Le Signal, Maxime Chattam

Le Signal (2018, ed. Albin Michel)

Auteur : Maxime Chattam, Français

Fantastique Horreur

Illustration : Olivier Sanfilipino

Couverture : Philippe Narcisse

La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls. Jusqu’ici, tout va bien. Un vrai paradis. Si ce n’étaient ces vieilles rumeurs de sorcellerie, ces communications téléphoniques brouillées par des cris inhumains, ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents, et ce shérif dépassé par des crimes horribles. Avez-vous déjà eu vraiment peur en lisant un livre ?

Mon avis

J’avoue que malgré sa renommée, je ne suis pas forcément fan des romans de Maxime Chattam. J’avais notamment lu Autremonde, ou du moins j’avais commencé, puisque j’ai abandonné sans même finir le tome 3. J’avais trouvé l’idée de base très intéressante, certains passages très réussis, mais ça ne suffisait pas, à mes yeux, à compenser certaines choses qui me plaisaient moins (dont je n’ai plus le détail, parce que ma lecture remonte !).

Et j’ai un peu eu le même problème avec ce roman. J’aime beaucoup l’idée derrière le roman, j’ai trouvé certains passages très réussis, les personnages attachants, mais j’ai eu plus de mal sur l’exécution. Pour vous expliquer pourquoi, je vais devoir spoiler un peu la structure du roman. Donc si vous ne voulez absolument rien savoir, vous pouvez scroller jusqu’à la conclusion.

En gros, le livre est divisé en trois parties : une première partie avec une succession d’évènements surnaturels inquiétants et/ou trashouille, une seconde où les personnes s’emparent du problème et essaient de comprendre ce qu’il se passe, et la troisième, le climax.

Si j’ai trouvé le livre divertissant mais pas effrayant pour un Gripsou, c’est surtout à cause de la répartition des évènements entre ces trois parties. (D’ailleurs, en parlant de Gripsou, difficile de ne pas penser au Ça de Stephen King, il y a d’ailleurs des références directes à ses œuvres et aussi à celles de Lovecraft, certaines relativement subtiles, d’autres moins, je pense à une scène en particulier à la fin).

La première est fun si vous aimez le gore, mais deux choses m’ont gênée. Déjà, il y a beaucoup trop d’attaques sur cette partie, dans chaque chapitre, il y a un évènement qui se passe. Du coup, au bout d’un moment, je me suis juste ennuyée. Si on est sur un chapitre avec un prota, on sait qu’il va lui arriver un truc effrayant mais sans conséquence pour ellui, si on est sur un chapitre PNJ, on sait qu’il va lui arriver une douille. Et ce pour chaque chapitre. C’est comme dans un film d’horreur, si on vous met un jumpscare, vous allez marcher la première fois, mais au bout du 12e, ça ne vous fait plus rien. Ici, c’est pareil, on finit juste par s’insensibiliser (en tout cas, c’est l’effet que ça a produit sur moi). Le livre ne prend pas le temps d’installer son ambiance, il ne prend pas le temps de nous montrer une ville calme et une famille normale qui plongeraient peu à peu dans la terreur. Il n’y a pas de mise en place, pas de gradation sur les évènements, c’est une alternance d’évènements « légers » ou violents selon si l’on est sur un point de vue important ou pas, sans que le roman ne donne de souffle à ses personnages et ses évènements. Si vous êtes un minimum habitués au genre, il n’y aura pas non plus de surprises sur les « manifestations », qui restent des plus classiques. D’ordinaire, ça me pose peu de problèmes, je n’ai rien contre les classiques, mais à la fin, j’en avais un peu marre qu’on m’ait servi du réchauffé dans tout le livre.

Je pense que la 2e partie est ma préférée. Il se passe moins d’évènements, mais ils sont plus « banals », du coup, ils se révèlent plus efficaces parce qu’on peut davantage se les réapproprier. J’ai aussi apprécié de suivre ce jeu de pistes où les personnages réunissent les différentes parties du puzzle. En plus, les personnages sont loin d’être idiots, et surtout, ils se font confiance les uns des autres et admettent assez vite l’hypothèse d’une cause surnaturelle, les personnages ne passent pas des plombes à nier et à essayer de rationnaliser l’impossible. Ca, c’est vraiment un point que j’ai beaucoup aimé.

Ensuite, le climax. En soit, il n’est pas si mal, mais j’ai trouvé qu’il tombait à plat, en grande partie à cause de la surenchère de la première partie. C’est censé être l’apocalypse, mais elle se passe quasiment en hors champ. On ne suit que les protagonistes (et quelques personnages plus secondaires, mais importants), et les rares fois où il leur arrive quelque chose, c’est beaucoup moins marquant que les attaques sur les PNJ dans la première partie, sans parler du fait que vous n’aurez aucun mal à faire les pronostics quivit/quimeurt. Je pense que j’aurais été davantage impliquée si les évènements surnaturels avaient été graduels, que ce soit en intensité ou en nombre, parce que dans le climax, je n’ai pas senti la dimension apocalyptique du truc. J’ai aussi un peu trop senti l’influence de Stephen King sur certaines scènes. Les clins d’œil, je veux bien, pas de problème, mais il y a un truc en particulier que j’ai trouvé too much à ce niveau. Puis à force de faire des références à SK, on finit forcément par comparer, sauf que le livre a justement du mal à tenir la comparaison.

Sinon, deux bémols concernant des personnages. Warden, déjà, chef de la police locale, qui est presque une caricature de ces personnages détenteurs de l’autorité, mais qui font tout pour cacher les problèmes sous le tapis même quand ils clignotent comme des guirlandes de Noël. Ensuite, l’arc entourant Gemma et Derek et l’agression que celui-ci fait subir à la jeune femme. J’ai trouvé que c’était plutôt bien traité, à vrai dire, mais que cette « side quest » s’insérait mal dans le livre proprement dit. Thématiquement, ça n’a pas grand chose à voir avec l’intrigue principale, et elle n’a pas de conclusion satisfaisante. J’ai eu l’impression que c’était pour faire écho au bully de Ça, de Stephen King. Sauf que dans Ça, ça a du sens à la fois parce que c’est ce qui cimente le groupe à la base, mais aussi parce ça montre l’influence de Gripsou sur la ville et les conséquences sur les comportements des habitants, y compris ceux qui ne sont pas des proies pour Gripsou.

TW : 2 scènes de viols, dont une surnaturelle assez graphique

Bilan

Le livre est addictif, je l’ai lu assez rapidement, et si je lui reconnaît une dimension divertissante avec des scènes inquiétantes ou trashouille plutôt sympa, je n’ai en revanche ressenti aucune frayeur à la lecture, aucune surprise, et j’ai trouvé le climax beaucoup trop sage par rapport à la première partie du livre.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

8 réflexions sur “Le Signal, Maxime Chattam

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