Vous lisez Procrastination : S05E02 – Ecrire pour soi, écrire pour les autres, partie A

Logo Procrastination

S05E02 : Écrire pour soi, écrire pour les autres, partie A

(Transcription : Symphonie)

Les liens vers l’épisode S05E02 : Script : Télécharger / Audio : Youtube ; Elbakin

Liste des Episodes transcrits

Cette question sous-tend peut-être toutes les initiatives créatives et informe peut-être tous les choix de ton, d’approche, de technique : comment faire pour que les intentions de l’auteur ou de l’autrice soient compréhensibles et reçues comme il convient ? Comment, en un mot, rendre son projet accessible ?
Estelle différencie les différentes optiques créatrices ; écrire pour soi, juste pour faire exister quelque chose ; écrire dans le but d’être lu, où les interprétations appartiennent au public ; et enfin le soin particulier appliqué par l’auteur ou l’autrice à l’approche de certains sujets chers de manière à ne pas créer , au contraire, d’ambiguïté délétère.
Mélanie évoque que dans le cadre de ses premières œuvres, surtout si les sujets sont chers et personnels, un auteur peut être tourné d’abord vers soi, au détriment du lecteur ; apprendre à se rendre accessible participe d’un voyage technique, pour atteindre la clarté et la réflexion sur les outils au service de son message.
Lionel, quant à lui (et parce qu’il n’a peur de rien), compare le métier d’auteur et de tout créateur à celui de DJ : faire plaisir au public tout se faisant plaisir soi-même ; divertir de manière efficace avec le sens cher à celui ou celle qui divertit, et rencontrer la signification de l’entreprise artistique à cette rencontre. (Blog de Lionel Davoust)

Et dans la suite de l’article la transcription de l’épisode. N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires pour évoquer votre expérience !

(A noter que cet épisode n’a pas pu bénéficier de relecture par une tierce personne. N’hésitez pas à me signaler toute erreur ou contresens)

Vous écoutez Procrastination, Saison 5 Episode 2 :

Écrire pour soi, écrire pour les autres, partie A

Podcast sur l’écriture en 15 minutes.

Parce que vous avez autre chose à faire.

Et qu’on n’a pas la science infuse.

Avec les voix de : Mélanie Fazi, Estelle Faye, et Lionel Davoust.

Lionel Davoust : C’est un sujet qu’on va probablement plus explorer que totalement défricher et parfaitement traiter en 15 minutes, puisque c’est une problématique très vaste et qui finalement est peut-être sous-jacente à la nature même de l’écriture et de toute création. C’est que l’auteur a des intentions, des envies, il a envie de raconter une histoire ou des choses, et en même temps il espère, il ou elle espère être compris par son lecteur, son éditeur, dans un premier temps, dans ce qu’il a voulu faire. Du coup, cela pose la question de la compatibilité ou de la compréhension entre les intentions du projet versus la réception qu’on va espérer la plus claire possible.

Une citation – dont je regrette toujours de ne pas avoir noté la source – d’une game designer sur Twitter il y a quelques années disait : « Mon travail n’est pas de faire ce que vous voulez, mais de faire en sorte que vous vouliez ce que j’ai fait ». C’est le cœur du métier créatif et donc on va regarder, traiter un peu de cette chose-là, défricher ce terrain. Comment l’atteindre ou du moins s’en rapprocher ? Est-ce que vous avez des idées sur cette question-là, vaste, grande et noble peut-être même ?

Estelle Faye : Alors, en fait, pour moi, j’avais vu plusieurs aspects sur écrire pour soi, écrire pour les autres. Il y a déjà le pourquoi on écrit ? Et avant tout, ce que je vois autour de moi, notamment chez certains jeunes auteurs – je pense qu’il y en a des moins jeunes aussi, c’est juste que je ne l’ai pas vu. Il y en a qui veulent écrire avant tout parce qu’ils ont quelque chose en tête, qu’ils veulent vraiment mettre sur papier avant tout pour que ça existe pour eux de la manière la plus sincère possible. Et pas forcément en vue, du moins au début, de vraiment forcément le communiquer à des lecteurs, voire même à un éditeur, voire même à un public. Il y a déjà cette démarche-là de gens qui existent avant tout parce qu’il y a cette chose dans leur tête et ils veulent lui donner une forme sur le papier. Et ils ne sont pas forcément dans une démarche d’écrire pour autrui.

