Vous lisez Procrastination : S03E13 – Ecrire sur commande ou contrainte

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Liste des Episodes transcrits

Les anthologies thématiques sont un support classique de l’imaginaire ; à la fois florilège d’auteurs expérimentés et portes d’entrée pour les jeunes auteurs, elles impliquent toujours un appel à textes – donc une potentielle contrainte. Après avoir exploré ce dont il s’agit précisément, nos trois auteurs proposent des pistes tirées de leur expérience pour approcher un thème de ce genre. Mélanie commence par rappeler qu’un texte écrit de la sorte pour répondre à un appel n’est pas moins personnel qu’un autre, et qu’il l’est parfois même davantage ; Lionel loue la contrainte pour la sortie de la zone de confort qu’elle procure. Laurent rappelle qu’on écrit toujours sous contrainte, fût-elle inconsciente ; mais un thème la rend explicite. (Blog de Lionel Davoust)

Et dans la suite de l’article la transcription de l’épisode. N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires pour évoquer votre expérience !

S03E13 : Écrire sur commande

(Transcription : Symphonie; Relecture et corrections : Plokie)

Vous écoutez Procrastination, Saison 3 Épisodes 13 : Écrire sur commande — ou contrainte

Podcast sur l’écriture en 15 minutes.

Parce que vous avez autre chose à faire.

Et qu’on n’a pas la science infuse.

Avec les voix de : Mélanie Fazi, Laurent Genefort, et Lionel Davoust.

Lionel Davoust : Tous les trois, il nous arrive — assez régulièrement, je pense — de répondre à des appels à textes pour proposer des nouvelles à des anthologies, à des ouvrages collectifs ou dans d’autres contextes. Donc écrire sur commande ou contrainte, ça pourrait être quelque chose de très vaste, donc dans ce premier abord, on va se limiter à la formule de l’appel à textes telle qu’elle est assez souvent connue, pratiquée dans les littératures de l’Imaginaire. On a quand même assez de chance, on est dans un domaine où il y a encore pas mal d’anthologies sur des thèmes, parfois d’ailleurs des anthologies ouvertes, c’est-à-dire où tout le monde peut soumettre un manuscrit.

Il y a également des anthologies fermées où les anthologistes choisissent leur sommaire et envoient un appel à textes aux auteurs avec lesquels ils aimeraient travailler, en disant : « Je fais une anthologie sur le pneu dans la Fantasy, donc envoyez-moi des textes de pneu », par exemple — ce thème est à la disposition de n’importe quel anthologiste qui voudra le prendre, ça me fait plaisir.

Et souvent répondre ou participer à une anthologie, c’est aussi une bonne manière de faire ses premières armes, donc on va parler de la manière de répondre à des appels à textes quand on nous propose ou qu’on nous demande un thème, ou un traitement, et qu’il faut fournir un texte là-dessus, c’est-à-dire fréquemment une nouvelle.

Comment est-ce que vous ressentez l’exercice d’écrire sur thème ou sur commande ou sur contrainte ?

Mélanie Fazi : Alors, moi il y a une chose qui me frappe énormément, c’est qu’il y a une idée reçue qui vient très souvent quand on parle avec des lecteurs ou des gens en général, ils sont persuadés, je ne sais pas pourquoi, qu’un texte de commande est nécessairement moins personnel qu’un texte dont on aurait eu l’idée spontanément. Ce qui m’a toujours sidérée, parce que j’ai réfléchi à mon cas personnel, je crois qu’à peu près tous mes textes préférés, ou tous les textes dont les gens me reparlent le plus souvent, et ceux que je considère comme les plus personnels, ont été écrits pour des appels à textes. Pas forcément acceptés pour l’anthologie pour laquelle je les ai écrits, mais ils ont été écrits parce qu’à un moment donné : « tiens, il y a tel appel à textes sur tel thème, ça a l’air bien, je vais essayer », ou parce qu’on est venu me chercher.

