
S04E17 : Ecrire tous les jours
(Transcription : Symphonie)
Les liens vers l’épisode S04E17 : Script : Télécharger / Audio : Youtube ; Elbakin
(Épisode enregistré en confinement.)
C’est un conseil classique qui se retrouve partout et sous bien des formes, parfois prôné comme règle absolue, mais aussi battu en brèche par les professionnels : cette quinzaine, désassemblage de l’injonction !
Mélanie rappelle que tout le monde n’a pas le même rapport à l’écriture, donc que le conseil ne peut s’appliquer à tout le monde ; le seul contexte où elle y trouve une valeur réelle est dans l’avancée régulière sur un projet au long cours. Lionel replace les intentions derrière l’injonction : elle s’adresse premièrement aux débutants qui ont besoin de discipline et de trouver la place d’écrire, mais c’est pour lui le fait de « toucher son projet » qui compte davantage que d’écrire. Enfin, Estelle vante les vertus de la pause et du fait de s’aérer l’esprit, mais rappelle que l’on n’a pas toujours des conditions idéales pour créer. C’est là qu’un ou une professionnel.le œuvrera à créer les conditions qui lui permettront de poursuivre son métier et à transcender les circonstances négatives. (Blog de Lionel Davoust)
Et dans la suite de l’article la transcription de l’épisode. N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires pour évoquer votre expérience !
(A noter que cet épisode n’a pas pu bénéficier de relecture par une tierce personne. N’hésitez pas à me signaler toute erreur ou contresens)
Vous écoutez Procrastination, Saison 4 Episode 17 :
Ecrire tous les jours
Podcast sur l’écriture en 15 minutes.
Parce que vous avez autre chose à faire.
Et qu’on n’a pas la science infuse.
Avec les voix de : Mélanie Fazi, Estelle Faye, et Lionel Davoust.
Lionel Davoust : Écrire tous les jours, c’est le conseil classique tarte à la crème par excellence et qui, en général, suscite les passions. Certains disent que ça a changé leur vie, d’autres disent que jamais ils ne feront ça de leur vie parce qu’ils ne peuvent pas, et puis d’abord, qui vous êtes pour leur dire ce qu’il faut faire ? J’avoue que je le prêche, mais avec des tas de cavéats. Bref, on est partis pour s’étriper sur le sujet, ça va être trop cool !
Qu’est-ce que vous pensez du conseil qui consiste à dire : « il faut que tu écrives tous les jours » ?
Mélanie Fazi : Moi, je l’entends de deux manières différentes, une avec laquelle je suis en désaccord et l’autre avec laquelle je suis d’accord. La première façon dont on peut l’entendre, c’est, en schématisant un peu, un écrivain n’est un vrai écrivain que s’il est tous les jours devant son clavier et son écran, et sinon, il ne se perfectionne pas suffisamment. C’est ce que j’entends souvent. Ce qui me gêne, dans le sens où c’est certainement vrai pour un certain nombre d’écrivains, mais un conseil que je ne finirai jamais de rabâcher, parce que je trouve qu’on ne le dit pas assez, c’est qu’on n’a pas tous le même rapport à l’écriture. Il n’y a aucune recette absolue, ça, je pense qu’on est d’accord.
Et moi, je fais partie des gens pour qui c’est impossible, parce que les idées ne viennent pas comme ça, parce que si je me mets à écrire trop tôt, je bloque le projet, parce que je ne peux pas, en fait. Et je connais d’autres personnes pour qui, au contraire, c’est nécessaire. Et je rajouterais juste que je trouve ce conseil justifié dans un cas de figure spécifique, c’est une fois qu’on est sur un projet, je trouve ça bien de se forcer à avancer par petits bouts pour ne pas avoir des grosses périodes où on va bloquer entièrement.
Après, pour autant, je n’en fais pas un conseil absolu, ça dépend de la personne et du projet. Moi, à titre personnel, ce conseil « va écrire tous les jours » me gêne, sauf dans ce cas de figure particulier. Et maintenant, je vous laisse vous étriper sur le reste.
Estelle Faye : Lionel, toi qui es le grand maître d’écrire tous les jours, je pense que c’est à toi de lancer…
LD : Non, justement, je ne suis pas le grand gourou du « écrire tous les jours »…
EF : J’ai dit « maître », pas « gourou » !
