Il y a bien longtemps que les humains sont arrivés sur les Terres Bannies, qu’ils ont disputées victorieusement aux clans de géants qui les peuplaient.
Des terres que l’affrontement entre les dieux antagonistes Asroth et Elyon a bien failli détruire. Aussi, quand cette guerre larvée menace d’éclater à nouveau, bien des destins vont se trouver bouleversés.
À commencer par celui du jeune Corban, qui aspire à manier l’épée et la lance pour protéger son royaume et va devoir mettre son courage à l’épreuve bien plus vite que prévu.
Mais la prophétie indique que l’obscurité et la lumière exigeront deux champions, le Soleil Noir et l’Étoile Vive.
Il serait sage de rechercher les deux, car si le Soleil Noir prend l’ascendant, les espoirs et les rêves de l’humanité tomberont en poussière. Sauf que personne ne sait qui ils sont, à commencer par eux-mêmes.
Alors que les géants s’agitent de nouveau et que le chaos semble sur le point de s’abattre sur les Terres Bannies, le Haut Roi Aquilus tente de former une alliance avec les autres souverains pour sauver le monde des humains. Mais tous ses alliés n’ont pas la même vision de l’avenir…

Mon avis

Vous en avez assez des Fantasy avec des prophéties, des élus, une lutte entre le bien et le mal, des mentors mystérieux, de la magie et des créatures ? Alors fuyez, ce roman n’est pas pour vous. Ou plutôt, non, restez là, parce que ce premier tome montre que la Fantasy classique en a encore sous l’aile.

Alors, forcément, ce premier tome ne vous paraîtra pas d’une grande originalité. De même, les révélations et certaines péripéties se sentent venir d’assez loin. Mais l’avantage d’utiliser des tropes connus, c’est qu’on peut justement se concentrer sur autre chose. Et puis, vous savez ce qu’on dit, c’est pas la récurrence du trope qui compte, c’est la façon dont on s’en sert. (Moi je le dis, en tout cas) Je trouve d’ailleurs particulièrement intéressante la façon dont sont gérés les potentiels élus.

Ce premier tome est ce qu’on appelle un roman choral, c’est à dire que les points de vue s’alternent, permettant une vue d’ensemble de la situation. Parmi les points de vue principaux, deux sortent particulièrement du lot : Corban et Veradis.

Corban est un adolescent qui aspire à devenir un guerrier comme… à peu près tous les hommes sur ce continent, visiblement, mais il n’est pas franchement bagarreur, il est même considéré comme un lâche, de quoi attiser le mépris d’autres gamins de son âge. Heureusement, il peut compter sur Gar, un ancien combattant au passé mystérieux, pour parfaire son éducation, mais aussi sur Brina, une guérisseuse un poil soupe au lait. Corban est vraiment l’archétype des protagonistes de Fantasy classique, on comprend immédiatement ce que sera son rôle par la suite, mais il se révèle très vite attachant, et on suit avec intérêt chaque pièce du puzzle se mettre en place pour préparer sa voie future. Il évolue petit à petit le long de ce premier tome, réunissant les alliés sans s’en rendre compte, et j’ai vraiment hâte de le voir embrasser sa destinée.

Veradis est un jeune homme, guerrier aussi (non, cherchez pas, c’est une institution universelle). Le personnage en lui-même n’est pas forcément fascinant, en revanche, son point de vu l’est, puisqu’il est le protecteur du prince Nathair. Nathair le sait, il a été choisi par le dieu Elyon, il sera le champion contre les ténèbres durant la guerre entre les dieux. Et pour cela, il doit tisser des alliances et préparer son chemin auréolé de gloire, malgré des tensions avec son père, le Haut-roi des Terres Bannies. Il est parfaitement sincère dans son ambition, ce qui rend son cheminement d’autant plus intéressant à suivre.

Kastell est un autre des points de vue principaux, lui aussi jeune guerrier (oui, c’est redondant un peu), et honnêtement, je n’ai pas vraiment réussi à m’intéresser à son arc personnel. Par contre, dans les points de vue plus secondaires, j’ai hâte de lire ce que Cywen, la soeur de Corban, va devenir. C’est l’un des rares personnages féminins dignes d’intérêt, même si elle n’a pas encore vraiment la place de déployer ses ailes. Mais j’ai confiance, je sais que l’auteur est capable de bien gérer ses personnages féminins (cf La Confrérie du Sang). J’aime aussi pas mal Brina, une guérisseuse que les gens du coin soupçonnent d’être une sorcière, même si elle n’a pas voix au chapitre dans ce tome.

Comme je le disais, ce premier tome ne brille pas par son originalité, ce qui n’est pas un problème puisqu’il met l’humain au cœur de son intrigue. Il met d’ailleurs un peu de temps à démarrer, puisqu’il faut présenter chaque personnage et démarrer leurs arcs personnels, en plus de l’intrigue globale. Toutefois, on ne s’ennuie pas une seconde. Outre les scènes de combats, toujours très bien écrites, c’est un peu comme regarder une partie d’échecs, dont chaque pion se met en place pour, à la fin, éclater en un climax prenant, plein de tension, que j’ai personnellement lu d’une traite. Vraiment hâte de lire la suite.

Bilan

La High Fantasy classique n’est pas morte ! C’est un sous-genre pour lequel j’ai une affection particulière, et ce 1er tome en est un très bon spécimen. On a beau connaître les tropes, on a beau voir venir certaines péripéties et révélations, on se laisse porter par le récit et on se demande comment les personnages, très humains, vont réagir. Ce genre de lecture, c’est vraiment l’équivalent pour moi de mettre des pantoufles confortables et de me glisser sous le plaid avec une tasse de thé. C’est parti pour le tome 2 !

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

• Un K à part
• Maven Litterae
• The canibal lecteur
• L’Ours inculte
• De livres en livres
• Carolivre
• Les blablas de Tachan
• Les lectures de Mylène