
S04E18 : Retour des poditeurs #7 La fantaisie finale
(Transcription : Symphonie)
Les liens vers l’épisode S04E18 : Script : Télécharger / Audio : Youtube ; Elbakin
Dernier épisode (toujours enregistré à distance) de cette saison pour revenir sur les commentaires et retours des épisodes précédents. Au programme cette quinzaine :
– Dites-donc, vous auriez pas un peu pompé le format de Writing Excuses ?
– Entre l’auteur installé et le nouveau joueur, qui doit le plus se soumettre à l’exercice du synopsis ?
– Comment les thèmes du podcast sont-ils choisis ?
– Retour sur l’originalité en littérature
Nous vous remercions pour votre écoute au long de cette quatrième saison, et vous donnons rendez-vous le 15 septembre pour la saison 5 ! (Blog de Lionel Davoust)
Et dans la suite de l’article la transcription de l’épisode. N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires pour évoquer votre expérience !
(A noter que cet épisode n’a pas pu bénéficier de relecture par une tierce personne. N’hésitez pas à me signaler toute erreur ou contresens)
Vous écoutez Procrastination, Saison 4 Episode 18 :
Retour des poditeurs # 07 La fantaisie finale
Podcast sur l’écriture en 15 minutes.
Parce que vous avez autre chose à faire.
Et qu’on n’a pas la science infuse.
Avec les voix de : Mélanie Fazi, Estelle Faye, et Lionel Davoust.
Lionel Davoust : Merci, je suis très fier. Donc, dernier épisode de cette saison, on vous remercie à nouveau pour tout le suivi, on remercie Elbakin.net qui nous héberge et nous diffuse. Une saison en 18 épisodes, puisque la précédente en avait fait 22. Et donc, nous reprenons vos commentaires autour de questions plus ponctuelles. Pour mémoire, les fils du forum d’Elbakin.net vous sont ouverts pour faire part de vos questions, interrogations, etc. et idées de thèmes. Nous sommes toujours en confinement, donc c’est pour ça si le son est légèrement différent. Et la saison 5 reprendra, on vous donne rendez-vous le 15 septembre avec potentiellement des surprises dedans.
Mais donc, pour l’instant, des commentaires. Alors un premier, quelque chose de relativement général qui circule une fois de temps en temps, il y a parfois des commentaires qui nous disent : « Vous avez un peu pompé Writing Excuses pour le format, non ? » Writing Excuses, podcast américain sur l’écriture en 15 minutes, emmené par Brandon Sanderson. Donc juste un petit rappel, on ne s’en est jamais caché, c’est même dit dans l’épisode 1. Et c’est même fait avec leur bénédiction, puisqu’on les avait contactés pour leur demander s’ils étaient d’accord qu’on reprenne un peu le format, ce à quoi ils nous avaient gentiment répondu qu’ils n’avaient absolument aucun copyright sur les podcasts d’écriture en 15 minutes. On n’a aucune affiliation ni aucun lien avec eux, puisqu’on a évidemment notre propre ton. Mais vu que l’idée est venue d’eux, l’habillage sonore est aussi une manière de leur rendre hommage.
Estelle Faye : Et on a plus d’orques en peluche, je crois.
LD : Exactement, car on a plus d’orques en peluche en Europe. Qu’est-ce que je raconte ?
Ensuite un retour sur « Pitcher, faire un synopsis ». Le retour nous dit « Il est tout à fait logique qu’un auteur confirmé n’ait pas ou plus à passer par l’étape synopsis, parce que son œuvre parle pour lui. Mais pour un nouveau joueur, il paraît difficile d’y couper, non ? »
EF : Alors moi j’ai limite l’expérience inverse en fait, c’est que je place beaucoup plus des romans sur synopsis depuis que, justement, les gens savent que je peux écrire un roman entier. C’est-à-dire que quand on est auteur débutant, j’ai l’impression qu’il y a quand même beaucoup d’éditeurs qui vont demander à lire un roman entier pour se faire une idée dessus. Et alors que moi au contraire, très souvent je vais au moins me mettre d’accord avec un éditeur sur un synopsis avant de passer au roman.
