
Ce roman Fantastique/Epouvante de l’autrice américaine Shirley Jackson est connu en France sous plusieurs titres : Maison Hantée, Hantise, La Maison Hantée. Il est paru en VO en 1959, et en 1979 pour la première fois en France (Librairie des Champs-Élysées). Il a par ailleurs fait l’objet d’adaptations en films et en série.
Construite par un riche industriel du XIXe siècle, Hill House est à l’image de son créateur : labyrinthique, monstrueuse, ténébreuse à souhait. De plus, on la dit hantée. Fasciné par les phénomènes paranormaux, le docteur Montagu invite des sujets réceptifs au surnaturel à passer l’été à Hill House afin de mener une enquête. Une enquête qui va tourner au cauchemar…
Le livre
Pour les besoins de l’écriture d’un livre qui lui vaudra, l’espère-t-il, l’admiration de ses pairs, le Dr Montague contacte des jeunes gens en lien avec le surnaturel. L’idée étant de vivre quelques semaines dans une maison hantée, en l’occurrence Hill House. Deux femmes lui répondent : la timide et névrosée Eléanor, et la flamboyante Théodora. Luke, beau-parleur et séducteur, viendra achever ce petit groupe : futur héritier de la maison, il veillera que celle-ci ne subisse aucun dommage pendant l’expérience.
La maison en elle-même est un personnage à part entière, et les descriptions de l’autrice rendent parfaitement compte de son aspect malsain. Cousine de la Maison Winchester, la maison est tellement biscornue qu’elle brouille tous les repaires, la température baisse sans raison apparente, des bruits se font entendre la nuit, et pire encore, elle jouit d’une sombre histoire, plusieurs personnes y ayant trouvé la mort.
Mais la maison est-elle réellement hantée ? Sur quoi porte l’étude du docteur, exactement ? Est-ce que tout ceci pourrait n’être qu’une mise en scène de sa part pour étudier le comportement de ses cobayes ?
Parce qu’on est dans du vrai Fantastique, du Fantastique qui ne donne pas de vraies réponses, qui laisse planer le doute. Surnaturel, ou folie des personnages ?
Car le récit est raconté par Eléanor, jeune femme de 32 ans qui a consacré une dizaine d’années à s’occuper exclusivement de sa mère handicapée tandis que sa soeur faisait sa propre vie. Pleine de culpabilité (est-elle responsable de la mort de sa mère ?), de rancune envers sa soeur et le monde, d’un gros manque de confiance en elle et ayant un besoin d’amour presque pathologique, se rendre dans cette maison était peut-être la pire chose à faire. Que la cause soit surnaturelle, ou que ce soit juste une influence psychologique, les fêlures de la jeune femme ne cessent de s’élargir. Au fil des pages, on ne peut que constater sa descente de plus en plus profond dans la méfiance et la haine, alors que la maison affermit son emprise sur elle.
Ainsi, vous l’avez peut-être compris, le roman est surtout psychologique, j’ai d’ailleurs du mal à le considérer comme un roman d’horreur. L’atmosphère gothique est très chouette, mais pas très effrayante, le roman est surtout fascinant pour le personnage d’Eleanor. Les autres personnages ne sont pas hyper intéressants, je les ai trouvés plus horripilants qu’autre chose (le Dr laisse faire sans trop réagir, Luke passe son temps à balancer des blagues vite soûlantes, et Théo se montre souvent hypocrite et méchante, tous ces traits caractères étant en plus amplifiés par la maison). Par ailleurs, il ne se passe pas grand chose dans les 100 premières pages (le roman en comptant environ 200), et nous sommes aujourd’hui habitués à des manifestations surnaturelles bien plus effrayantes.
Néanmoins, bien que le livre ait 60 ans au compteur, il reste efficace, intéressant, et j’adore le fait qu’il n’offre aucune vraie réponse sur ce qui se passe au cours du roman, laissant au lecteur le soin de décider si la maison est réellement hantée, ou si les personnages se laissent « juste » gagner par l’aspect impressionnant du lieu.
Les Adaptations
- La Maison du diable, film de Robert Wise (1963).
- Hantise, film de Jan de Bont (1999).
- Rose Red, téléfilm, scénarisée par Stephen King et réalisée par Craig R. Baxley (2002).
- The Haunting of Hill House, première saison de la série télévisée d’anthologie The Haunting de Mike Flanagan (2018).
(Extrait de la page Wikipedia).
Parmi toutes ces adaptations, je n’en ai vu que deux :
Le film de 1999

Pour l’anecdote, le livre « Maison Hantée » a été republié sous le titre Hantise suite à la sortie du film du même nom.
