De retour dans le monde des humains après un millénaire d’inactivité, Génie, un esprit magique enfermé dans une lampe, rencontre Ka-young, une femme impassible qui traverse la vie en suivant les règles imposées par sa grand-mère et ses propres habitudes.

Mon avis

Si j’en crois Wikipedia, le démon Iblis, cité dans le Coran, a refusé de se prosterner devant les humains et a donc été chassé du ciel, il est aussi assimilé au diable. Bien que la présente série soit coréenne, c’est bien l’inspiration qui va servir de fond à l’histoire. Iblis n’est ici plus un démon, mais un génie (qui s’apparente ici aux djinns de la mythologie arabique), mais il a bel et bien refusé de se prosterner devant les humains, les jugeant inférieurs et méprisables, ce qui a entraîné une longue guerre contre les anges et la quasi extinction de son espèce. Puisqu’il a la capacité d’accorder des vœux, il fait une sorte de pari avec Dieu : Iblis ne se prosternera que devant une âme vertueuse qui ne se laissera pas corrompre par ses tentations. Mais si cela arrivait, il se laisserait abattre sans discuter par son frère, l’Ange de la mort, et serait ainsi envoyé en enfer. Tant que cela n’arrive pas, on lui fiche une paix divine et il se livre sans remords à son passe-temps favori : corrompre les humains et ainsi prouver leurs vices.

Enfin, ça, c’était avant qu’il ne se retrouve piégé dans sa lampe pendant près de 1000 ans, à cause d’une gamine aux voeux vertueux. Ruminant sa vengeance, il surveille de près les réincarnations de ladite gamine : le jour où il parviendra à sortir de sa lampe, il la traquera, la corrompra et la tuera. Finalement, c’est elle qui vient à lui : Ka-young, une jeune femme coréenne, trouve sa lampe au beau milieu du désert lors d’une excursion à Dubai. Vous vous en doutez, c’est la dernière réincarnation en date de ladite gamine. Et la réincarnation en question est une femme… disons… atypique qui ne sera guère aisée à manipuler, alors même que la quasi totalité des gens qui la connaissent l’estiment maléfique et dangereuse. D’ailleurs, sa propre mère l’a abandonnée quand elle était jeune, incapable d’élever une enfant comme elle.

Je ne vous cache pas que j’ai eu un peu peur quand j’ai compris vers quoi on se dirigeait pour Ka-young. Il est vite évident qu’elle est neuroatypique, et plus précisément, elle se révèle psychopathe (la série utilise les termes « psychopathe » et « trouble de la personnalité antisociale », mais a priori, ce n’est pas tout à fait la même chose, le second semblant davantage un équivalent de « sociopathe ». De ce que je comprends via quelques recherches sur le net, Ka-young a plus l’air de correspondre à un comportement psychopathe, mais voilà, je suis ni concernée, ni psy, donc ça vaut ce que ça vaut, à savoir pas grand chose).

Bref, j’avais peur, donc, parce que ce genre de personnalités dans la fiction, ça part vite en clichés. En l’occurrence, j’ai trouvé le personnage intéressant et plus nuancé que ce qu’on peut avoir d’habitude. Je le redis, n’étant pas concernée je ne suis évidemment pas légitime à juger de la pertinence de cette représentation. En tant que personne neuroatypique, je me suis quand même retrouvée dans certains schémas, par exemple le fait « d’étudier » ou « d’imiter » les gens parce qu’on n’a pas le même fonctionnement ni les codes sociaux, le fait d’intellectualiser des choses qui sont plus évidentes ou instinctives pour la plupart des gens, mais aussi une certaine rigidité par le biais des règles et habitudes.

Un autre point que j’ai trouvé intéressant, c’est que malgré ses pulsions violentes et son narcissisme, Ka-young est dans la retenue permanente. Depuis l’enfance, elle a appris/trouvé des moyens pour réussir à fonctionner avec les autres, si bien qu’adulte, elle peut résister sans problème aux tentations d’Iblis. A l’inverse, quand les gens neurotypiques autour d’elle se voient offrir trois voeux, iels n’ont pas les… filtres pour résister, en quelque sorte, et succombent facilement à des émotions enfouies comme la jalousie ou la cupidité, ce qui vous vous en doutez, mène en majorité à des vœux qui ne leur apportent aucun bonheur. Au passage, via les vœux et les relations entre Iblis et sa famille et entre Iblis et Ka-young, la série va également s’interroger sur les notions de divinité et d’humanité, de bien et de mal. Tout un programme.

Vu le sujet, la série aborde aussi le sujet du validisme, et ici en particulier la psychophobie. En dehors de son entourage proche, les gens vont manifester de l’intolérance, de la jalousie (« pourquoi une personne comme elle a-t-elle pu réussir et pas moi ? »), de la colère devant son impassibilité, mais aussi de la peur et de la suspicion dues aux préjugés, malgré tous ses efforts pour s’intégrer et avoir une vie normale.

C’est clairement pas parfait, et comme souvent pour ce types de représentations, il y a sûrement de l’exagération pour que ce soit plus « divertissant » (mff), mais en tout cas, c’est plus nuancé que ce que j’ai pu voir auparavant.

Les autres personnages ne sont pas en reste, à commencer par Iblis dont le comportement au début de la série n’est pas sans rappeler un certain Loki, et dont l’histoire se révèle assez tragique. Les deux protagonistes ont d’ailleurs une très belle alchimie, je n’ai eu aucun mal à croire en l’évolution de leur relation. J’ai aussi beaucoup apprécié la grand-mère et la meilleure amie de Ka-young, qui m’ont toutes deux beaucoup émue, à la fois dans leur relation avec Ka-young mais aussi (surtout ?) dans leur arc commun. L’antagoniste est assez cliché dans ses motivations, en revanche son origine est plutôt intéressante. Et mention spéciale au chien, ça fait très bizarre de croiser Lan de Wheel of Time dans un rôle aussi contre emploi^^ (très émouvant lui aussi d’ailleurs, alors que ça démarre comme un gag).

La série est vraiment prenante, globalement drôle surtout au début, avec quelques bris du 4e mur vraiment bien trouvés (la discussion lunaire sur deux franchises du cinéma xD). Elle s’assombrit toutefois au fur et à mesure qu’on comprend qu’il y a dromadaire sous grain de sable dans le passé des deux protagonistes. La romance est importante, et même centrale, mais c’est aussi une vraie série de Fantasy, avec de la magie, des mystères et une certaine dimension tragique, et pas seulement pour les protagonistes.

Les quelques effets spéciaux sont franchement pas mal, il y a de chouettes thèmes musicaux et certains décors sont plutôt inhabituels pour un Drama coréen, puisqu’on a plusieurs scènes qui se déroulent dans le désert, avec un petit côté 1001 nuits par moments (d’ailleurs, j’ai trouvé assez peu d’informations sur le contexte historique dans lequel semble s’inscrire certains passages du Drama, donc j’ai aucune idée de si cet aspect est un minimum pertinent ou pas).

Bilan

Même si je ne suis évidemment pas légitime à statuer sur la pertinence de certains aspects de ce Drama, en termes narratifs, je l’ai trouvé vraiment intéressant à suivre, très riche, avec des personnages attachants (oui, y compris Ka-young), un bon équilibre entre la romance, l’humour, le mystère et le drame… et pas mal d’émotions.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

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