
La Société protectrice des Kaijus
Auteur : John Scalzi, Américain
One-shot, Science-fiction
VO : The Kaiju Preservation Society, 2022
VF : L’Atalante, 2023
Illustration : Mikael Cabon
Couverture : Victorien Aubineau
Diversité : p de différentes origines, pp nb, pnj LGBTIA+
Ils sont GROS
Ils sont MÉCHANTS
Ils sont MENACÉS D’EXTINCTION
Jamie accepte immédiatement le job que Tom, une ancienne connaissance, lui offre. Travailler pour une société protectrice d’animaux plutôt que livrer des repas est une veine.
Seul problème, les animaux concernés sont des kaijus.
Or, si ces monstres sont les êtres les plus gros et les plus dangereux de cet univers, ils ont besoin d’aide pour survivre, car des entreprises peu scrupuleuses voudraient les exploiter.
Tous ceux qui ont vu Jurassic Park savent que c’est une mauvaise idée…
Mon avis
A moins que vous ne soyez restés dans une grotte depuis 2019 (quelle chance !), vous avez peut-être entendu parler d’un pitit virus qui fout un gros bordel un peu partout depuis, notamment dans notre santé physique et psychologique. On ne le dira jamais assez, mais le mythe de l’auteur qui doit être torturé et déprimé pour pondre des livres, hein, bon (spoil : pour moi, ça marche pas). Et ça n’a pas marché non plus pour John Scalzi, ainsi qu’il l’expose en clôture de livre (c’était d’ailleurs très intéressant, merci beaucoup à l’auteur d’avoir raconté la génèse de ce roman !). Difficile d’écrire un roman grave et sérieux quand tout par à vau-l’eau autour de soi.
Le roman commence donc en pleine pandémie Covid, juste avant le confinement. Le protagoniste et narrateur, employé dans une grosse entreprise, se voit viré du jour au lendemain sans raison valable après s’être fait piquer ses idées d’amélioration par le dirigeant. Il se retrouve donc renvoyé chez lui avec ses deux colocs sans ressources financières et passablement écœuré. Et c’est là que les grosses bêbêtes promises entrent en jeu, ramenant un peu de merveilleux et de sens dans la vie du personnage, mais aussi un peu dans la vie des lecteurices…
En tout cas, j’ai vécu cette lecture comme un vrai souffle de fraîcheur entre deux actus déprimantes. Ici, il n’est pas question d’empêcher un kaiju de détruire une ville à coup de missiles ou d’avions de chasse (je suis la seule à avoir eu les yeux mouillés à la fin du Godzilla de Emerich ? Pauvre Godzilla 😥 ), au contraire, les personnages se dédient à l’étude et à la protection des kaijus, dans une sorte de réserve naturelle de la taille d’un monde.
Godzilla… Réserve naturelle… Kaijus… Eh oui, sans surprise, ce roman est bourré de référence à la SF et la pop-culture, mais sans que ça ne gêne une seule seconde la compréhension. Certaines sont évidentes et d’ailleurs parfaitement assumées, d’autres sont un peu plus inattendus. Il y a aussi une atmosphère scientifique tout le long du livre, puisque les personnages que l’on suit ont toustes des doctorats (enfin, presque toustes ^^). J’ai dû arrêter au bac +3, mais ça m’a paru suffisamment crédible pour ne pas sortir du livre une seule seconde, et ça m’a rappelé mes vieux rêves d’enfance de devenir spécialiste des félins/serpents/chauve-souris ou cryptozoologue. Le sens of wonder est également présent, avec ces espaces gigantesques et ces montagnes ambulantes curieusement attachantes que l’auteur a choisi de ne pas décrire, à la façon des « horreurs indicibles » de Lovecraft, histoire de nous laisser imaginer ce qu’on veut.
Puisque nous parlons des personnages, j’ai adoré leurs interactions et leurs taquineries, via lesquelles on sent toute leur camaraderie et leur affection réciproque. C’est d’ailleurs l’un des gros points forts à mes yeux : c’est bourré de bienveillance, que ce soit vis à vis des kaijus ou entre les personnages (quelle que soit leur origine ou leur genre, d’ailleurs). Ce sont aussi de vrais scientifiques crédibles et soucieux de ce qu’ils étudient, pas du genre à enlever leur casque sur une planète inconnue où pourraient y avoir des parasites (ouais, tavu, moi aussi je fais des références !).