J’ai vu ce film il y a assez longtemps, seulement quelques années après sa sortie, autant dire qu’à l’époque, il m’avait plutôt impressionnée (j’avais entre 10 et 12 ans, donc. Je l’avais revu il y a quelques années et… meh. Il respecte plutôt bien la trame du livre, mais on perd le côté psychologique pour une version plus fantastique et moins subtile. Les effets spéciaux ont assez mal vieilli, et les acteurs sont pas exceptionnels. Rien de particulier à dire sur ce film, si ce n’est que je vous conseille plutôt la série.
La série Netflix

La série The Haunting sur Netflix semble avoir été pensée comme une anthologie, la première saison s’inspirant du livre de Shirley Jackson. Inspiration plutôt qu’adaptation, puisque la série ne suit pas vraiment le roman, en particulier sur l’histoire. En revanche, l’esprit du livre est, à mon avis, réellement respecté ici.
Côté histoire, on suit deux lignes temporelles : le présent, et 26 ans avant. 26 ans avant, donc, la famille Crain s’installe à Hill House, dans le but de la rénover et de la revendre. On a donc les parents et leurs cinq enfants, dont trois portent les noms des personnages principaux du roman (et en ce qui concerne Eleanor et Théodora, leurs caractères sont plutôt bien respectés, et Luke est beaucoup plus intéressant dans la série). Problème, ils se passe des éléments étranges dans cette maison, qui perturbent surtout la mère Olivia et les plus jeunes de la famille, Eleanor et Luke, des jumeaux. Maison hantée, ou famille qui se laisse influencer par les rumeurs et ses propres peurs et insécurités ?
Même si la série ne laisse finalement pas trop de doutes sur le sujet, les personnages, eux, pensent évidemment que la mère perd la tête, quant aux jumeaux… ben ce sont des gamins, qui écoute les peurs des gamins ? Jusqu’au soir dramatique où la famille quitte la maison en catastrophe… la mère en moins.
26 ans après, tout ce petit monde se retrouve à l’occasion d’un autre drame. Et on comprend à quel point la Maison continue de les ronger. Eleanor est suivie par un psychiatre et prend un traitement, Luke noie ses peurs dans la drogue, et Theodora se sert de son expérience pour aider les enfants. Quant à Steven et Shirley, les aînés, sont ceux qui ont le moins souffert de tout ça (à l’exception de la disparition soudaine de leur mère), mais il y a quand même des traces. Et donc ce drame va leur faire définitivement affronter la Maison qu’ils ont laissé derrière eux.
La série ne fait pas peur, même s’il y a quelques apparitions inquiétantes (pour je ne sais quelle raison, celle qui a été la plus efficace sur moi c’est un vieil homme très grand qui se balade la nuit dans les couloirs en tapant avec sa cane). La série traite surtout du deuil, de la culpabilité, des secrets qui nous rongent, des façons de vivre avec nos traumatismes, de ces « fous » que l’on n’écoute pas et qu’on abandonne à leur sort sans prendre la peine de les écouter et de les comprendre.
Bref, vraiment une très bonne surprise que cette série, à la fois comme série et comme adaptation (l’histoire est assez différente, mais l’esprit de l’oeuvre originale est à mon sens beaucoup mieux respecté que dans le film, qui suit pourtant beaucoup plus l’histoire de base). En plus l’esthétisme est superbe.
(Bon alors, par contre, truc idiot, mais les acteurices ont vraiment été bien choisi’es puisqu’on a vraiment l’impression que tout ce petit monde appartient à la même famille. Ce qui est un peu gênant quand on a un problème de reconnaissance des visages, ça aide pas à la compréhension XD)
Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?
Ah tiens je savais pas que cette série était adapté de Shirley Jackson c’est intéressant !
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La seconde saison s’inspire en revanche de la tour d’ecrou de Henry James 🙂
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J’aurais presque envie de regarder la série. Mais de jour, au cas ou.. ^^
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Sur les premiers épisodes il y a quand même quelques scènes un peu flippantes^^
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De jour, avec mon chat, et en petit écran avec le son bas. ^^
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Tiens d’ailleurs, j’ai pas pensé à mettre les TW, mais dans les premiers épisodes, il y a une petite histoire creepy autour de chatons
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J’ai regardé 😥 C’est ignoble 😥 Il va vraiment falloir dire aux scénaristes, aux producteurs, qu’on fait ce qu’on veut avec les humains, mais pas les animaux ! Pas des chatons ! 😥
Sinon, je suis d’accord avec toi : j’ai beaucoup de mal à différencier les sœurs adultes, et la mère. Sans les gants, j’aurais été complétement perdue.
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