En fait je me suis dit qu’il y a un peu de méconnaissance ou une mauvaise compréhension de ce que c’est. Il me semble qu’écrire sur un thème donné, ce n’est pas nécessairement se brider, essayer de faire quelque chose pour bien coller… Ce n’est pas se trahir, c’est faire la part des choses peut-être entre les consignes qui sont données, qui peuvent être très variables d’un appel à textes d’un autre, et ses envies et ce dont on se sent capable. De regarder un thème et ne pas se dire : « Je vais faire le bon petit écolier qui va bien rentrer dans les cases et rien ne va dépasser », c’est dire « Moi, qu’est-ce que ça m’inspire ? Où sont les limites ? Comment elles sont définies par le sujet ? En restant à l’intérieur de ces limites — parce que je ne vais pas tirer le truc ailleurs — qu’est-ce que je peux faire d’original ? Qu’est-ce qui me parle dans ce thème ? Pourquoi est-ce que ça résonne ou pas ? ».

LD : Complètement !

MF : Ça fonctionne pour vous aussi ?

LD : Ah ouais, moi le premier truc que je fais en recevant un appel à textes, c’est « ah ! Comment je vais pouvoir en faire ma sauce ? » Ce qui est déjà un truc à mon avis important à dire, c’est que fréquemment quand il est proposé des thèmes ou des appels à textes, les anthologistes ne demandent jamais un type de traitement, ou alors éventuellement ils disent une espèce d’ambiance très vaste de genres…

MF : Ça peut arriver, mais c’est plutôt rare, oui. « Humoristique » par exemple, ou quelque chose comme ça.

LD : Voilà, mais c’est ça, un traitement extrêmement vaste. Par exemple, avec Laurent on a participé récemment à l’anthologie dirigée par Jean-Claude Dunyach et Thierry Bosch dans Dimension Technosciences @ venir

Laurent Genefort : Eh bien j’ai refusé, justement.

LD : Ah !

[rires de Laurent]

LG : Pour des raisons qui sont plus de l’ordre du temps, c’était un manque de temps, tout simplement, mais pour de la Hard Science, puisque c’était une nouvelle de Hard Science que je voulais fournir, j’avais juste pas la disponibilité de le faire. Même si chez moi, pour que ça marche sur moi — parce que pour le coup je suis un peu différent de vous, j’ai un peu de mal en fait — j’ai un peu besoin d’urgence, des fois, qui force mon envie qui n’est pas toujours là, avec le « nécessité fait loi » et là c’est une façon de forcer son imagination, justement, dans un sens. Mais je n’aime pas trop la forcer non plus, donc moi je ne suis pas tout à fait dans la même situation que vous, même si je reconnais qu’on écrit toujours sous la contrainte : le genre, le format, les attentes de l’éditeur, les attentes des lecteurs même… sont des contraintes, même si elles sont inconscientes. Ici, la différence, c’est que finalement la contrainte devient consciente, devient explicite.

MF : Après je pense aussi qu’on a des approches différentes, je peux me tromper, mais je pense que Lionel est plus à l’aise pour répondre à des choses très variées que moi qui vais vraiment me poser la question « est-ce que je m’en sens capable ? ». Et par exemple, on m’avait contactée pour une anthologie de Cape et d’Épée, j’ai dit non tout de suite, parce que vraiment je ne le sentais pas. Il y avait une fois une anthologie avec un thème très intéressant, mais les contraintes étaient vraiment très, très spécifiques, et moi je ne le sentais pas comme ça, donc au bout d’un moment on apprend à savoir : « Est-ce que ce truc-là, je peux le tirer sur un terrain qui m’intéresse ? Ou est-ce que non, vraiment, il n’y a rien à faire ? »

LD : Pour moi la clé, elle est exactement là dans ce que tu dis, c’est le « tirer sur le terrain qui m’intéresse ». Pour moi, l’approche face à un thème ou une contrainte de ce genre-là, la première réflexion, c’est « qu’est-ce que ça m’évoque ? » et « où est-ce que je vais pouvoir aller chercher cette fameuse résonnance, ce fameux « le corps sait » dont on a parlé plusieurs fois dans le podcast, « comment est-ce que je vais aller trouver cette résonnance personnelle ? ». Moi j’ai tendance à creuser, à malaxer le machin, jusqu’à tomber sur le truc qui va me dire — c’est ce que tu disais — « OK, ça, ça m’appartient ». Je ne fais pas l’écriture si je ne trouve pas un truc qui m’appartient, sinon à quoi bon ?