Moi, très clairement, je suis dans une démarche… Enfin voilà, je viens du théâtre, du scénario, je suis dans une démarche de : de toute manière, j’ai des histoires, je veux les apporter au monde.

Donc déjà, il y a ces deux démarches-là, qui peuvent par moments se recouper aussi. Il y en a qui peuvent commencer à écrire un truc avant tout pour eux, et puis une fois qu’ils trouvent que c’est prêt, se dire « bon ben maintenant je vais essayer d’aller voir un éditeur », par exemple.

Moi très clairement, je l’écris avant tout pour transmettre des histoires à autrui, donc ce n’est pas tout à fait la même démarche. Donc voilà, il y a déjà ces deux possibilités, et encore une fois, il n’y en a pas une qui est mieux ou moins bien que l’autre, c’est juste deux façons d’envisager l’écriture.

Et après, sur la réception du roman, disons que j’ai une optique un peu partagée, parce que d’un côté, pour moi, une fois que j’ai écrit mon histoire de la manière la plus sincère et la plus pertinente possible, après elle appartient au lecteur. Et c’est les lecteurs qui vont faire leurs interprétations et qui vont par moments émettre des interprétations que moi, je n’avais absolument pas vues. Mais ces interprétations-là, pour moi aussi, sont largement aussi valides que les miennes et sont largement aussi valables que les miennes, parce que l’histoire ne m’appartient plus, elle appartient aux lecteurs.

Par exemple, il y a deux de mes personnages dans un de mes romans que pas mal de lecteurs voient en couple alors que vraiment, ce n’était pas du tout ce que j’avais vu ou écrit. Mais après tout, c’est leur vision des choses et elle est aussi valable que la mienne. Donc quelque part, même que les lecteurs prennent des personnages, se les réapproprient, je trouve ça super cool aussi, ou avoir des bouts de fanfictions, avoir des dessins de ces personnages qui correspondent parfois vraiment à ce qu’on avait en tête et qui parfois les amènent ailleurs, ça enrichit, ça agrandit l’univers. Donc j’aime bien justement laisser une marge d’interprétation et n’avoir pas absolument tout calé dans la vision de mon univers quand j’écris un roman. Et quand au contraire, il y a cette marge d’interprétation, je trouve ça super cool.

Ou là, par exemple, juste hier par rapport à l’enregistrement, j’ai eu entre les mains la première BD adaptée dans mes romans. Et il y a des choses qu’a rajouté le scénariste pour le mettre en BD, qui ne sont pas dans les romans, mais qui, je trouve justement, collent super bien avec la BD. Et donc, c’est des choses que, clairement, moi, je n’ai pas mises, mais qui, en même temps, enrichissent pareil l’univers. Donc voilà, j’aime bien justement que tout ne soit pas cadré.

Troisième petit point, pour nuancer ça, je me suis rendue compte que sur certains enjeux plus à fleur de peau, certains enjeux où vraiment il y a des choses très précises que surtout je ne voulais pas dire. Par exemple sur les relations hommes-femmes, quand je dois faire une relation hommes-femmes vraiment égalitaire, là je fais vraiment attention à ce que je fais pour que ça soit vraiment perçu de manière super égalitaire au maximum par les éditeurs puis par les lecteurs. Et il y a quelques scènes où j’ai vraiment fait attention à ça, parce que la langue française, la manière qu’on a culturellement de voir les choses, fait que sur certaines relations hommes-femmes, on peut très facilement, rien que par le vocabulaire qu’on utilise en français, mettre des inégalités de fait, dans la manière de voir les choses que moi, je n’avais pas envie de mettre. Il y a une scène notamment, dans Les révoltés de Bohen, qui est la rencontre d’un perso masculin et d’un perso féminin, où là je voulais qu’il y ait une vraie égalité entre eux dans cette scène, qu’il y ait vraiment une égalité de pouvoir dans la scène. Parce que c’est une scène un peu de séduction, mais un peu de pouvoir aussi. Et mine de rien, là, par contre, pour avoir cette égalité-là entre les persos qui était cruciale pour moi, là, j’ai écrit de manière très consciente, si on peut dire, pour vraiment pour le coup transmettre la bonne scène au lecteur au maximum.

Mais écrire de manière aussi consciente, c’est vraiment quand je suis sur des enjeux où je sais que notamment la langue ne va pas forcément m’aider à transmettre ce que je veux dire. Donc là, il faut que je fasse particulièrement attention.