Donc j’écris plus de synos, c’est plus systématique même maintenant le syno. Par exemple, je n’avais pas fait de syno pour Un éclat de givre, j’avais commencé à le faire lire à André-François Ruau aux Moutons électriques quand il était environ aux deux tiers du roman, mais je n’avais pas fait de syno. Alors que là, pour à peu près tous les derniers romans, j’ai fait des synos sauf pour Les révoltés de Bohen qui était un peu différent.
LD : Je suis assez d’accord avec toi, je place surtout maintenant des bouquins en les pitchant d’abord, c’est-à-dire en disant : voilà ce que j’ai envie de faire. Les Dieux Sauvages, à la base c’était un pitch de 15 lignes envoyées à Critic, puis un synopsis de 2-3 pages donnant les grandes lignes de la série.
Un autre truc aussi, un exercice parfois qu’on est censé faire, c’est que parfois il faut fournir des quatrièmes de couverture ou des pitchs ou des synopsis pour les équipes commerciales.
EF : Oui aussi !
LD : Donc on est tenu de le faire aussi, puisque forcément on est la personne qui connaît mieux le bouquin, et parfois quand le bouquin est en train de s’écrire, on est la personne qui sait le mieux à quel point il a dévié du synopsis ou pas, comme on l’avait mentionné. Donc on peut être quand même amené à faire la chose, et parfois beaucoup plus qu’on ne le pense.
EF : En tout cas, si vous pensez que c’est parce que vous avez trois romans derrière vous que vous allez pouvoir vous passer de synopsis à vie, je pense que c’est peut-être possible, parce que tous les parcours sont différents, mais pas forcément, en fait. Mais ça devient plus facile avec le temps, je vous assure.
LD : Un autre truc aussi pour les synopsis qui peut être intéressant, c’est parfois qu’on nous demande de travailler – je ne sais pas, mais pour moi c’est toujours un grand plaisir – avec les illustrateurs. Et pour les illustrateurs en général, ils n’ont pas le temps de lire les bouquins parce qu’ils ont beaucoup de commandes, ou parfois ils n’ont pas le temps de lire un bouquin qui n’est pas fini puisqu’il est encore en train de s’écrire, donc c’est bien normal. Donc il faut pouvoir leur transmettre de quoi il s’agit de manière à ce qu’ils puissent avoir quelque chose à représenter aussi.
EF : Oui, puis par moments aussi j’aime bien sur certains projets, quand c’est vraiment pensé en fonction d’une rencontre avec un éditeur. Là il y a un prochain projet ados dont j’espère qu’il va se faire – croisons les doigts ! – mais j’ai vraiment beaucoup bossé le syno avec l’éditeur aussi, et justement ça a permis de beaucoup mieux cerner le projet ensemble, et c’était hyper intéressant comme boulot aussi.
Alors je ne travaille pas tout le temps dès le synopsis avec les éditeurs, parfois, je leur envoie et puis on voit deux, trois grandes lignes. Je travaille toujours un peu, mais pas forcément autant que je l’ai fait là. Mais là, j’ai vraiment travaillé en profondeur un synopsis avec un éditeur et c’était super intéressant.
Mélanie Fazi : Je suis sans opinion parce que je suis toujours la cancre qui n’en a jamais foutu un de sa vie. [rires]
EF : Tu es celle qui décomplexe tout le monde, donc merci.
LD : Ça a fait beaucoup de bien, effectivement. On a vu sur les forums, ça fait beaucoup de bien à beaucoup de monde de voir que t’en faisais pas et ça a rassuré les gens.
MF : L’avantage, c’est qu’au bout de plusieurs bouquins, on peut assumer d’être un cancre, et ça, c’est très bien.
EF : Après, j’ai vraiment l’impression, de tous les auteurs que je croise, qu’encore une fois, il n’y a pas d’école. Dans certains cas, ça facilite les choses d’avoir un syno, mais je ne suis pas sûre qu’il faille absolument tout le temps avoir un syno pour s’en sortir. J’espère en tout cas, parce que tout ce qui rationaliserait trop le paysage littéraire, tout ce qui enlèverait de la liberté, pour le coup, je ne suis absolument pas pour.