MF : J’ai trouvé intéressant plusieurs fois des cas où on m’a contactée pour des thèmes à la limite de mon imaginaire, j’ai posé la question pour demander jusqu’où je pouvais les tirer. Et je pense que le cas le plus fréquent — Lionel s’en souviendra parce qu’il était l’un des anthologistes —, pour l’anthologie Reines et Dragons où on m’a contactée en me disant « on sait que la Fantasy avec des dragons, etc. c’est pas forcément ton truc, mais ça nous intéresserait de voir ce que tu peux en faire » et là c’était formulé comme un défi qui m’a amusée. Comme on m’avait interdit de faire du Fantastique, je me suis arrangée pour être à la limite, c’est-à-dire dans un cadre contemporain, mais avec des éléments mythiques qui tiraient plus vers la Fantasy, et je me suis éclatée comme jamais. Et en fait, ce texte-là, la contrainte m’a donné un déclic que je n’aurais absolument jamais eu toute seule, c’est pour ça que moi cette idée de « moins inspirée » si c’est sur commande, ben non, pas forcément.

Parce qu’en plus — je pense que c’est assez général — souvent c’est angoissant de partir de rien, de ne pas avoir de point de départ. Donc ça rejoint ce que disais Laurent tout à l’heure, avoir un élément de départ, et à partir de là on a déjà quelque chose sur lequel s’accrocher.

LG : Pour une nouvelle, c’est un peu plus facile quand même que pour un roman, parce que d’abord les nouvelles sont souvent thématiques. Il faut une idée forte, quand même. Si on n’a pas cette idée forte… C’est pour ça que personnellement je réponds rarement, d’abord parce que l’idée vient rarement au bon moment. Il m’est arrivé de renoncer et que l’idée me vienne après la publication du recueil, alors ça, c’est…

[rires]

MF : C’est embêtant !

LG : Donc la pression ne marche pas toujours sur moi [rires].

MF : Après, les contraintes peuvent être très différentes d’un appel à textes à l’autre. J’ai réfléchi à des thèmes que j’avais vus dans des anthologies, et par exemple on peut avoir des choses extrêmement générales comme la mort, le temps ou la fin du monde, des concepts vraiment très vastes sur lesquels on peut plaquer absolument tout. À l’inverse, on peut avoir des choses très, très spécifiques. Il y a eu pas mal de réécritures de contes ou de mythes, par exemple, ça, j’ai participé à plusieurs. Des anthologies autour de thèmes… Je parlais de Cape et d’Épée, ça peut être Western, on m’a demandé des contes de Noël plusieurs fois dans un format très spécifique. Ou des rencontres entre des éléments, et là le truc le plus amusant que j’ai retrouvé, c’est une anthologie anglophone dont le titre m’échappe, qui utilisait des éléments de Sherlock Holmes et des éléments de Lovecraft. Là, on a une marge de liberté un peu moins vaste que sur d’autres thèmes, mais il y a moyen de bien s’amuser.

LD : Oui. Je pense que c’est ça le thème, finalement. Alors, ce n’est pas un déclencheur au sens où un déclencheur on peut ne pas le retrouver à la fin, mais là évidemment il faut qu’on reste dans le thème, mais c’est juste une façon d’apporter un traitement, et le traitement, c’est la chose la plus personnelle de toute façon, plus que la question ou le thème. Et si l’anthologiste fait bien son boulot — merci Mélanie, je réalise qu’en disant ça je vais nous jeter des fleurs [rires] — mais si l’anthologiste fait bien son boulot — je suis foutu, je suis parti, maintenant il faut que je finisse — il connaît ses auteurs, il sait pourquoi il veut travailler avec eux…

L’intérêt d’une contrainte dans un thème, c’est de pouvoir éventuellement sortir de sa zone de confort. Je suis comme toi, j’ai sorti des textes en sortant de ma zone de confort, mais pas trop loin pour que je puisse quand même ne pas me retrouver au milieu du désert, mais suffisamment pour que ça… Comme on dit, l’art nait de la contrainte, ça permet de prendre des questions et des thèmes de manière différente. J’ai sorti ce que je considère comme l’un de mes meilleurs textes courts sous contrainte.

