La Tour de Garde : Capitale du Sud, Guillaume Chamanadjian

La Tour de Garde : Capitale du Sud

(2021-2023, ed. Aux Forges de Vulcain)

Guillaume Chamanadjian, Français

Trilogie Fantasy appartenant à l’univers de La Tour de Garde, en commun avec Claire Duvivier :

  • T1 : Le sang de la cité (2021)
  • T2 : Trois lucioles (2022)
  • T3 : Les contes suspendus (2023)

Enfermée derrière deux murailles immenses, la cité est une mégalopole surpeuplée, constituée de multiples duchés. Commis d’épicerie sur le port, Nox est lié depuis son enfance à la maison de la Caouane, la tortue de mer. Il partage son temps entre livraisons de vins prestigieux et sessions de poésie avec ses amis. Après un coup d’éclat, il hérite d’un livre de poésie qui raconte l’origine de la cité. Très vite, Nox se rend compte que le texte fait écho à sa propre histoire. Malgré lui, il se retrouve emporté dans des enjeux politiques qui le dépassent, et confronté à la part sombre de sa ville, une cité-miroir peuplée de monstres.

Mon avis

J’ai toujours lu beaucoup de Fantasy, je touche un peu à toutes ses ramifications, mais j’ai une prédilection pour l’épique, pour les univers foisonnants, pour l’aventure sur les chemins, la narration chorale… Et Capitale du Sud est un peu tout l’opposé. L’histoire se passe quasi exclusivement dans la même ville, avec un unique narrateur en première personne, et un univers peu développé en dehors de ce qui sert l’histoire directe. Du coup, malgré les critiques élogieuses, j’avais mis ce cycle de côté, ayant du mal à franchir le pas, car trop éloigné de mes goûts.

Mais quand même, j’étais assez intriguée. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir d’aussi bien dans cette double série ? Car oui, pour les personnes qui ne le savent pas, la structure du cycle est assez particulière : il s’agit en réalité de deux trilogies imbriquées formant un ensemble, écrites par deux auteurices. A noter que j’ai d’abord lu Capitale du Sud dans son entièreté sans pouvoir lire en parallèle Capitale du Nord, que ma médiathèque n’avait pas (encore. J’espère). Ce présent article porte donc sur la trilogie du Sud dans son ensemble, sans spoils.

Cette trilogie suit donc Nohamux, aka Nox, un jeune homme évoluant dans la cité de Gemina. C’est un jeune homme un peu lambda, commis de magasin, qui a été adopté par un duc avec sa soeur Daphné après qu’ils ont été retrouvés planqués dans le tunnel assiégé de la demeure paternelle. Parce que leur père, il n’avait pas toute sa tête, et Daphné semble prendre le même chemin… Et il va mettre le pied sur un plateau de jeu meurtrier, dont il va devoir essayer de prendre la maîtrise au lieu de n’être qu’un pion manipulé par d’autres.

Chacun des livres prend sont temps, on passe une bonne partie à juste suivre Nox qui fait la cuisine ou qui se promène. Pourtant, je ne me suis pas du tout ennuyée, j’ai vraiment pris plaisir à juste découvrir la ville et sa musique interne. Et cette simplicité apparente de la vie quotidienne ne fait que davantage ressortir la violence du surnaturel et des manœuvres des uns et des autres. Parce que oui, sans spoiler, le quotidien de Nox et de son meilleur ami Symètre va très vite se retrouver chamboulé… Ce n’est qu’au tome 3 que j’ai senti qu’il me manquait un pan de l’histoire, celle de Capitale du Nord, mais ça ne gêne pas la compréhension de l’histoire de Nox.

Le récit est très maîtrisé, la plume très addictive, si bien que j’ai lu la trilogie en 4 jours. On a vraiment envie de voir jusqu’où ça va aller, comment les personnages vont bien pouvoir s’en tirer. Et on a envie de voir réussir leur insensé projet d’utopie, loin des complots ducaux.

Et surtout, les thématiques m’ont beaucoup parlé. On y parle de liberté, de vivre ensemble sans différence de classe ni d’origine, des valeurs sans cesse en danger. La trilogie parle aussi des histoires, de leur transmission, de ce qu’elles nous apprennent, de la façon dont on peut se les réattribuer, des émotions et des rêves qu’elles suscitent en nous.

Cependant, je trouve quand même qu’il y a un manque d’approfondissement dans cette trilogie, je suis un peu restée sur ma faim concernant l’univers. J’aurais aimé en comprendre davantage sur cette ville, sur la raison de ses doubles murailles, sur la cité miroir, sur les tréfonds et les Serpentaires, et surtout, sur le fonctionnement des plateaux de jeu de la tour de garde. C’est un enjeu central, mais au fond, on ne voit pas grand-chose, ce qui fait que le climax du tome 3 manque un peu de « piquant » je trouve, vu que les enjeux ne sont pas réellement montrés.

J’aurais aussi aimé plus d’approfondissement sur les personnages secondaires et leurs relations avec Nox, en particulier les relations amoureuses, qui sont je trouve, trop rapides à se mettre en place, mais aussi sur la folie de certains personnages (je n’aime pas ce trope, personnellement, je le trouve trop facile, surtout quand elle est sans aucune nuance ).

Cela étant, même si ces aspects m’ont manquée en tant que lectrice (surtout que j’adore les univers développés), je trouve très intéressant le choix de « rester en surface », parce que ça participe à l’atmosphère de conte de l’ensemble. Dans les contes, on n’a généralement que peu d’informations sur l’univers, le fonctionnement de la magie ou les personnages secondaires, après tout. Bref, une question de goût, mais selon moi pas du tout un défaut de l’écriture, au contraire.

Bilan

Honnêtement, le cycle ne m’emballait pas malgré ses excellents retours, mais je ne regrette pas d’avoir franchi le pas ! J’ai lu cette première trilogie en 4 jours, convaincue par une plume addictive et des thématiques qui ne pouvaient que parler à l’amatrice d’histoires que je suis. J’ai regretté qu’on ne plonge pas davantage en profondeur, notamment sur l’univers et les relations entre les personnages, tout en reconnaissant que ça participe à l’effet « conte » du récit. Quoi qu’il en soit, je ne peux que vous la conseiller, et j’attends avec impatience de pouvoir visiter la capitale du Nord.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

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