Damsel – La Demoiselle et le dragon, roman de Evelyn Skye et film Netflix, d’après un scénario de Dan Mazeau

Damsel – La Demoiselle et le dragon (2024, ed. Stardust)

Autrice : Evelyn Skye, Américaine

D’après un scénario de Dan Mazeau

One-Shot, Fantasy Young Adult

Couverture : Design Cassie Gonzales – illustration Ruben Ireland

Traduction : Maud Desurvire

2024, Damsel


Elodie n’a jamais rêvé d’un somptueux palais ou d’un charmant prince. Elle est la princesse du royaume d’Inophe, frappé par la famine depuis des années…
Son souhait le plus cher est la survie de son peuple. Alors, lorsqu’un représentant d’un prospère royaume voisin offre à sa famille suffisamment de richesses pour sauver Inophe en échange du mariage d’Elodie avec leur fils, la princesse accepte sans hésiter !
Parachutée dans le scintillant royaume d’Aurea, Elodie est rapidement séduite par la beauté des lieux et la gentillesse de son fiancé, le prince Henry. C’en est presque trop beau pour être vrai.

A la base, je pensais que le film sur Netflix était l’adaptation du livre de Evelyn Skye. Et… non. Ce n’est pas non plus une novellisation à proprement parler.

Le scénario original a été écrit par Dan Mazeau, et a servi de base à la fois pour le film, ET pour le roman. Ce sont donc deux interprétations du même scénario, et pas des adaptations l’un de l’autre (source). (A noter que j’ai légèrement tronqué le résumé qui en dévoile peut-être un peu trop sur l’intrigue.)

Mon avis sur le livre

Pour aider son pays qui souffre de famine et de sécheresse, la princesse Elodie accepte le mariage avec l’héritier d’un riche pays voisin. Ce n’est pas tout à fait la princesse idéale, manquant d’habilité sociale (ce qui la rend parfois impertinente malgré elle) et très curieuse, volant d’un intérêt à l’autre (oui, il y a des vibes de neuroatypiques, un peu^^). En revanche, le prince est adorable, tout le monde est au petits soins pour elle dans sa nouvelle maison, pourrait-elle rêver d’une meilleure nouvelle vie ?

Mais le conte de fée vire bientôt au cauchemar et on change d’ambiance, sinon, ce ne serait pas amusant. Heureusement, Elodie a de la ressource, et elle n’est pas décidée à se faire croquer sans rien faire par un dragon. Au passage, j’aime bien le fait que Elodie soit à la fois badass et astucieuse, mais aussi féminine, dans le sens où elle ne apprécie ce qui est associé à la féminité, ce qui est pourtant parfois opposé dans ce genre de thématiques, avec des personnages féminins presque codées comme des personnages masculins. Je trouve intéressant qu’on ait ici les deux aspects.

Elodie ne rencontre guère de difficultés, pas mal aidée par les facilités scénaristiques, de sorte qu’il y a assez peu d’enjeux. J’ai quand même apprécié le personnage, et surtout les ressources dont elle dispose. A la fin du livre, il y a tout un lexique de termes draconiques auquel je ne vois pas d’intérêt en tant que tel, mais l’une des « armes » que va utiliser Elodie, c’est justement la langue, puisqu’elle va se servir de sa curiosité pour la linguistique pour essayer de comprendre le dragon et ainsi lui échapper. Une autre arme intéressante, c’est qu’elle va indirectement pouvoir bénéficier de l’expérience d’autres femmes qui ont été dans la même situation qu’elle. L’explication est peu convaincante, mais l’effet sororal à travers les siècles est intéressant, donc allez, on va trop rien dire. On va aussi avoir quelques autres points de vue de personnages féminins sur les évènements, qui vont elles aussi essayer d’aider Elodie.

En plus du féminisme et de la sororité, donc, on a aussi toute une thématique sur les apparences et les faux semblants, on peut aussi percevoir un certain sous texte sur le poids des traditions et sur : jusqu’où est on prêts à aller au nom du « plus grand bien » ? Est-on prêts à assumer les conséquences qui reviendront tôt où tard nous exploser à la figure ? Pire encore, est-ce qu’une prospérité temporaire justifie le fardeau pour les générations suivantes ? Vous avez 4 heures, calculatrice interdite !

