galère, cette longueur, ça fait partie du processus. Et c’est pour ça que c’est de la création, c’est parce qu’on crée des trucs qui n’ont pas été faits avant.

MF : Mais je dirais que la différence avec le temps, c’est qu’on sait qu’on a galéré, alors peut-être pas de la même manière, pas à la même échelle. Normalement, au bout d’un moment, on se rend compte que cette peur là et ces angoisses-là, on est déjà passé par là. Mais c’est comme écrire la première ligne en disant « ça ne ressemble à rien », le premier paragraphe « ça ressemble à rien, ce n’est pas ce que j’ai en tête ». Moi, je sais que je passe par là à chaque fois. Au bout d’un moment, il y a l’expérience qui vient quand même à notre secours, le grand danger étant pas tant d’avoir le syndrome de l’imposteur, que d’être paralysé par lui.

EF : Après, autant je suis la petite newbie dans l’équipe donc celle qui a le moins de parcours en tant auteur, autrice, j’ai aussi, je ne sais pas si ça arrive à d’autres, un peu un syndrome de poisson rouge. C’est-à-dire que quand un livre est sorti, j’ai tendance à oublier complètement toutes les galères qui ont mené à son écriture, ou presque. C’est un vague storytelling de comment le livre s’est écrit, qui est rangé tout au fond de ma mémoire, mais je ne m’en rappelle pas de manière vraiment organique, concrète.

Et là, c’est peut-être l’une des pistes pour ne pas être paralysé par le syndrome de l’imposteur. J’ai la chance d’avoir un entourage génial qui, quand en général vers le milieu du manuscrit, je sors de mon bureau à 6h30 du matin, après avoir écrit toute la nuit en disant « ah ! mais mon Dieu ! je suis complètement en train de m’envaser dans un marais au milieu de ce manuscrit, je ne vais jamais arriver à m’en sortir ! Je suis finie de toute manière, je n’écrirai jamais d’autres livres et ça va être atroce ! », et là, en général, ce que me dit mon entourage, c’est « ouais, t’es gentille, mais tu passes par là à chaque fois, quoi. Voilà, donc ça ne nous impressionne plus ».

LD : J’ai le même genre de retours, peut-être poussé en encore plus névrotique. C’est que je sors un peu dans le même état – alors en général, plus tôt, parce que je n’arrive plus à bosser la nuit – et je dis : « Ah lala ! Je galère comme un pourri, ce n’est pas possible ! Tel bouquin avant, ça c’était tellement mieux passé ! », et là, mon entourage me regarde avec des yeux ronds et me dit « tu te fous de nous ? Tu ne te rappelles pas comment t’étais chiant ? » ; « Ah bon ? Alors c’est cool, c’est normal ! » [rires]

MF : Il faut se garder un memento quelque part, quelque chose à se coller… Tu tiens le journal des difficultés, puis tu t’attaches les pages autour.

LD : Blague à part, moi je fais ça depuis plusieurs années, écrire un journal d’écriture. Voilà, pas besoin d’écrire ses mémoires entières, mais genre finir la journée en se disant : « Voilà plus ou moins ce que j’ai fait, voilà comment ça s’est passé, voilà ce que j’ai appris sur ma manière de fonctionner », genre deux paragraphes vite fait, je m’astreins à le faire. Eh ben, pour les deux, trois fois, où tu remontes en arrière et tu constates que « non, mais ça va, ça se passe bien », ça donne une espèce, justement, de visée extérieure et objective, en un sens, qui aide à se rendre compte que « non, non, du calme, ça fait partie du process, ne t’inquiète pas. Oui, tu as l’impression de tailler ton chemin à la machette à travers la jungle amazonienne, mais c’est parce que c’est la création, c’est compliqué par essence. Si ce n’était pas compliqué, ce serait pas de la création ».