LD : Question plus générale, on nous demande comment on choisit nos thèmes. Alors, c’est moi qui les impose avec une cravache et des fouets à mes camarades. Non, sinon je serais déjà passé par la fenêtre, à juste titre.
MF : Là on ne peut pas, il n’y a pas de fenêtre commune aujourd’hui.
LD : C’est pour ça que j’ai fui. En fait, j’avoue, de manière générale, comme je m’occupe de la production, je fournis une sélection parmi des idées diverses, parmi aussi ce dont je me dis en voyant les réactions sur les réseaux qui pourraient être intéressantes d’être traitées. Parfois, certains sujets me paraissent hyper importants, mais je me dis qu’on ne peut pas les traiter sans avoir traité certaines bases avant. Donc, ces bases-là deviennent vachement plus prioritaires. J’essaye de soumettre ça à mes camarades. Parfois, mes camarades me disent que des fois, j’ai bu et qu’il y a certains trucs dont on a déjà parlé ou que « ça quand même, Davoust, ça t’intéresse vachement trop et on voudrait plus de diversité ». Et vous avez bien raison.
MF : Ça, je plaide coupable.
LD : Mais c’est très bien !
MF : On n’a pas tous les mêmes centres d’intérêt, les mêmes facilités. On n’est pas tous inspirés par les mêmes choses, et on essaie de trouver cet équilibre, justement.
LD : On essaie de faire en sorte que globalement sur une session d’enregistrement, comme là on est en train de les faire confinés, tout le monde ait à peu près un truc à dire. Et puis il y a aussi des fois, c’est vos suggestions aussi, poditeurs et poditrices : certaines questions, certains sujets arrivent et on se dit « mais bon sang, mais bien sûr, comment on n’a pas parlé de ça avant ? »
EF : Oui, voilà. Moi, en tant que petite newbie, je ne peux qu’approuver tout ce qui a été dit.
LD : On ne peut plus dire que tu es une petite newbie, tu as fait un an avec nous maintenant.
EF : D’accord. En tant que moins petite newbie…
LD : [rire] Un retour cette fois, plus qu’une question, de notre camarade Nico Bali sur Twitter, qu’on salue au passage, qui nous dit – C’était sur la notion de faire original – et qui nous fait le retour suivant : « Stéphanie Meyer a écrit Twilight sans avoir lu ni Dracula ni Anne Rice parce qu’elle, je cite « n’aime pas les romans d’horreur », fin de citation. Susan Collins ne connaissait pas Battle Royale quand elle a commencé Hunger Games, mais comme on lui en parlait quand elle présentait son projet, elle s’en est inquiétée, son éditeur lui a dit d’écrire d’abord son truc, puis de s’intéresser à Battle Royale. »
Donc ça concerne la notion de : est-ce qu’il faut lire pour s’inscrire dans une mouvance ? On avait plutôt tendance à dire que oui, mais Nico nous rappelle que ça n’est pas une généralité.
EF : Alors si je peux me permettre – là je vais un peu rester polémique derrière mon petit ordi – justement quand on voit que des auteurs n’ont pas lu des œuvres de référence, ça ne donne pas forcément des œuvres très originales au final. Notamment, je pensais à Twilight, je ne pense pas que ce soit le roman de vampire le plus marquant qui reste au fil des siècles. Et le manque d’originalité de Twilight vient peut-être aussi du fait du manque de références absolument crasses de l’autrice et du manque de références crasses et assumées de l’autrice. Ce n’est pas obligé d’avoir des références, mais en général, quand on n’en a pas, c’est beaucoup plus facile de réinventer l’eau tiède.
LD : Je dirais que Anne Rice a laissé une empreinte durable, même si peut-être les auditeurs et lecteurs plus jeunes ne connaissent pas trop son nom, mais elle a lancé toute une certaine esthétique. En tout cas, elle faisait partie de plusieurs auteurs et autrices dans une certaine mouvance qui a laissé une empreinte durable sur le genre, sur la façon d’aborder le vampire. Je ne suis pas convaincu que Stéphanie Meyer laissera une approche durable dans la littérature vampirique, à part avec les vampires qui scintillent au soleil, qui sont déjà devenus un meme.