LD : Ah oui, bon – damned ! ça gagne moins cher. J’aime beaucoup la réponse que tu as faite, Mélanie, sur le fait que déjà, effectivement, ça dépend du type de projet, ça dépend du type d’auteur. En général, le conseil d’écrire tous les jours, on le donne à qui ? On le donne aux jeunes auteurs. On le donne aux auteurs qui veulent commencer à faire leur premier roman, leur premier livre, leur premier texte. On ne le donne pas aux gens qui publient régulièrement parce qu’en général, s’ils publient régulièrement, ils ont déjà trouvé leur manière de faire et c’est très bien.
Pourquoi est-ce qu’il est donné déjà ? Il est donné pour combattre la procrastination, la difficulté d’arriver à se mettre à écrire et la difficulté souvent, quand on commence, d’arriver à gravir cette montagne qui paraît immense, qui est écrire un bouquin ou même une nouvelle d’ailleurs. Donc, il suggère effectivement derrière que des fois, il faut une forme de discipline. De la même manière que quand t’apprends à faire du piano, tu travailles ton piano régulièrement si tu veux faire des progrès, tout simplement. C’est ça que ça veut dire derrière.
En plus, moi j’aurais tendance à le nuancer, parce que quand on dit : « ah si tu veux écrire un bouquin, écris tous les jours », bah j’aurais tendance à dire, si t’écris des cartes de vœux et des articles de blog, tu vas bien l’écrire tous les jours, peut-être que ça va t’apprendre des trucs, mais ton bouquin il ne va pas progresser. Donc ce conseil, pour moi, il est utile quand on a l’impression qu’on n’avance pas ou quand on a l’impression qu’on a besoin de se discipliner, déjà. En plus, l’écriture, c’est un travail au long terme qui entraîne des tas de difficultés, et en général, ces difficultés, si on ne fait pas l’effort d’y réfléchir activement, elles ne partent pas toutes seules.
Donc, comme tu disais, Mélanie, je souscris tout à fait à ça, le fait de garder la connexion, pour moi, c’est ça le truc qui est le plus important, qui est derrière l’injonction d’écrire tous les jours, c’est garder le fer au feu, garder le projet conscient à sa tête pour s’y impliquer, et aussi essayer toujours de maintenir la réflexion pour la mûrir et arriver à, des fois, franchir les passages qui sont difficiles.
C’est pour ça qu’en général, ce que je dis, c’est essayer d’écrire une phrase tous les jours sur son projet quand on a du mal, parce que ça pousse à une certaine astreinte et ça pousse à y réfléchir et à garder le lien. C’est un genre de symbole. Mais penser, avoir une idée, y réfléchir activement, ça marche aussi. Et encore une fois, il s’agit simplement de réduire la crainte à l’entrée dans le travail, à le faciliter sur le long terme. Et ça concerne plutôt des auteurs débutants.
Et ça veut aussi dire que des fois, il faut savoir laisser reposer et mûrir. Mais en général, quand on commence, on a plutôt tendance – ce n’est pas le cas de tout le monde, mais fréquemment – on a plus de facilité à se laisser reposer qu’à écrire.
MF : Je voulais juste rebondir sur ce que tu disais sur les articles de blog qui est tout à fait juste, c’est-à-dire, j’écris un article de blog, ça ne fait pas avancer mon projet, c’est vrai. Moi, j’ai tendance à penser que dans les périodes où on n’écrit pas – où on n’écrit pas en tout cas un livre, une nouvelle, un projet de long terme – s’entraîner finalement sur des articles de blog, typiquement sur des petites choses, des petits exercices d’écriture, même des fois un statut Facebook un peu détaillé, même des petites choses comme ça, ça permet d’entretenir la machine entre deux. On a déjà un petit peu abordé ça dans la non-fiction, je pense. Pour moi, c’est aussi un acte d’écriture qui permet un petit peu de roder la machine entre deux. C’était juste une parenthèse avant de laisser parler Estelle et de voir si on s’étripe, ou non.
LD : Juste sur ce que tu dis, c’est juste parce que derrière le fait d’écrire tous les jours, pour moi, il y a deux volets. Il y a l’aspect purement technique qui est que manier les mots, manier le langage, c’est une forme d’habitude et ça fait du bien de l’entretenir de la même manière qu’un pianiste a besoin de se délier les doigts.