EF : Et ça serait moins intéressant aussi. Je ne sais pas pour vous, mais une des choses qui me poussent, c’est justement de me colleter à toute cette complexité-là. Et s’il n’y avait pas cette complexité, si chaque livre n’était pas un nouvel enjeu, si chaque livre n’était pas vraiment une nouvelle barrière à franchir, ça ne m’intéresserait pas. Chaque livre que je commence, je veux qu’il soit un peu au-dessus du niveau que j’ai et que je ne sois pas tout à fait sûr de pouvoir atteindre cet objectif, parce que sinon, pour moi, ça ne vit pas. Donc le livre ne vivrait pas, et c’est ça qui m’intéresse aussi bien tant que lectrice qu’en tant qu’autrice, c’est des livres qui vivent. Donc me confronter à cette difficulté, ça fait partie du jeu, et ça fait partie de ce que je recherche. Après, c’est comment se confronter à cette difficulté sans être complètement éteinte par elle.

LD : Je suis entièrement d’accord et du coup, ça fait que quelque part, comme la compétence augmente, on se confronte toujours à cette sensation-là.

MF : Ce qui me fait penser par association d’idées, est-ce que ça vous est arrivé aussi que le syndrome de l’imposteur avec l’expérience, se déplace ailleurs ? Et j’y pense, parce que moi, il y a eu un moment où ça switchait en fait, et ce n’était plus la peur de ne pas réussir à écrire quelque chose de valable, c’était la peur que ce que je pouvais faire de mieux soit déjà derrière moi.

Et je sais que comme Serpentine a un petit peu marché, j’ai beaucoup flippé ensuite de ne plus obtenir ce degré d’impact sur les lecteurs, je dirais. Et ça s’est encore déplacé à d’autres endroits. C’est que, notamment, pour donner un exemple, n’ayant pas écrit de fiction depuis pour l’instant trois ans et étant pour l’instant partie ailleurs, quand des gens viennent me demander des conseils d’écriture pour la fiction, ça m’arrive de me dire « mais est-ce que je sais encore ? Est-ce que je suis encore habilitée à… ? », voire « est-ce que j’ai encore une cohérence dans ce que je fais si je pars ailleurs ? ». Le syndrome ressort de manière assez surprenante ailleurs, parfois.

LD : J’ai la même crainte que toi, mais je pense que ce n’est pas que le meilleur est derrière soi, c’est que de toute façon, un auteur normalement, faut espérer que ça évolue, ne serait-ce que dans sa vie personnelle. Ça grandit, ça vieillit, etc. Et donc il y a certaines problématiques et certains thèmes, certains trucs que tu écris à vingt-cinq ans, que peut-être tu n’écriras plus à quarante, parce que ton regard a changé.

MF : Et heureusement.

LD : Et heureusement, quelque part. Et c’est vrai que tu peux te faire… « Ah là là, j’avais l’énergie des vingt-cinq ans, maintenant je suis devenu vieux et croulant alors que j’en ai que quarante », ce qui déjà, est assez ridicule, mais aussi c’est se dire « ce n’est pas grave, je suis devenu quelqu’un de différent, essayant de faire toujours le meilleur possible avec ce qu’on est à un moment donné ».

MF :  Je dirais que justement, c’est la peur de se répéter sans qu’il n’y ait une évolution. Je sais que j’ai eu des moments de trouille comme ça, de me dire « je suis en train de répéter toujours la même chose et ce que j’avais apporté un moment donné n’est plus là ». Bon, après l’écriture est partie complètement ailleurs pour résoudre ça, mais ça m’a pas mal tracassée de me dire « je ne fais plus que me répéter ».

EF : Justement, je pense que le syndrome de l’imposteur, évidemment, c’est très problématique, par contre, de garder un petit trac là-dessus, pour moi, c’est quand j’ai un peu peur quand je suis en train d’écrire, mine de rien c’est ça aussi qui fait qu’on ne va pas se répéter. C’est parce qu’on a cette peur, parce qu’on a ce trac, et c’est ça qui fait qu’on va garder quelque chose toujours en mouvement et que l’écriture, ça va rester un mouvement et qu’on ne va pas refaire dix-huit fois le même livre parce que c’est devenu facile.