Le seul point faible que l’on pourrait trouver (ça n’en n’a pas été un pour moi, mais je conçois que ça puisse en être un, de même que l’avalanche discontinue de traits d’humour) : la simplicité. L’intrigue ne recèle aucune surprise, on voit tout venir à trois kilomètres, il y a des coïncidences, des grosses ficelles etc. mais pour moi, l’intérêt du livre n’était pas là de toute façon. C’est un livre feel-good, chill, qui vous propose juste de marcher à côté des kaijus le temps d’une lecture (promis, si vous suivez les consignes, tout se passera bien !)
Cela étant, qui dit simple ne dit pas simpliste. Le tout reste parfaitement cohérent, et il se permet même quelques petits messages et une certaine critique du capitalisme et de l’exploitation des gens et de l’environnement.
Bilan
Ce roman, je l’ai lu d’une traite en une soirée (ce qui fait toujours un peu culpabiliser vu le temps et l’énergie qu’il a fallu pour l’écrire). C’est vraiment le livre qu’il me fallait au bon moment : fun et intéressant, simple mais aucunement simpliste, bourré d’humour, de références pop-culture, de personnages attachants et de bienveillance…
… et de grosses bêbêtes 😀
Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?
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Merci pour le lien ! Je trouve comme toi que le fait qu’on voit arriver les ficelles n’est pas spécialement problématique parce que ce livre assume jusqu’au bout son statut de divertissement. Il est là pour qu’on passe un bon moment et il fait le job.
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C’est ça. Je pense que j’aurais « râlé » pour un livre sérieux, mais là ça faisait un peu partie du contrat donc bon ^^ en tout cas, je pense que ça fera partie des livres que je relirai en cas de coup de mou 🙂
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Vous vous êtes donnés le mot pour me tenter 🙂 Le côté bienveillant m’attire beaucoup…
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Plus le temps passe, et plus j’ai du mal avec les univers « dark » et pessimistes, du coup ce livre se mange comme un bonbon^^
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Je comprends alors heureusement que ce genre de livre existe 🙂
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Merci pour le lien.
Ben, je fais partie des râleurs qui auraient bien voulu un peu plus. Même si comme beaucoup, j’ai passé un bon (et rapide) moment en lisant ce roman.
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Je comprends tout à fait que ce ne soit pas suffisant pour tout le monde, les ficelles sont quand même vraiment très grosses ^^ Clairement, si j’avais moins accroché, j’aurais moi aussi ressenti des manques à ce niveau. C »est passé parce que j’en attendais pas plus à ce moment-là^^
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(Et toutes mes excuses pour le terme « râler », c’était surtout pour signaler que pour un autre livre, je n’aurais probablement pas été aussi accommodante par rapport à ce point. C’est vraiment le fait que j’ai autant accroché avec le reste que je lui ai « pardonné » cette simplicité d’intrigue).
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Ah mais ne t’inquiète pas, je ne l’ai pas mal pris. Au contraire. j’aime bien râler de temps en temps. Moi aussi, j’aime beaucoup Scalzi et je l’ai déjà vu capable de bien mieux. Mais parfois, aussi, de se laisser un peu aller. Mais après tout, il écrit beaucoup, on ne peut pas toujours être trop exigeant avec lui. Bref, ce n’est pas mon Scalzi préféré, mais il n’est pas infamant pour autant. Je me suis bien amusé.
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(Tant mieux, mais je reconnais quand même que c’était un peu maladroit de ma part, donc je préférais éclaircir aucazou^^).
C’est le premier livre de Scalzi que je lis, du coup comme ce n’est pas forcément représentatif de ce qu’il fait d’habitude a priori, je suis curieuse d’aller explorer le reste de sa biblio 🙂 Tu me conseillerais de commencer par lequel ?
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Pas évident, comme question.
Si tu as aimé le côté léger, tu peux aller vers Redshirts ou Les Enfermés et Prise de tête.
Si tu veux, toujours le côté léger, mais un peu plus de fond, je te conseillerais plutôt La controverse de Zara XXIII ou la série de L’interdépendance. Voire, sa première série, Le Vieil homme et la guerre.
Tu as du choix, veinarde !
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Merci pour les reco’, ça me fait un point de départ comme ça 😀
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Ah! un bon Scalzi à me mettre sous la dent. Surtout que tu conclues avec tous les éléments que j’aime!
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Si tu tentes l’aventure, j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi alors 😀
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