Et alors, comment vous recommanderiez… Voilà, je veux écrire, je veux écrire davantage de textes, je veux éventuellement soumettre des choses, j’épluche les appels à textes pour anthologies, je vois un thème… Comment je m’y prends ?

MF : Oula. Ça dépend. La première chose qui me vient, c’est vraiment ce que je disais tout à l’heure, c’est de se poser la question « est-ce que ce thème, je le sens ? Est-ce que je ne suis pas en train de m’obliger à faire quelque chose, et qu’en fait c’était pas pour moi ? ». Après, si on ne s’est pas engagé à rendre un texte absolument, si c’est pour un appel à textes à la limite c’est pas grave, quitte à ce qu’on puisse replacer ça ailleurs. Bien lire les consignes. Vraiment très, très bien lire les consignes et ne pas s’amuser à les dépasser sans en avoir parlé avec l’anthologiste, voire même pas du tout. Bonne question !

[rires]

MF : Ça fait un petit moment que je n’ai pas fait ça en fait !

LD : C’est rigolo, tu dis « comment le sentir ? » mon premier réflexe — on en a parlé moult fois autrement — c’est : “Ah ! Je ne le sens pas, comment je vais pouvoir faire le truc ? Comment je vais pouvoir « voler le thème » et le faire mien ?”.

MF : Alors, ça, je ne peux pas pour le coup.

LD : Je pense que c’est mon côté vindicatif profond qui parle en disant « ah ! je ne trouve pas, mais je vais y arriver ! », le défi m’amuse en fait. Moi, la manière dont je le fais, c’est effectivement je creuse et je malaxe, et je vais essayer d’aller me rencarder sur toutes les facettes possibles jusqu’à trouver quelque chose, et le quelque chose justement c’est « OK, là j’ai trouvé une situation, un conflit, j’ai plus de temps, le truc suffisamment… ». C’est un jeu aussi, il y a un petit jeu intellectuel de se dire « comment est-ce que je peux tordre le machin pour rester dans les clous, pour rester dans le thème, mais quand même, je vais l’avoir totalement subverti ». Moi en tout cas je sais que ça m’amuse.

L’imagination, ça se nourrit de ce qu’on lui donner à manger, donc ça veut dire d’aller creuser dans toutes les dimensions possibles.

MF : Une chose aussi, je parlais des consignes… Ça paraît intéressant de voir — bon, en général, c’est quand même sous-entendu dans les consignes ou autres — mais en général il y a une consigne assez spécifique à chaque éditeur. Il y a en tout cas une ambiance ou un type de récit, il y a des éditeurs qui ne vont pas trop faire dans l’humoristique, ou qui ne vont pas trop faire de l’horrifique ou ce genre de choses. Je pense quand même qu’en général c’est assez spécifié dans les consignes, mais je dis peut-être une bêtise. 

LD : En général c’est dit. On parlait tout à l’heure de si les anthologistes imposent un traitement, si c’est le cas ça va être quelque chose de très vaste. Dans l’anthologie Dimension Technosciences @ venir, on nous avait demandé une Science-Fiction qui ne soit pas, si possible — c’est même pas une contrainte ferme, mais c’était « on essaie de parler de la science dans ce qu’elle peut avoir de positif ou de nourrissant pour la société » — qui ne soit pas de la post-apo, de la grosse dystopie où la science c’est mal, ça reste un cadre extrêmement vaste, quand même.