C’est un peu pour moi les trois grandes lignes de cette problématique dans ma tête. En tout cas, au moment où je réfléchissais là-dessus pour préparer l’enregistrement.

Mélanie Fazi : Moi, je voulais rebondir sur ce qu’Estelle disait au tout début sur cette histoire des jeunes auteurs qui commencent par écrire quelque chose, parce qu’ils ont besoin de fixer sur le papier. Moi, je me reconnais tout à fait dans ça, j’ai vraiment commencé de cette manière-là. Et il y a eu un apprentissage qui a été un petit peu compliqué. Et c’est quelque chose que je retrouve de temps en temps dans les discussions avec des jeunes auteurs qui vont se braquer sur des choses.

C’est qu’au départ, quand on a cette espèce de pulsion d’écrire des choses très personnelles, on a tendance à ne pas forcément réfléchir à la façon dont elles sont reçues en face, ou en tout cas, on est encore trop tourné vers soi et pas assez vers le lecteur. Et je dirais que souvent, quand on débute – et je me souviens moi de mes propres débuts étant comme ça –, on a du mal à recevoir certaines critiques, parce qu’on les prend comme une critique de toute notre démarche d’écriture, alors qu’on nous dit juste, : « ben non, ça, là, en l’état, ça ne fonctionne pas ». Ça ne veut pas dire que ce n’est pas valable, c’est que dans la manière dont je le transmets au lecteur, il y a quelque chose qui coince. Et des fois, on va rester braqué sur des détails qui, en fait, sont secondaires et qui parasitent la lecture complètement.

Ça m’entraîne un petit peu loin, mais pour dire qu’il y a eu, moi, dans ma façon d’écrire, un apprentissage qui a été de comment est-ce que je peux transmettre quelque chose d’extrêmement personnel, et ne pas rester uniquement concentrée sur ça, mais l’adresser, le tourner vers le lecteur en face. Et ça passe notamment par apprendre à le soumettre au regard et à entendre la critique.

Et juste pour faire un aparté, je retrouve beaucoup ça dans des débats avec des jeunes auteurs qui parfois se braquent quand on essaie de leur dire que ce qu’ils font n’est pas totalement au point. Et ce qu’on est en train de leur dire, ce n’est pas « ce que tu fais n’est pas valable », c’est « pour l’instant, il n’y a pas une maîtrise suffisante de la façon dont on le transmet aux autres ».

J’ai appris une chose, c’est que tout en essayant d’écrire des choses qui sont extrêmement personnelles et qui le sont même de plus en plus, mon objectif premier, c’est un objectif de clarté. Comment est-ce que c’est reçu ? Est-ce que ce que je cherche à transmettre va être reçu par le lecteur tel que je cherche à le transmettre ? Et ça ne veut pas dire du tout simplifier l’écriture ou aller dans quelque chose de simpliste. Ça veut dire réfléchir aux outils qu’on utilise.

LD : J’adhère entièrement à Mélanie – j’allais dire, je vais être méchant. À partir du moment où l’on est dans une démarche où il s’agit d’écrire pour être lu, publié, ou en tout cas qu’il y a cette démarche d’aller vers une lecture d’un public, quelle est la priorité pour moi ? C’est le public. Ce n’est pas un métier de représentation, mais on écrit dans le but d’être reçu, donc la réception est la priorité et tout, à la rigueur, devient subordonné à ça.

Derrière, bien sûr, on essaie de se faire plaisir et on essaie de passer les choses qui nous tiennent à cœur, mais à ce moment-là, vient se greffer par-dessus le fait d’essayer de travailler au maximum les outils du langage. Ça m’a été apparu ça en tout cas, et c’est mon avis, je le partage, mais pour moi il y a un parallèle qui est assez clair : c’est le métier de DJ. Quand t’es DJ, ton but c’est de faire danser la salle, donc tu vas essayer de mettre des trucs qui vont faire danser les gens, parce que t’as envie que les gens passent une bonne soirée. T’as pas non plus envie de passer des trucs qui te sortent par les oreilles parce que sinon c’est pas drôle et tu t’amuses pas. Donc ton travail en tant que DJ, c’est de passer des trucs qui vont faire danser les gens mais qui vont t’amuser aussi. Pour moi, tout métier de création et tout métier d’écriture, et le métier de l’écriture en particulier, se fonde sur cette équation-là.