Il y a également le fait de travailler sur un projet donné et là, maintenir le lien avec la chose… Il y a Steven Pressfield dans La Guerre de l’Art qui dit – on est d’accord ou pas, mais moi je l’ai régulièrement vérifié – qui est que quand on vainc la résistance à travailler, quand on s’y met et qu’on fait le travail et l’effort, en général, la muse approuve et donne des idées qu’on n’aurait pas forcément eues si on n’avait pas fait l’effort de s’y mettre. Ça dépend comment on fonctionne, mais je sais que sur moi ça fonctionne extrêmement bien.
MF : [rires] Et ça logiquement, ça ne fonctionne pas sur moi. Mais justement, parce qu’on a déjà souvent parlé, on est vraiment radicalement opposés, donc on est les deux exemples.
Je voulais juste rajouter un petit truc avant de laisser parler Estelle. Ce conseil d’écrire tous les jours, je l’avais rencontré dans l’essai Ecriture de Stephen King, qui est un bouquin que j’aime beaucoup, mais qui m’avait agacé sur ça. Et au fur et à mesure que je lisais le livre et que je lisais King décrire son processus d’écriture, je me suis rendu compte qu’en fait, la partie que lui déblaye en écrivant, en s’obligeant à se mettre devant son écran, c’est exactement la partie du processus que moi je déblaye en laissant le truc cogiter tout seul, en laissant mûrir. C’est-à-dire qu’on passe par les mêmes phases, mais on ne passe pas par ces phases du processus de la même manière. C’est-à-dire que certains ont besoin de passer par l’écriture pour faire avancer les idées, d’autres ont besoin d’attendre, et ça j’ai envie de dire c’est non négociable, on est câblé d’une manière ou d’une autre.
LD : C’est important juste, et je laisse Estelle me casser la gueule après. King a une approche très particulière de l’écriture qui donne presque l’impression que si jamais on n’est pas une machine et qu’on n’arrive pas à écrire nos 10 pages tous les jours, 7 jours sur 7, on ne mérite pas de ce métier, c’est loin d’être universel. Énormément d’auteurs ont du mal à s’y mettre et doivent se faire violence pour y arriver, vaincre la résistance comme dit Pressfield dans La Guerre de l’Art. Personnellement, j’en fais partie, je ne m’en cache pas, j’ai du mal à m’y mettre. C’est un boulot, c’est une lutte tous les jours pour arriver à me mettre, comme on dit, les fesses sur la chaise et les mains sur le clavier, mais ça ne m’empêche pas de vaincre cette résistance pour publier des bouquins. Donc, il y a plein de manières de faire. Mais je sais qu’en ce qui me concerne, si je ne me fais pas violence, il n’y a rien qui se fait.
EF : J’interviens après tout ça. Désolée. Non, mais c’est bien, je n’ai pas du tout la pression. Évidemment, la première fois qu’on avait parlé un peu de tout ça avec Lionel, et j’ai aussi suivi toutes les controverses qui sont passées sur les réseaux, ma tendance naturelle serait de dire… Enfin, faut-il écrire tous les jours ? Évidemment, il n’y a pas d’absolu, tout ça, on l’a déjà dit 20 fois. Mais aussi, pour moi, ce n’est pas un conseil qui correspond à ma pratique. Pour moi, au contraire, j’ai des longs temps de maturation des histoires avant de me mettre à écrire. En même temps, j’écris quand même aussi un peu tous les jours parce que j’ai toujours plusieurs projets en cours, mais il y en a un qui va mâturer au fond de ma tête pendant que je suis en train d’écrire l’autre, par exemple.
Ou aussi, il y a des moments quand j’ai beaucoup écrit, je ne vais plus pouvoir écrire la même chose, en tout cas. Par exemple, quand je suis sortie d’une grosse période d’écriture fin 2018, parce que j’avais enchaîné l’écriture des Nuages de Magellan et des Révoltés de Bohen, et ça avait été des écritures très particulières pour plein de raisons où je m’étais, mais vraiment énormément, investie comme jamais. Enfin, c’était deux écritures qui ont un peu été des jalons dans mon parcours d’autrice, et donc vraiment je me suis complètement vidée sur ces deux-là. Et après, je ne pouvais plus écrire du roman en fait pendant un certain temps, et heureusement j’ai pu participer à une résidence de scénario donc je me suis remis à écrire du scénar’, donc ça m’a fait une pause. Il y a un proverbe, probablement limousin, qui court dans ma famille, qui me correspond assez bien, c’est : « se reposer, c’est changer de fatigue ». Donc comme je n’arrivais plus à écrire du roman, je suis allée écrire du scénario. Voilà. Oui, il y a un côté très workaholic dans ma famille du côté limousin, aussi.