MF : Après il y a des cas… Là je repense à un exemple personnel, mais il est vraiment très, très particulier, j’ai déjà eu à écrire un texte pour une anthologie qui est à la limite de l’ouvrage collectif, mais sans que les gens se soient concertés entre eux. C’est un recueil qui s’appelle Adar[1], qui se situe dans un univers existant, une ville imaginaire crée par Léo Henry et Jacques Mucchielli, il y avait eu trois recueils, et ils ont voulu que le dernier soit écrit uniquement par des auteurs invités, mais là on avait des contraintes extrêmement spécifiques. Il fallait s’inscrire dans l’ambiance de cet univers qui n’est jamais défini et qui est changeant en plus, donc c’était complètement barré, et on devait tous partir chacun d’une illustration qui nous était envoyée. Donc là on était vraiment dans le jeu littéraire à la limite de la contrainte Oulipo[2], on était vraiment dans ça, j’ai trouvé ça passionnant, mais c’est un peu plus casse-gueule d’avoir de temps en temps des ouvrages où on ne peut pas trop se permettre de partir vers du personnel, parce que sinon on casse l’effet d’ensemble en fait. Je pense que ce sont quand même des exemples assez spécifiques et beaucoup plus rares que les appels à textes plus larges.

LG : Ça me ferait assez peur, je t’avoue…

MF : J’ai eu très peur, mais je suis très contente de ce que j’ai fait !

LG : Comme tu le disais, il y a une partie un peu d’autosuggestion, finalement, parce qu’il faut y croire, il faut faire semblant que l’idée ou l’univers, le thème, vient de soi au final. Le plus gros barrage pour moi il est là, en fait. Il y avait John Ruskin — tiens, je vais faire une citation avant les citations ! — qui disait que l’art est beau quand la main, la tête et le cœur de l’Homme travaillent ensemble. Et là le problème est le cœur. Le travail de commande, c’est le cœur qui pose problème.

MF : On rejoint ce qu’on disait tout à l’heure, cette intuition de « ça rejoint mes thèmes ou ça ne les rejoint pas du tout », je pense qu’on est sur le même terrain à ce niveau-là.

LD : Et c’est pour ça que peut-être [rires] le défi m’amuse, c’est parce que je dis « où est-ce que je vais, où est-ce que je vais pouvoir me trouver là-dedans ? ». Ça ne marche pas à tous les coups non plus…

MF : C’est bien fait !

[rires]

MF : Pardon !

LD : Mais même si ça ne marche pas à tous les coups, c’est qu’il y a certains thèmes sur lesquels, effectivement, ça m’est arrivé, il a fallu que je déclare forfait.

LG : Ouais, on peut sécher !

LD : On évite que ça arrive parce que ce n’est pas très pro, à partir du moment où on a répondu oui. Si on a un côté maso et qu’on a envie d’aller se faire mal sur des thèmes où on se dit « ah ! mon Dieu ! qu’est-ce que je vais pouvoir faire avec ça ! ». Le texte va naître de la rencontre — c’est exactement ce que tu disais, Laurent — entre l’envie et le cadre. Et l’envie, c’est faire un vrai travail de polysémie sur « où est-ce que finalement je vais pouvoir trouver ma vérité là-dedans ? ».

LG : Et puis, chez certains auteurs, ce type de contraintes, c’est le moteur de l’invention. Il ne faut pas oublier qu’il y a des auteurs qui ne savent écrire que sur commande, et pour eux, le moteur de l’invention, c’est justement ça, la commande elle-même. Il y a des ghostwriters, des écrivains de série qui n’écrivent que des séries, des biographes qui ne pourraient pas écrire autre chose, ils ont besoin d’être dans un cadre littéraire, c’est presque un appel à texte, une biographie, pour moi, on a un cadre très, très strict, même si c’est de la non-fiction, on peut dire.

LD : Eh bien, une petite citation pour terminer. Une citation de T.S. Eliot qui nous dit : « Forcée à fonctionner dans un cadre strict, l’imagination tourne à plein régime et produit ainsi ses idées les plus riches. Sans aucune contrainte, le travail risque de s’éparpiller. »

Ce qui rejoint ce qu’on disait sur le fait qu’on se donne des contraintes même quand on n’en a pas.

Jingle : C’était Procrastination, merci de nous avoir suivis. Maintenant, assez procrastiné, allez écrire !


[1] Adar : retour à Yirminadingrad, Dystopia (2016)

[2] L’OuLiPo, groupe de recherche littéraire, est fondé sur le principe que la contrainte provoque et incite à la recherche de solutions originales. https://fr.wikipedia.org/wiki/Oulipo

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