MF : Je ne sais pas si moi je placerais les choses de la même manière, c’est que… Moi, je suis toujours gênée, mais après, c’est très personnel, quand j’entends des auteurs parler d’écriture ou autre. Et cette idée que la première chose, c’est de s’adresser au lecteur et que, éventuellement, on peut faire passer des choses personnelles ou autres.

LD : Je dis pas ça.

MF : Non, non, c’est pas ça que tu dis, mais ça me fait penser qu’il y a ça qu’on entend parfois et qui me fait tiquer. Je dirais que ma première priorité, c’est aller chercher les choses les plus personnelles et les plus intimes possibles. Une fois qu’elles sont là, ensuite, je réfléchis à comment les transmettre à un lecteur. Mais pour moi, quelque part, mon travail ne sera pas fait si je ne vais pas d’abord chercher des choses les plus intimes possibles. Et j’ai du mal avec des discussions que j’entends parfois de la part d’auteurs ou de lecteurs ou autres, de « j’écris d’abord pour le public ». Moi, je n’écris pas d’abord pour le public. J’écris d’abord parce que j’ai des choses à exprimer. Par contre, ça ne m’intéresse pas de les exprimer si je ne les adresse pas à un public. Au moment de l’acte de l’écriture, je pense à l’interlocuteur en face, mais pas au moment où je conçois le projet par contre.

LD : J’adhère entièrement à ce que tu dis et à ton approche, peut-être que j’ai pas été…

MF : Non, non, on est d’accord, mais ça me faisait penser à ça.

LD : Non, mais je pense que la précision est complètement importante et c’est pour ça que cette citation de la game designeuse m’avait tellement réjoui. « Le boulot, c’est de faire en sorte que vous ayez voulu ce que j’ai fait », c’est-à-dire exactement ce que tu dis. Cet impératif de clarté et de compréhension, parce qu’on va vers un public et donc il va falloir faire en sorte de travailler l’exécution de manière à ce que l’ambiguïté soit au maximum levée, même s’il est impossible d’être 100 % clair tout le temps puisque le langage est polysémique. Mais c’est là que vient le travail, tout simplement des outils que sont le langage, la narration, etc.

EF : Juste deux petites choses sur ce que disait Mélanie. Pour moi, dans ma petite expérience, quand on est sincère et quand on parle vraiment de ce qui nous tient à cœur, de choses qui parfois peuvent être personnelles et tout, j’ai l’impression que justement, les lecteurs le ressentent et nous suivent davantage.

En tout cas, vraiment, quand j’ai pris des paris là-dessus, en voulant aller dans des choses plus perso – disons pas personnelles au sens parler de ma vie, parce que ça, j’ai du mal, mais dans des choses qui vraiment me tenaient à cœur et tout ça –, et des enjeux qui quand même résonnaient avec des trucs perso, vraiment, il y a une sincérité que les lecteurs ressentent. J’ai l’impression vraiment dans les retours de lecteurs, c’est beaucoup ça que j’ai eu.

Et la deuxième chose, c’est sur la métaphore du DJ de Lionel. Il y a une petite nuance que j’amènerais, c’est-à-dire, quelque part, comment est-ce qu’on veut faire danser les gens ? Parce qu’on peut, disons, et c’est l’une des premières choses que j’ai cherchées, notamment dans mes premiers romans, et j’ai l’impression que cherchent beaucoup d’auteurs, surtout dans les genres de l’Imaginaire dans leurs premiers romans, c’est vraiment : comment être accessible, comment faire entrer le lecteur facilement dans nos textes.

Après, toujours en gardant quand même pour moi cette accessibilité qui est importante dans ma démarche d’autrice, mais par ailleurs, ce n’est pas forcément ce que je vais rechercher en tant que lectrice, je ne vais pas chercher forcément que des œuvres hyper accessibles. Quand même, maintenant, j’aime bien aussi aller vers des enjeux littéraires où, quelque part, c’est un peu des paris de dire au lecteur : « écoute, voilà, j’espère que tu vas me suivre là-dedans, même si ce n’est pas forcément accessible d’emblée ».