Donc, il y a des moments où j’avais énormément écrit de romans et j’ai dû accepter le fait que juste j’étais vidée côté roman et que j’avais besoin de vivre d’autres choses, d’écrire d’autres choses, mais aussi de vivre, simplement de vivre d’autres choses pour me ressourcer et pour me régénérer.
Et vraiment, je vois, dans les périodes normales – parce que là, c’est le podcast confinement – dans les périodes normales, quand je sèche sur un truc, je sors, je vais bouger, je vais complètement penser à autre chose. Et justement, moi, ma manière de me régénérer, c’est au contraire de ne pas rester en connexion avec mon projet, mais de passer complètement à autre chose. Un peu une forme inverse de ce qui a été dit là, maintenant.
Donc ça, maintenant, c’est le monde idéal. Après, il y a aussi : qu’est-ce qu’on cherche en écriture, et qu’est-ce qu’on veut en écriture ? Et ça, il y a plein de manières d’écrire pour plein de raisons. Il n’y en a pas une qui est meilleure que l’autre, mais il y a ceux qui vont vraiment écrire pour se faire du bien avant tout, et c’est super cool. Et il y a ceux qui vont aussi voir écrire des livres régulièrement pour plein de raisons, tenir des deadlines, pour plein de raisons. C’est mon cas. Et il y a des moments dans ces cas-là où le monde n’est pas idéal. On ne peut pas avoir notre pratique idéale et il faut trouver une manière d’écrire quand même. Il faut trouver une manière d’écrire et de tenir un rythme, parce que c’est finalement le plus important pour nous, c’est de tenir un rythme, plus que d’avoir notre setup idéal de pratique d’écriture, plus que de se faire du bien, plus que… Avant tout il faut tenir un rythme. Et là, dans ce cas-là, une certaine discipline, une certaine manière, disons, plus contraignante peut-être de penser l’écriture, est sans doute nécessaire.
Voilà, vu ce que je vous ai dit, je pense que ça ne va pas être un scoop que, en ce moment, la situation n’est pas idéale pour moi psychologiquement, clairement. Ne correspond absolument pas à ma manière d’écrire en général. Et je pense beaucoup à quelque chose que m’avait dit mon prof principal de théâtre quand j’étais à l’American Conservatory Theatre à San Francisco. Ce qu’il a dit, c’est que de toute manière, il y a plein de moments où vous n’aurez pas… Si vous faites ça au sens professionnel… pas au sens « professionnel, c’est mieux », mais juste « vous voulez en faire votre métier », il y a plein de moments où, de toute manière, vous n’aurez pas vos conditions idéales. Et dans ce cas-là, même tout ce qui est négatif dans votre vie aussi, il faut arriver à le mettre dans votre art.
Donc lui, il pensait avant tout dans ce que vous jouez au théâtre, ça marche aussi pour l’écriture, et notamment c’est un des premiers qui m’a fait écrire du théâtre aussi. Et l’idée c’est que tout ce qui n’est pas idéal dans nos conditions avec justement du métier, de l’entraînement, de la discipline, on va essayer de le transcender dans ce qu’on écrit. Et de faire une sorte de réaction alchimique qui fait que tous ces trucs négatifs autour qui sont là et qui veulent nous empêcher d’écrire, on les transcende parce qu’avant tout on veut écrire, parce qu’avant tout on veut avancer et que c’est ça l’essentiel. Et donc on va essayer de mettre toute cette négativité-là, toutes ces émotions qui justement essayent de nous retenir en arrière, on va essayer de les prendre et au contraire de les mettre dans l’écriture. Et là, oui, c’est de l’entraînement, c’est de la discipline, mais il y a des moments, si avancer c’est ce qui est le plus important pour nous, peut-être que c’est là-dessus qu’avant tout on peut s’appuyer.
Voilà. Je ne sais pas si j’ai été hyper claire, il faut me le dire.
LD : Totalement. Et merci pour ce témoignage, vraiment, parce que je pense que c’est aussi important dans l’injonction, cette fameuse injonction d’écrire tous les jours, c’est aussi important de savoir repérer quand il ne faut pas. Et comment arriver à se dire que parfois aussi le cerveau travaille en tâche de fond et il faut arriver à se poser, à laisser incuber aussi de manière non active. Ce n’est pas par hasard qu’on a les meilleures idées sous la douche, c’est que le cerveau est totalement libre de réfléchir à ce qu’il veut. À ce moment-là, il nous sert des cadeaux, justement, quand on ne s’y attend pas.
