
La quête de Kellanved (2025, ed Leha)
Tome 3 du cycle La Voie de l’Ascendance – Fantasy Epique, même univers que Le Livre des Martyrs
Auteur : Ian Cameron Esslemont, Canadien
Path to Ascendancy, book 3 : Kellanved’s reach (2019)
Traduction : Erwan Devos et Hermine Hémon
Illustration : Steve Stone
Mon avis sur : Tome 1 ; Tome 2
La lutte interminable entre les belliqueuses cités-États de Quon Tali fait rage. Les princes et seigneurs en guerre sont tellement occupés par leurs querelles que rares sont ceux qui ont remarqué qu’un mage de Dal Hon a pris le contrôle des mers du sud.
Ce dernier, Kellanved, n’a cure de ces jeux politiques dérisoires, de ces stratégies et de ces conflits. Quelque chose de bien plus mystérieux a piqué son intérêt. Accompagné de son ami Danseur, réticent et définitivement sceptique, ils arpentent des continents et parcourent les Domaines dans leur quête… Mais ce mystère ancien qui a tant captivé Kellanved n’est ni ésotérique ni éphémère. Non, il est bien plus sombre et dangereux. Il implique les races Anciennes elles-mêmes, plus précisément – et de toute évidence, plus inquiétant encore – la semi-mythique Armée de Poussière et d’os, crainte de tous.
Aucun individu sain d’esprit ne se montrerait assez fou pour se lancer dans ce genre de voyage dont personne n’est jamais revenu, n’est-ce pas ? Enfin, personne à l’exception de Kellanved…
Mon avis
Quand les éditions Leha ont officialisé (enfin !) la sortie de ce tome, j’étais un peu perplexe que ce tome 3 soit annoncé comme la conclusion du cycle. 1 seul tome, ça me semblait plus que juste pour boucler la boucle, et surtout, je savais que Ian Esslemont en avait écrit d’autres !
Mais quelle est cette diablerie ?
Alors, en regardant bien, il y a en effet une petite subtilité au niveau de la VO : les premiers tomes sont intitulés « Path to Ascendancy » puis « Paths to Ascendancy » à partir du tome 4. Avec un « S ». A priori, c’est parce que les 3 premiers tomes sont essentiellement centrés sur les débuts du duo Kellanved/Danseur, alors qu’à partir du tome 4, l’auteur explore les arcs narratifs d’autres personnages. On a donc en fait 2 trilogies composant ce cycle. (cf le wiki pour les plus anglophones d’entre vous). Ceci explique cela, mais maintenant je croise les doigts pour les suites en français^^
Bref, bouclons donc au moins cette boucle-là.
Nous retrouvons donc notre mage déluré préféré et notre assassin à la patience légendaire après qu’ils ont réussi à s’emparer de l’île de Malaz. Sauf que leurs ambitions commencent à s’y trouver un peu à l’étroit, il serait temps de voir plus grand. Ce qui leur impose donc deux choses : trouver des bras et surtout une armée digne de ce nom.
Du côté des bras, c’est toujours un plaisir de voir un nom ou un symbole familiers au détour d’un passage. Si vous n’avez pas lu Le Livre des Martyrs, vous passerez à côté de ces moments-là, même si le cycle est une porte d’entrée intéressante, je continue à penser que c’est pas plus mal d’avoir au moins lu le premier tome. Au passage, les plus anglophones l’avaient vu venir dès le tome 2, mais l’identité d’un personnage secondaire de ce tome se voit confirmer (et même si je regrette la disparition du jeu de mots, c’était de toute façon intraduisible en français, l’équipe s’en est bien sortie^^).
Certains de ces personnages ne savent pas trop ce qu’ils viennent faire dans ce foutoir, mais certains ont leurs propres intérêts (à commencer par Revêche, c’est d’ailleurs très chouette de voir les interactions entre elle et le duo principal, vu ce qu’on sait dans le cycle principal), d’autres semblent intrigués par ce mage à la fois puissant et complètement azimuté. D’ailleurs, tout ça est peut-être un peu rapide, les personnages secondaires connus ou non s’alignent, et vu la faible épaisseur du bouquin, je trouve que ça manque de background et d’interactions.
Du côté de l’armée, je n’en dirais rien même si j’attendais avec impatience qu’on y arrive, celleux qui ont lu les Martyrs s’en doutent probablement déjà.
On retrouve aussi quelques personnages secondaires qu’on avait laissé de côté, comme la « dresseuse » de rapaces Ullara ou la Danseuse de lame Iko, dont on découvre le sort après les évènements du premier tome.
Mais c’est vraiment Kellanved qui vole la vedette à tout le monde, de la même façon que dans les deux opus précédents, il faut dire que j’ai toujours adoré ce personnage haut en couleurs. Mais ce tome nous le laisse deviner sous un nouveau jour, plus sensible et fragile, et ce bref lever de voile nous aide à comprendre certains aspects de sa personnalité et de ses motivations « ultimes ». Décidemment l’un des meilleurs personnages de cet univers.
Et cette boucle, alors ?
En ce qui concerne le duo de protagonistes, je pense qu’effectivement, on est pas mal question bouclage. On devine qu’il reste plein de choses à raconter là-dessus, il manque notamment le ralliement de certains personnages emblématiques, mais en soit, rien d’indispensable. En revanche, c’est un peu plus frustrant du côté de certains personnages secondaires, en particulier Ullara et Iko, qui ne font que commencer leur voyage. Mais j’imagine que leurs arcs narratifs feront l’objet d’un autre volume, voire d’un autre cycle. En tant que tome de l’univers des martyrs, ce n’est absolument pas un problème de laisser des arcs en suspens, mais si on le considère comme dernier tome d’une trilogie, on sent le manque de finalité.
Quoi qu’il en soit, je me suis replongée dans cet univers avec un grand plaisir, au point de finir la lecture en deux jours. L’écriture d’Esslemont est moins complexe (et moins foutraque, aussi) que celle d’Erikson, ce qui donne un tome plus accessible et facile à lire, même si comme je le disais, on reste par comparaison peut-être un peu trop à la surface. J’ai aussi trouvé le climax trop rapide et facile, surtout pour une conclusion de trilogie, mais il faut dire qu’Erikson nous a habitués à des climax tellement complexes que je ne peux pas trop en vouloir à Esslemont^^
Bilan
Encore un très chouette opus de l’univers malazéen, et ce fut un vrai plaisir de retrouver Kellanved et Danseur dans le franchissement d’une nouvelle étape de leurs ambitions (Danseur, force à toi pour le supporter, quand même, dans tous les sens du terme). Je croise cependant les doigts pour la traduction des suites (et des autres cycles rattachés, sivouplait les éditions Leha, on sera sages !), et en attendant, je compte poursuivre l’aventure en VO 😀
Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?
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