LD : Je pense qu’il y a l’expérience de la comédienne qui parle derrière quand tu dis ça.

EF : Ouais [rires]

LD : C’est marrant, parce que j’ai fait quinze ans d’improvisation théâtrale et il y a un peu le genre de trucs, les contraintes de l’improvisation théâtrale sont faites pour te casser les pieds. Ne serait-ce que la mise en scène d’une scène d’improvisation théâtrale, il y a un muret, donc ta silhouette est coupée, c’est hyper compliqué, mais c’est fait pour te faire sortir de ta zone de confort. Et c’est quand tu sors de ta zone de confort que tu vas chercher des trucs authentiques ou sont intéressants, et tu transcendes les contraintes quelque part.

MF : Je ne suis pas assez comédienne, ça ne marche pas du tout sur moi. Rien que parvenir à l’acte d’écriture avec une idée formulée, c’est déjà tellement compliqué, qu’il faut que ce soit simple, l’écriture, il faut vraiment que ce soit le moment le plus simple possible et ça ne l’est pas. Mais au contraire, moi il ne faut pas que j’aie le trac au moment d’écrire.

LD :  Cela dit, tu soulèves un point qui est vachement important, qui est que le syndrome de l’imposteur, pour le résoudre, je pense que la première manière de faire, c’est de prendre soin de soi et de réussir à le transcender d’une certaine manière. Si tu as un côté bourrin comme moi, tu vas te mettre en danger et tu vas marcher sur des clous en disant « ouais ! ça, c’est trop bien, j’ai mal ». Si tu as une relation peut-être un peu plus saine à l’existence, on va faire comme toi, c’est-à-dire « j’aime bien quand les choses sont simples et pas névrotiques ».

MF : On va dire ça. On va dire ça comme ça.

EF : C’est peut-être aussi une manière – en tout cas, ça marche pour moi – de lutter contre le syndrome de l’imposteur quand il peut devenir envahissant, c’est de me reconnecter au monde concret en dehors de l’écriture. Et par exemple : transporter des choses lourdes, creuser un trou dans le jardin de la maison familiale ou ce genre de choses, c’est très bête, mais ça reconnecte à un concret un peu plus immédiat qui fait que, finalement, ça remet en perspective aussi les grandes affres de la création littéraire.

LD : Je pense que le truc qui est important sur lequel il faut insister, c’est que si on a le syndrome de l’imposteur – si vous l’avez je veux dire – il y a des grands auteurs de la littérature française qui l’avaient, c’est hyper répandu. Et pour moi, cette sensation de se dire « Ah là là, je n’y arrive pas et peut-être que je ne suis pas à ma place », ça ne veut pas du tout dire que vous n’y êtes pas, c’est juste que c’est le process qui est en train de se faire. Et en plus, plus on prend de l’expérience dans la pratique artistique, plus on a un regard qui est acéré sur ce qu’on fait, donc quelque part, peut-être plus vite on va se rendre compte qu’il y aura du retravail. Et ça ne veut pas dire qu’on devient moins bon, au contraire, ça veut dire qu’on n’a plus de recul plus vite. À mon sens.

EF : C’est mon côté « théâtreuse », il y a une anecdote – je ne sais pas si elle est vraie ou fausse, mais en tout cas elle tourne beaucoup – sur Sarah Bernard, où une jeune comédienne était venue lui demander « est-ce qu’à un moment on arrête d’avoir le trac ? ». En gros, ce qu’elle lui répondait « le moment où on arrête d’avoir le trac, c’est le moment où on devient mauvais ».

LD : Eh bien, c’était un excellent mot de la fin. Petite citation pour terminer ?

MF : Citation d’Albert Einstein qui nous dit « Une personne qui ne s’est jamais trompée est une personne qui n’a jamais rien essayé de nouveau ».

Jingle : C’était Procrastination, merci de nous avoir suivis. Maintenant, assez procrastiné, allez écrire – et pour de vrai.

2 réflexions sur “Vous lisez Procrastination : S04E06 – Le syndrome de l’imposteur

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