Un groupe de Kpop féminin protège le monde des forces démoniaques grâce à leur musique. Leur pire ennemi ? Un boys band… de démons bien décidé à voler l’âme de leurs fans.

Mon avis

Une fois n’est pas coutume vu que j’aime bien planifier mes articles à l’avance, je rédige et publie celui-ci dès le lendemain de son visionnage, parce que vraiment, ce film est excellent.

Pour être honnête, je n’en avais pas entendu parler avant ledit visionnage, et même dans ce cas, je ne l’aurais probablement pas regardé tout de suite, regardant peu de films. Et puis je suis tombée sur cette capture d’écran et l’extrait associé :

Un tigre démoniaque tout bleu avec un sourire aussi charmant ? Ah, forcément, si on me prend par les sentiments… (D’ailleurs, je n’ai pas pu résister à en réaliser un au crochet, avec son potit pot de fleurs^^)

Le film se déroule dans notre monde, en Corée du Sud plus exactement, alors que la tournée mondiale du groupe de KPop féminin Huntrix se termine. Ce sont des femmes tout à fait ordinaires, pas toujours raffinées, appréciant les abdos sculptés, les nouilles instantanées et les pauses en pyjama sur le canap’. Mais ce sont aussi des chasseuses de démons, luttant contre l’invasion aussi bien avec leurs armes qu’avec leur musique : en effet, en suscitant des émotions chez les gens qui l’écoutent, elle engendre une barrière qui sépare les deux dimensions. Des démons parviennent à passer de temps à autre, mais ça évite les invasions massives et le passage du roi-démon. Les démons vont donc décider de se battre sur le terrain d’Huntrix, à savoir la musique, en créant leur propre groupe de boys band : les Saja Boys.

Comme vous vous en doutez avec ce résumé, on a affaire à un film musical, puisque les chansons font partie intégrante du scénario. Elles sont toutefois bien dosées, et surtout très chouettes à écouter, voire réécouter, ce que je compte bien faire. La bande originale est ainsi le premier point fort du film. (Notez que j’ai visionné le film en VO, donc je ne sais pas ce que donne la VF à ce niveau).

Pour continuer sur l’esthétique : le film est aussi très beau et créatif. On a à la fois des scènes magnifiques, colorées, dynamiques, mais aussi des scènes quasiment cartoonesques qui m’ont un peu rappelé le film Turning red/ Alerte rouge (vous savez, la fille qui se transforme en panda roux géant). Certaines scènes sont d’ailleurs extrêmement drôles, mention spéciale à la scène du popcorn (si vous savez, vous savez) ou encore la scène dans le cabinet du « médecin ». Beaucoup apprécié aussi la première rencontre entre les deux groupes, très inspirée d’une scène cliché de K-Drama romantique, avec en plus une chanson dont je ne connais pas le titre mais que j’ai déjà entendue dans des comédies romantiques coréennes (EDIT : je ne sais pas comment j’ai fait pour ne pas tilter tout de suite : il s’agit de Love, maybe, par MeloMance, une chanson qui sert notamment de thème principal à Business Proposal, dont le protagoniste est joué par Ahn Hyo-seop, qui joue ici le démon Jinu. TOUT SE RECOUPE !). On a d’ailleurs une romance très sympathique avec une bonne alchimie entre les deux concernés. Bref, c’est vraiment très fun sur sa première partie.

On a aussi une dimension mythologique, via les démons déjà, mais aussi un duo d’animaux démons aussi adorables qu’attachants vraiment inspirés de la culture coréenne (plus d’infos ici, pour les plus anglophones d’entre vous). Le choix est d’ailleurs porteur de sens dans le cadre de l’intrigue, le tigre repoussant les forces du mal, la pie étant porteuse de bonnes nouvelles.

Mais au fur et à mesure du film, l’atmosphère devient plus sombre et pesante, parce qu’à l’instar du film Nimona qui partage le même esprit, on est là pour s’amuser, certes, mais aussi pour parler de traumas. Ici, on combat les démons au sens littéral (qui sont d’ailleurs une vraie menace), mais aussi ses démons intérieurs.

Rumi, la chanteuse du trio, cache en effet à ses amies un lourd secret, que sa mentor lui a « conseillé » de ne révéler sous aucun prétexte, même à elles, sous peine d’être rejetée. Aussi doit-elle arborer un masque en permanence, devant feindre d’être une personne différente, engendrant perte de confiance, honte d’elle-même, autostigmatisation etc. Métaphore assez évidente des personnes LGBTIA+ dans le placard ou « acceptées » à condition qu’iels paraissent « normales » (les guillemets sont importants). Moins évident peut-être mais analogie qui m’a frappée : les personnes neurodivergentes et psychoatypiques, que l’on contraint à cacher leur stimming ou à endurer les surcharges sensorielles et émotionnelles sans rien montrer de l’extérieur, par « bienveillance », pour qu’iels soient mieux acceptées par le commun des mortels. Et de façon plus large, toutes les souffrances, regrets, insécurités qui peuvent nous toucher pour X raisons, notamment des traumatismes et du mal être (EDIT : Sur Twix, une personne faisait remarquer que les marques démoniques lui faisaient penser à des cicatrices de self-harm, une analogie que je trouve assez pertinente).

Comme pour Nimona, c’est fun, oui, mais il y a un vrai propos de fond pertinent et bien traité.

Pour finir, même si le film possède une vraie fin satisfaisante et émouvante, quelques indices permettent d’espérer une suite. Ce que j’espère, parce que je signe sans hésiter pour un peu plus de KPop !

Bilan

Film d’animation visionné un peu par hasard, et qui s’est révélé une excellente surprise. Très complet, fun, créatif, très beau, avec une chouette bande originale, des personnages bien écrits (même si les personnages secondaires sont peu exploités, la faute au format), de la romance, de l’humour, de l’action, du drame et une thématique sur la différence et les souffrances refoulées.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?