Derrière cette fameuse injonction d’écrire tous les jours et derrière les éventuelles caveats ou petites cuisines, comme je peux faire, qu’on donne dessus, derrière ça, l’idée est toujours la même, c’est : ne pas se mentir, se dire qu’on n’a pas le temps, se dire que… Robin Hobb, dans ses conseils d’écriture, dit « vous n’aurez jamais plus de temps que maintenant », et je pense qu’elle a raison. À un moment, si l’on veut arriver à avancer sur un projet, sur un roman ou un texte, il faut y réserver du temps. Et si on n’arrive pas à trouver ce temps-là, il va falloir le creuser à coups de pioche dans l’emploi du temps qu’on a, ou alors ça n’avancera pas, c’est sûr. Et cette injonction-là, elle dit juste : si on veut écrire, il faut reconnaître que c’est du boulot et il ne faut pas se mentir pour parvenir à avancer.
EF : Oui, et par moments aussi justement – je pense notamment quand on a quelques romans derrière soi déjà – d’assumer aussi, parce que c’est important pour les jeunes auteurs qui arrivent, que oui il y a des moments où c’est difficile d’écrire, il y a des moments où c’est plus difficile que d’autres, et il y a des moments où cette difficulté fait que, pour plein de raisons, on va laisser un projet de côté, mais il y a des moments aussi où cette difficulté, on va essayer de s’y colleter de notre mieux, de s’y confronter de notre mieux, Et de dire « oui, il y a aussi des moments où je galère, voilà ce que je fais quand je galère, mais que pour moi, c’est plus important d’avancer malgré tout. C’est mes trucs à moi, c’est ma cuisine interne. Peut-être que ça peut vous servir à vous aussi, de se dire : oui, il y a des moments, OK, c’est dur et on avance ». Et de ne pas dire « non, mais pour moi, tout est rose et tout est mignon ».
LD : Complètement, et c’est important de se rappeler de ça. C’est normal de galérer un moment, ça arrive à tout le monde, tous les pros, tous les auteurs, quelle que soit leur expérience. Dans ces moments-là, je souscris à la vision de Pressfield qui dit : « Je préfère pour ma part, même si ça ne fait pas plaisir, je préfère écrire trois pages en me disant « qu’est-ce que c’est mauvais » plutôt que de remettre au lendemain. Parce que le lendemain, si j’ai écrit trois pages mauvaises, je sais que je pourrais y revenir et me dire : maintenant je sais pourquoi elles sont mauvaises et en écrivant ces mauvaises pages, je sais maintenant comment écrire les bonnes, je n’aurais pas fait ça ».
EF : Oui, et puis aussi il y a ce fait que si on se met à écrire, et par exemple en utilisant certaines techniques comme celle de transcender les émotions négatives dont je parlais tout à l’heure, on peut aussi découvrir des choses auxquelles on ne s’attendait pas. Alors que quelque part, si on ne se met pas à écrire, peut-être qu’on ne les découvrira pas. Une des choses que j’essaie de trouver au fil des années, c’est faire la différence entre les moments où, effectivement, je ne dois pas écrire un projet pour les bonnes raisons, et les moments où j’ai du mal à écrire un projet, mais parce que, justement, c’est le moment où je dois me dépasser et où je dois me mettre à écrire. Essayer de faire la différence entre les deux. Après, ça dépend aussi de ce qu’on cherche. Encore une fois, on peut chercher juste à écrire pour se faire du bien, et c’est tout aussi valide. Par contre, quand notre but, c’est avant tout d’avancer et de finir des romans, là, peut-être que les questions se posent de manière différente.
LD : Petite citation pour terminer, à nouveau avec une traduction maison, une citation de Nell Freudenberger qui dit « Je crois que c’est la pratique d’écrire tous les jours qui m’a rappelé que l’écriture n’a rien à voir avec la publication. Elle peut être totalement dissociée et personnelle, ce qui est réconfortant. »
Jingle : C’était Procrastination, merci de nous avoir suivis. Maintenant, assez procrastiné, allez écrire – si vous voulez.
Début 2024, je m’étais donnée pour défi de suivre ce conseil au pied de la lettre, j’avais raconté mon « aventure » ici^^ => https://limaginaerumdesymphonie.fr/2025/01/03/jai-teste-pour-vous-ecrire-tous-les-jours-pendant-1-an/
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