EF : Après, il y a aussi des idées, des films, des œuvres, qui marquent tellement les cultures qu’elles deviennent un peu des sortes de références de l’ère du temps. Et ce qui fait qu’il y a plein de gens qui, sans connaître l’œuvre de base, connaissent les dérivés. Par exemple, c’est le bullet time, les ralentis sur les balles dans les films qui, dans Matrix, pour ceux de ma génération qui ont vu Matrix en salle à sa sortie, ont dit : « waouh, p*tain, il y a plein d’idées hyper novatrices ». Et puis, c’est des idées qui après ont été reprises dans tellement de films que maintenant, pour plein de spectateurs plus jeunes qui, pour le coup, pour beaucoup, n’ont pas vu Matrix, c’est juste des gros clichés.
Et ce qui fait qu’il y a des idées qui sont tellement fortes dans une culture, que beaucoup de gens qui ne connaissent pas les œuvres de base ne vont connaître que les idées dérivées, et souvent déjà sont bien amoindries, et vont beaucoup plus s’appuyer sur des idées diluées plutôt que faire des références plus fortes à des œuvres originelles.
LD : Et juste pour quand même rendre à Stéphanie Meyer ce qui appartient à Stéphanie Meyer, même si je pense qu’elle s’en tape de ce qu’on raconte, je pense cependant par contre qu’elle a laissé une marque et une influence, peut-être pas sur le roman sentimental, mais sur une manière d’aborder les intrigues sentimentales qu’on peut juger intéressante ou pas, mais je pense que le succès a laissé ça, mais ça n’a pas marqué le vampire. Ça a peut-être plus marqué l’intrigue sentimentale de manière générale.
EF : Et pour le coup, c’est peut-être aussi un champ, après je ne suis vraiment pas spécialiste de Stéphanie Meyer, mais c’est peut-être un champ dans lequel là, elle avait plus de références aussi. Par moment, nos références de base ne sont pas forcément celles qui vont être vues en premier par les lecteurs.
Par exemple, dans Chroniques des Crépusculaires de Mathieu Gaborit, il y a pas mal de références au Cardinal de Richelieu, et beaucoup de lecteurs fan de fantasy ne vont pas forcément voir le Cardinal de Richelieu derrière en premier.
MF : Après, on peut faire un très bon bouquin si l’optique n’est pas de se poser justement comme référence SF ou autre. Et là, je pense à un roman que j’ai déjà dû citer, de Emily St. John Mandel, qui s’appelle Station Eleven, qui, en gros, se passe dans un contexte post-apo. Mais en fait, le contexte post-apo n’est vraiment qu’un décor, c’est un livre qui est plus poétique et plus axé sur les personnages. Et l’autrice le dit elle-même, elle n’a rien du tout contre la Science-Fiction, elle cite Star Trek à plusieurs moments ou autres, mais ça ne l’intéressait pas en tant que livre de SF. Le livre a fait un petit peu polémique parce que des lecteurs de SF en ont attendu une approche de SF, ce qui, à mon avis, n’était pas le projet. Si on le prend comme un livre poétique, il est absolument magnifique. Mais elle est très claire sur le fait qu’elle ne cherchait pas à réinventer le post-apo.
EF : Par contre, elle a beaucoup de références théâtrales, notamment…
MF : Shakespeare, oui.
EF : … et on sent qu’elles sont vraiment très bien digérées. C’est ce que je disais sur les champs de référence. On a des champs de référence qui ne vont pas forcément être ceux qu’on voit en premier.
MF : Mais voilà, c’est exactement pour ça que ça me faisait penser à ce livre.
LD : Eh bien, il nous reste à vous remercier à nouveau pour votre suivi cette année. On vous donne rendez-vous pour la saison 5 le 15 septembre 2020, en espérant qu’on pourra enregistrer à nouveau de visu, mais ces expériences d’enregistrement à distance nous ont donné quelques idées sur lesquelles on va peut-être revenir.
Petite citation pour terminer d’Orson Scott Card : « Tout le monde croise mille idées d’histoires chaque jour. Les bons auteurs sont ceux qui en voient cinq ou six. La plupart des gens n’en voient aucune. »
Jingle : C’était Procrastination, encore merci de nous avoir suivis. Maintenant, assez procrastiné, allez écrire, et bon été !
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