L’intrigue et l’univers sont en revanche assez simples (trop simples ?), mais ça va avec la dimension « révision de conte », donc je ne vais pas trop le reprocher, d’autant que ça se lit quand même plutôt bien. C’est aussi moins manichéen qu’on ne pourrait le croire de prime abord, avec des antagonistes humains pas si méchants, des alliés pas tout blanc, et un dragon, disons, ambiguë.

Par contre, pour être honnête, je n’ai pas adhéré au background du dragon et à l’explication sur les « origines » de l’intrigue. C’est tiré par les cheveux, on a du TG c’est magique, et j’ai eu du mal à ressentir de la compassion pour ce qui est arrivé au.x dragon.s, alors que c’est censé être une thématique centrale. Quant à la fin, ça sort de nulle part, c’est trop rapide, et je ne comprends pas ce que l’autrice à essayer de dire avec ça. De façon générale, faut pas trop essayer de décortiquer. Si vous commencez à vous poser des questions, vous passez votre temps à ça.

Je ne me suis pas ennuyée, je n’ai pas passé un mauvais moment, j’ai trouvé intéressants la protagoniste et les thématiques, mais pas ce qui tourne autour du dragon.

Mon avis sur le film

La Demoiselle et le dragon

2024, Netflix

De Juan Carlos Fresnadillo, d’après le scénario de Dan Mazeau.

Teaser

Je ne vais pas revenir sur l’intrigue globale, puisque c’est sensiblement la même. Il y a toutefois moins de développement, que ce soit au niveau de l’univers (déjà pas très exploré), et des personnages. Je trouve notamment le personnage d’Elodie beaucoup moins intéressant, puisqu’elle devient une jeune femme sans aucune faille, on n’a plus du tout la dimension linguistique, et on n’a pas accès à ses doutes ni à ses réflexions. On n’a pas non plus accès à d’autres points de vue, Elodie prend pour ainsi dire toute la place, adios la solidarité sororale à travers les siècles, adios la nuance via les autres POV. J’avais d’ailleurs tiqué lors de mon visionnage un plot hole non expliqué dans le film (ou alors j’ai cligné des yeux au mauvais moment), qui est plus ou moins expliqué dans le livre (même si l’explication est un peu trop pratique, comme dit plus haut).

Comme dans le roman cependant, l’héroïne ne rencontre guère de difficultés, les décors font le job sans être très recherchés, on a des facilités scénaristiques, quelques incohérences… bon. Faut éviter de commencer à tirer sur les fils qui dépassent, parce que sinon c’est toute la pelote qui vous arrive dans la main.

Mais il y a quand même deux éléments que j’ai préféré par rapport au livre. Le premier, c’est la dragonne. J’aime beaucoup son design, assez félin tout en gardant une sinuosité de serpent, j’ai trouvé ça très intéressant (par contre, les effets spéciaux ne sont pas toujours extraordinaires, mais perso je trouve que ça passe). Je préfère aussi les explications du film sur les origines de l’histoire : elles sont plus simples, et la situation de la dragonne est aussi beaucoup moins ambiguë que dans le livre, c’est beaucoup plus facile d’avoir de l’empathie pour et de la compréhension pour ses actions. J’ai aussi préféré la fin, pour la même raison : plus simple, moins tirée par les écailles, même si je la trouve trop rapide.

Bilan

Ni le roman ni le film ne sont les œuvres du siècle, mais restent plutôt agréable à lire et visionner. Il y a peu de développement, on a des facilités et des failles scénaristiques, des « TG c’est magique », l’intrigue est simple… mais je les trouve quand même intéressants, en particulier pour le public cible (ce que je ne suis plus). J’aurais bien aimé y avoir accès plus jeune, que ce soit pour la princesse badass qui n’a besoin d’aucun prince charmant (et dont les habilités sociales sont aux fraises^^), ou pour les thématiques finalement plutôt riches, surtout dans le roman.

Bref, c’est sympathique, ça fait le job, même si ça reste assez oubliable. Je trouve quand même le livre globalement supérieur au film.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

9 réflexions sur “Damsel – La Demoiselle et le dragon, roman de Evelyn Skye et film Netflix, d’après un scénario de Dan Mazeau

  1. Je n’ai pas lu le roman, mais j’ai passé un très agréable moment devant le film, même si effectivement, ce n’est pas l’œuvre du siècle ! Comme toi, je retiens le style absolument sublime du dragon 😍

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