Une pour toutes, Jean-Laurent Del Socorro

Une pour toutes (2022, ed. L’Ecole des Loisirs)

Auteur : Jean-Laurent Del Socorro, Français

Fantasy Historique

Illustration : Mayalen Goust

Julie Maupin court les duels et dégaine à tout va. Elle se produit également sur les plus grandes scènes d’opéra. Elle aime se travestir, collectionner les amants et séduire les jolies femmes. Par amour, elle peut se lancer dans de folles aventures, quitte à mettre sa vie en jeu. Elle combat les préjugés de son temps et conquiert sa liberté pied à pied.
Cette femme hors du commun a grandi à la cour de Versailles et traversé le XVIIe siècle telle une comète. Sa vie est un roman !

Mon avis

Une pour toutes nous raconte l’histoire quelque peu mouvementée de Julie Maupin, née d’Aubigny, une jeune femme du XVIIe siècle qui manie aussi bien les mots et l’épée. L’histoire est bien sûr romancée, déjà parce que l’auteur a pris quelques libertés qu’il évoquera à la fin du roman (ce que je trouve chouette), mais surtout parce que malgré son inspiration d’une figure de l’histoire française, le surnaturel s’est invité à la fête en la personne de Méphistophélès, le diable, rien de moins.

Et c’est très intéressant, déjà parce que les deux personnages ont des échanges souvent assez drôles, mais aussi parce que Méphisto constitue pour Julie à la fois un compagnon et un adversaire, évitant par ailleurs à la protagoniste de se retrouver seule pendant ses aventures. Parce que des aventures, elle en a, et dans plusieurs sens du terme ! Ayant bénéficié d’une éducation assez large, surtout pour une femme de l’époque, la dame n’a pas froid aux yeux… ni sous les couvertures, puisqu’elle accumule les coups d’épées et les coups de cœur. Le texte reste toutefois parfaitement sobre et pudique, il convient donc sans problème à un jeune public.

D’ailleurs, le livre semble cibler un public plus jeune que d’habitude, avec un ton plutôt léger, et une intrigue et des enjeux plus simples que, mettons, la guerre de Sécession. Mais il n’en est pas moins intéressant, loin de là.

Déjà, j’ai apprécié de découvrir cette artiste au caractère bien trempé, et la forme du roman épouse parfaitement sa vie d’artiste, puisqu’elle n’était pas seulement une bretteuse de talent, elle était aussi comédienne et cantatrice. Le personnage de Méphisto ramène bien entendu au théâtre (Faust), et les dialogues sont parfois écrits sous la forme d’échanges en vers. Même dans la narration, le choix des mots, du rythme et des rimes donne un côté chantant au texte.

Toutefois, heureusement que le livre est assez court, car il est un peu répétitif à la longue. Julie est une femme libérée, tu sais c’est pas si facile qui vit dans l’instant présent, un peu égoïste et qui se fiche des conséquences, quitte à s’attirer des ennuis à elle-même mais aussi aux autres. Ce qui engendre un schéma de « vie libre et passionnée=>problème=>fuite=>calme temporaire=>nouvelle passion » et on recommence. J’ai eu un peu de mal à sympathiser avec elle, mais la vie d’une femme émancipée, ça reste chouette à lire.

Bilan

Jean Laurent Del Socorro nous fait découvrir une nouvelle fois la vie d’une femme méconnue de l’Histoire, Julie Maupin, une femme française à qui la soif de liberté a certes conféré pas mal d’ennuis, mais qui a toujours vécu avec passion selon ses convictions, sans se soucier du qu’en-dira-t-on. J’ai pris d’autant plaisir à la rencontrer que la forme fait écho à sa vie d’artiste, même si ses multiples aventures se révèlent un peu répétitives à la longue.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

9 réflexions sur “Une pour toutes, Jean-Laurent Del Socorro

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