Bohen, Tome 1 : Les Seigneurs de Bohen, Estelle Faye

Les Seigneurs de Bohen (2017, Critic)

Autrice : Estelle Faye, Française

Tome 1/2 du cycle de Dark Fantasy Bohen

Illustration : Marc Simonetti

Je vais vous raconter comment l’Empire est mort.
L’Empire de Bohen, le plus puissant jamais connu, qui tirait sa richesse du lirium, ce métal aux reflets d’étoile, que les nomades de ma steppe appellent le sang blanc du monde. Un Empire fort de dix siècles d’existence, qui dans son aveuglement se croyait éternel.
J’évoquerai pour vous les héros qui provoquèrent sa chute. Vous ne trouverez parmi eux ni grands seigneurs, ni sages conseillers, ni splendides princesses, ni nobles chevaliers… Non, je vais vous narrer les hauts faits de Sainte-Étoile, l’escrimeur errant au passé trouble, persuadé de porter un monstre dans son crâne. De Maëve la morguenne, la sorcière des ports des Havres, qui voulait libérer les océans. De Wens, le clerc de notaire, condamné à l’enfer des mines et qui dans les ténèbres découvrit une nouvelle voie… Et de tant d’autres encore, de ceux dont le monde n’attendait rien, mais qui malgré cela y laissèrent leur empreinte.
Et le vent emportera mes mots sur la steppe. Le vent, au-delà, les murmurera dans Bohen. Avec un peu de chance, le monde se souviendra.

Mon avis

Quand j’ai commencé ma lecture, je me suis dit que ça partait super bien. C’est très bien écrit, un lore fascinant et ancien se dessine, les protagonistes sont tous les trois intrigants dès le début (l’un à un « monstre » greffé dans la tête donc on a envie de réponses, l’autre a des pouvoirs aussi originaux que badass, et on pressent que le troisième ne pourra que ressortir plus flamboyant d’une vie particulièrement tragique et horrible). Du coup, à la fin de ma lecture, je n’ai pas tout de suite compris pourquoi je ne l’avais pas aimé plus que ça, et il m’a fallu du temps avant de mettre le doigt – et les mots – dessus.

Le premier point se situe au niveau du lore. Il est effectivement très intéressant, mais j’ai regretté qu’on ne fasse en définitive que l’effleurer. J’avais envie d’en savoir plus, notamment au sujet de ce fameux empire sur le point de basculer… mais avant le point de bascule. Sauf que, ce n’est justement pas le sujet de ce roman. C’est pas bien grave en soi, mais j’ai trouvé l’univers finalement peu exploité par rapport à son potentiel.

Le second et point principal concerne les personnages, et essentiellement leurs romances respectives. Entendons-nous bien : ce n’est pas que je déteste les romances, il n’y a qu’à voir le nombre de Drama coréens que je regarde, ou mon affection pour certaines séries d’Urban Fantasy (Tori Dawson, pour n’en citer qu’une). C’est aussi intéressant de proposer des romances LGBTIA+ qui s’affranchissent du genre et de la « normalité » (voire même de la sexualité, si on envisage certains personnages comme un couple), mais… J’ai eu du mal à y voir de la romance, en fait. J’ai trouvé que les couples manquaient d’alchimie et et que ça confinait davantage à de la fascination/obsession mêlée à du désir, mais j’ai eu du mal à y percevoir des sentiments. Au point où j’étais plus intéressée par ce qui se passait du côté des personnages secondaires que des personnages principaux, dont les atermoiements m’ont vite lassée.

D’ailleurs, Sainte-Etoile, le personnage qui m’intriguait le plus au début, est une petite déception pour moi, parce qu’on nous promettait un bretteur hors pair, mercenaire, avec un monstre greffé sous le crâne pour on ne saura jamais quelle raison, mais à partir du moment où Sorenz entre dans l’équation, il n’est plus défini que par son obsession pour lui/elle, et même, son obsession sur son physique, même. Je ne vais pas spoiler parce que ce n’est pas dit tout de suite, mais disons que Sorenz a une particularité, et du coup l’obsession de Sainte-Etoile m’a mise un peu mal à l’aise par rapport à ladite particularité.

Et au passage, un détail qui m’a fait tiquer : au début du livre, on nous dit que l’homosexualité est un crime. Mais… ce n’est jamais montré, au contraire. Les 6 personnages de premier plan sont toustes (bon, pour deux d’entre eux, c’est… platonique ? leur relation est un peu difficile à définir, mais la vibe est bien là) impliqués dans des relations LGBTIA+ sans que ça n’ait la moindre conséquence. (Et en plus, aucun problème pour pécho des gens de même genre malgré la criminalisation supposée de ces relations). Alors que concernant la discrimination des morguennes et des sorcières, on nous la montre explicitement, avec des degrés différents.

Et de fait, très vite, j’ai eu le sentiment que les « romances » prenaient l’ascendant sur l’intrigue, reléguant la promesse de révolution aux derniers chapitres, avec plusieurs évènements que j’aurais aimé lire mais qui se retrouvent passés sous ellipse, ou brièvement racontés plutôt que montrés. Sauf que comme je n’ai pas adhéré aux romances, j’avoue que le temps m’a paru assez long jusqu’au final, qui pourtant a réveillé à nouveau mon intérêt. Et je regrette vraiment de ne pas avoir pu passer outre, parce qu’à côté de ça, il y a, je le redis, du très bon dans l’écriture, mais aussi dans les thèmes abordés (chute d’un Empire millénaire qui n’a pas su évoluer, révolution, dangerosité à être soi-même dans un univers intolérant…).

En fait, je me demande si je ne me suis pas sentie induite en erreur par le résumé, d’où des attentes qui ne correspondaient pas forcément au contenu. Parce qu’en soi, le contenu est loin d’être mauvais, au contraire, mais… c’était pas du tout pour moi.

D’ailleurs, n’hésitez pas à aller lire d’autres avis, car ce roman a représenté un coup de cœur pour nombre de personnes. (D’ailleurs, conseil général, hein, si vous aimez lire des avis pour choisir votre prochaine lecture, n’hésitez pas à en lire plusieurs, tout le monde n’a pas les mêmes goûts ni les mêmes attentes !).

Bilan

Le roman est vraiment bien écrit et le lore assez fascinant quoi que trop discret à mon goût, malheureusement je n’ai pas accroché aux personnages ni à leurs relations respectives, ce qui n’a pas favorisé mon immersion. Mais j’ai quand même été suffisamment intriguée et séduite par l’écriture pour vouloir lire le tome 2.

(Une fois n’est pas coutume, je vous spoile mon avis sur le T2, lu depuis la rédaction de cet avis : eh bien ça s’est beaucoup mieux passé, j’ai bien fait de continuer !)

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

5 réflexions sur “Bohen, Tome 1 : Les Seigneurs de Bohen, Estelle Faye

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  2. Ouf je suis contente que le tome 2 soit mieux passé chez toi.

    Je t’avoue qu’avec du recul, je pense que si je le lisais maintenant, peut-être effectivement que je dirais que le worldbuilding est un peu léger, survolé, mais j’ai l’impression que j’ai plus lu ce roman pour l’ambiance et l’aventure. Quant aux romances, j’ai aussi trouvé qu’elles sonnaient creux à l’époque ^^!

    Aimé par 1 personne

    • Je pense que l’ambiance et l’aventure ont effectivement contribué à ce que je tente la suite.
      J’ai cru comprendre depuis qu’à la base c’était vraiment censé être un one shot, et que la suite n’était pas prévue à l’origine, je pense que la fin se serait révélée bien frustrante du coup ^^

      Aimé par 1 personne

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