Le roi des hyènes, Tess Corsac

Le Roi des Hyènes

Autrice : Tess Corsac, Française

Fantasy Jeunesse, One-shot

2021, Editions Leha

Illustration : Rengin Tümer

TW (soft) : sang, blessures

Dans les Confins, un monstre rôde.

Dans ce territoire ceint d’un mur qui y enferme ses habitants, lorsque la nuit tombe, une harde de hyènes quitte le bois pour envahir les rues sans que personne ne se résolve à les abattre. Mais sont-elles le véritable danger ?

Dans les Confins, chaque enfant est lié à un Machaon, un gardien coloré qui les protège jusqu’à l’âge adulte.

Almire, quinze ans, a vu son Machaon lui être arraché. Depuis cette agression, une hyène de brume le pourchasse, tapie dans l’obscurité : ce démon veille à son silence. Ce secret, ignoré de tous, le ronge, jusqu’au jour où un groupe de jeunes l’approche. Tous partagent le même drame, et ils nourrissent une ambition commune : faire éclater la vérité. Faire tomber le monstre en habits d’homme.

Almire sait qu’il ne retrouvera jamais son Machaon, mais il compte bien reconquérir son bonheur. Pour ça, il lui faut renverser le Roi des Hyènes. Coûte que coûte.

Mon avis

L’histoire se déroule dans un monde similaire au nôtre, on y évoque même quelques villes bien connues. Mais ça reste un monde différent, puisque chaque enfant est lié avec un Machaon, qui s’en va protéger quelqu’un d’autre une fois arrivé à l’âge adulte. Autre différence, les hyènes. Dans les Confins, des hyènes rôdent la nuit, de sorte que la ville a été complètement clôturée. Il se trouve que personne n’ose s’attaquer à ces hyènes, on s’efforce juste de ne pas tomber sur elles.

Quand j’ai acheté ce livre, je ne savais pas de quoi il parlait. Tout ce que je savais, c’est qu’il y avait des hyènes dedans, et moi, j’aime beaucoup les hyènes, des animaux que je trouve injustement malaimés (d’ailleurs, le saviez-vous ? les hyènes sont plus proches des félins que des canidés, puisqu’elles appartiennent à la famille des féliformes, comme les félins (alors que les canidés sont des caniformes). Oui, je sais, vous vous en fichez probablement, mais c’pas grave, j’irai bouder après. Pour une fois que je peux parler de classement phylogénétique…). De la Fantasy et des hyènes à l’honneur ? Evidemment que j’allais le lire !

Le hasard a fait que la même semaine, juste avant, j’avais lu un autre livre qui abordait le même thème, sans savoir non plus de quoi ce livre-là parlait. Autant vous dire qu’il m’a fallu relire un ou deux Pratchett derrière.

Bon, je dérive, je dérive, mais du coup, de quoi il parle ce livre ?

Almire, le personnage principal, s’est fait arraché son Machaon par un homme. Il ne peut en parler à personne, doit cacher sa perte, et doit gérer son traumatisme tout seul, se pensant le seul a avoir subi une telle horreur. Or, il se trouve que cet homme, le roi des hyènes, n’en ai pas a sa seule victime. Mais aucun des enfants qu’il a martyrisé, dont il a volé l’innocence le Machaon, ne peut en parler, y compris aux adultes, et chacun survit comme iel peut, en protégeant les autres enfants, en niant le traumatisme, en s’isolant, voire en se faisant absorber par sa part d’ombre. Car depuis ce traumatisme, chacun se voit hanté par une hyène nébuleuse qui n’attend qu’un instant de relâchement pour bondir sur sa proie.

Vous voyez où je veux en venir ? L’un des points que j’aime beaucoup dans ce roman, c’est que malgré le sous-texte horrible, l’histoire n’est absolument pas scabreuse ou choquante, et le propos est traité avec assez de finesse pour que les jeunes lecteurices puissent passer à côté et lire l’histoire au 1er degré. L’autre point, c’est que l’histoire est vraiment centrée sur les enfants, sur les conséquences de ce qu’iels ont subi, sur la manière dont iels gèrent les suites, et pas tellement sur le roi des hyènes, dont on ignore d’ailleurs l’identité jusqu’à l’épilogue, moyen aussi de faire passer l’idée que ça pourrait être absolument n’importe qui (les enfants savent de qui il s’agit, mais iels ne peuvent pas en parler). Par ailleurs, a aucun moment il n’est insinué que les victimes doivent s’en sortir seules. C’est au moment où iels découvrent que d’autres enfants ont subi la même chose, puis quand iels arrivent à obtenir le soutien d’adultes, qu’iels peuvent vraiment avancer et espérer se reconstruire.

Indépendamment de cette thématique particulièrement bien traitée à mon avis, il y a l’intrigue première : comment échapper aux hyènes nébuleuses ? Que se passe-t-il si on se fait attraper ? Comment obtenir justice et empêcher le roi des hyènes de faire d’autres victimes ? Comment obtenir de l’aide ? En plus les personnages sont tous très attachants, cet on n’a vraiment pas envie qu’il leur arrive quelque chose (et puis petit bonus diversité, ça fait toujours plaisir^^).

En bref, un roman bien mené, poignant, émouvant, avec du suspense et de « la peur » juste ce qu’il faut.

Bilan

Le Roi des Hyènes fait partie de ces coups de cœur que je n’attendais pas. C’est bien écrit, chacun des personnages enfant a sa propre façon de gérer les évènements traumatiques subis, le sujet est traité avec suffisamment de subtilité pour que ce ne soit pas choquant pour un jeune lecteur tout en étant bien apparent pour un’e lecteurice plus averti’e, et le déroulement de l’intrigue est bien prenant. Une autrice que je compte bien suivre désormais !

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

6 réflexions sur “Le roi des hyènes, Tess Corsac

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