Là, notamment, dans un des projets sur lesquels je bosse en ce moment, l’histoire se met vraiment en place de façon un peu fragmentée, un peu morcelée. Pour moi, cette fragmentation, ce morcellement, ça correspond vraiment à quelque chose que j’ai envie de transmettre au lecteur. Mais je pourrais raconter la même histoire avec un fil rouge policier beaucoup plus fort. Et là, justement, ce que j’ai envie d’essayer, c’est au contraire d’avoir ce morcellement et de dire : « lecteur, tu ne vas pas savoir tout de suite où je t’emmène, mais quand même, tu peux essayer de me suivre parce que je te dis, ça va être cool ».

Et par moments, quand je travaille avec des jeunes auteurs, j’en vois qui justement veulent aller vers des démarches moins évidentes d’emblée, et qui n’osent pas forcément y aller, mais finalement après ils se retrouvent bloqués dans leur écriture, parce qu’il y a cette démarche là vers laquelle ils veulent aller, ils n’osent pas y aller, et au final ils sont dans un entre-deux qui les bloque plus qu’autre chose. Et donc dans ce cas-là, je leur fais lire des trucs comme Notre-Dame-des-Fleurs de Jean Genet, comme Le Bruit et la Fureur de Faulkner, qui ne sont pas des choses forcément faciles d’accès, mais qui apportent autre chose au lecteur et où, quelque part, l’auteur demande une sorte de confiance au lecteur pour le suivre. Et cette démarche-là, elle est intéressante aussi.

Moi, selon les romans, j’essaie d’aller un peu entre les deux.

MF : Je suis complètement d’accord sur ce que tu disais sur la sincérité. Ma propre expérience me prouve que plus je vais vers des choses extrêmement sincères, plus ça touche les gens. Il y a souvent un malentendu avec les jeunes auteurs, c’est quand on leur parle de cette question de penser au lecteur et d’accessibilité, souvent ce qu’ils entendent, ils croient qu’on leur dit qu’il faut simplifier et qu’il faut se renier quelque part. Et ce n’est absolument pas ça. Pour moi, c’est au contraire. Il faut réussir à aller au bout de sa démarche, mais il faut trouver le bon outil. Et souvent, c’est ça qui pêche. C’est souvent une question d’exécution plutôt. Mais il n’est évidemment absolument pas question de se renier complètement.

LD : Quand on parle effectivement d’accessibilité ou de public, notons bien que ce ne sont pas des valeurs absolues. On l’a dit dans les épisodes précédents, il n’y a pas un lecteur ou un public idéal. De toute façon, on ne peut jamais plaire à tout le monde. Et d’ailleurs, c’est probablement un mauvais signe quand on plaît à tout le monde, c’est qu’on n’a rien dit qu’il valait la peine qu’on ne soit pas d’accord.

Effectivement, cette question d’exécution, je pense que ce n’est pas forcément toujours très bien facile à… Ce n’est pas toujours très bien reçu, toujours. Mais malheureusement, l’écriture, le langage, etc. et la narration, il y a une part, malgré tout, d’exécution et de technique. Et des fois, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais écrire c’est évidemment une démarche éminemment personnelle, et on apprend à se découvrir aussi en tant qu’auteur à mesure qu’on le fait. On apprend à découvrir où sont ses forces, ses faiblesses, les trucs sur lesquels on peut travailler de manière générale. Et donc, il y a un apprentissage à faire, et certains sujets sont parfois plus ou moins faciles.

Alors attention, ça n’a rien à voir, mais je prends une citation de Steve Jobs qui disait, quand les iPhones et les premières interfaces tactiles sont sortis, où les gens disaient : « oh là là, c’est quand même magnifique, parce que c’est hyper simple et c’est hyper intuitif ». Et il disait, et je pense que ça s’applique à n’importe quelle discipline : « vous n’imaginez pas la quantité de travail qu’il faut pour arriver à quelque chose de simple ».

C’est un thème qu’on a parfois traité en filigrane, comme quoi l’apprentissage de l’écriture, on apprend quand même des fois beaucoup à dire, à montrer, et ensuite, on apprend juste à laisser imaginer. Tout ça, c’est un cheminement. Et j’ai envie de dire, ce n’est pas un métier où il faut être impatient. On apprend petit à petit à apprivoiser les choses. C’est normal et il ne faut pas le craindre. Voilà.

C’est un sujet extrêmement vaste et complexe et donc on va vous donner rendez-vous dans 15 jours pour la deuxième partie de ce sujet : écrire pour soi, écrire pour les autres.

Laisser un commentaire