Vermines, Sébastien Vaniček (2023)

Vermines

2023, Film Epouvante/Horreur Français

De Sébastien Vaniček

De quoi ça parle ? Face à une invasion d’araignées, les habitants d’un immeuble vont devoir survivre.

Trailer

Note : Je donne mon avis sans spoils majeurs, mais si vous ne voulez absolument rien savoir du film, allez plutôt le voir^^ Je ne recommande pas la lecture de cette avis aux arachnophobes, mais les arachnophobes n’ont probablement pas cliqué sur cet article de toute façon.

J’ai toujours aimé les films de monstres et d’attaques animales, quand j’étais ado j’en regardais beaucoup. Cela inclut les films d’araignées, même s’il y en a curieusement peu, et encore moins que je trouve efficace (en dehors de Arachnophobia (1990), que j’aime beaucoup). Du coup… un film d’horreur… français… avec des araignées… évidemment que j’avais envie de voir ça !

Sans surprise, on n’échappe pas à certains clichés du genre, ce qui rend le film assez prévisible par moments (sur la mort de certains personnages notamment), voire peut gêner un peu la suspension d’incrédulité : c’est juste impossible de passer de 1 bestiole à plusieurs milliers en moins de deux jours, surtout aussi balèzes. Mais bon, c’est attendu, je ne lui jette pas le caillou, faut bien que ce soit fun à regarder.

Heureusement, les araignées elles-mêmes ont un rendu très réaliste, d’ailleurs beaucoup de vraies araignées ont été utilisées sur le plateau, et ça se ressent. Autre point intéressant qui renforce l’immersion et le malaise, c’est que les araignées choisies ressemblent beaucoup aux tégénaires que l’on croise facilement dans les maisons (mais si, vous savez, les grosses avec des grandes pattes qu’on a beau savoir parfaitement inoffensives… mais qui nous mettent pas franchement à l’aise). Les araignées sont bien présentées comme des animaux, pas comme des monstres : elles ne sont pas maléfiques et n’agressent pas par plaisir, mais si elles se sentent en danger, elles vont évidemment faire en sorte de se protéger. Et si la cachette n’est pas possible ou éventée, eh bien il ne reste plus que l’attaque (sans spoiler, j’aime beaucoup la dernière confrontation, intéressante et intelligente).

La mise en scène est très efficace, avec des plans superbement travaillés, et un beau travail sur le son, que ce soit la bande originale ou les effets sonores des bestioles. C’est assez léger pour que ça ne sorte pas du film, mais ça fait son petit effet quand même^^ D’ailleurs, j’ai remarqué une différence intéressante lors des scènes de « morts » . Quand les araignées attaquent/tuent, il y a une certaine… pudeur dans la mise en scène. Soit parce que c’est presque en arrière plan, soit parce qu’on a un travail sur l’image qui va soit flouter soit obscurcir la scène. En revanche, quand des humains se montrent violents envers d’autres humains, la mise en scène n’épargne rien, j’ai trouvé que c’était plus violent/marquant que les attaques de bestioles, et vu les messages du film, je pense que ce n’est pas pour rien.

Mais même si c’est léger niveau gore en ce qui concerne les araignées, le film met le paquet sur la tension et le sentiment d’oppression. Le film prend son temps à démarrer, pour présenter ses personnages et ses décors, mais une fois que ça commence… ça ne s’arrête plus jusqu’à la fin. Le cadre de l’immeuble est parfait pour la tension, avec ses couloirs étroits, ses escaliers glissants et sa lumière capricieuse, et le film s’en sert à merveille. Je pense en particulier à deux scènes, qui paraissent très longues et qui sont hyper tendues : la scène du couloir avec son magnifique travelling en spirale qui accentue la sensation claustrophobe, et la scène du 1-2-3 soleil dans les escaliers (si vous avez vu le film, vous savez). Je ne suis pas arachnophobe, ce genre de films me fait rarement peur, mais il y a plusieurs scènes qui mettent franchement mal à l’aise (et j’adore la scène de la salle de bain, parce que je pense que je ne suis pas la seule à avoir un souvenir de ce genre ^^). Notons quand même quelques pointes d’humour, qui ne cassent jamais le rythme ou la tension du film.

Nous avons donc non seulement un film de genre efficace, mais en plus, il est intelligent dans ce qu’il raconte et dans la manière dont il le raconte, avec plusieurs thèmes qui ressortent.

Le premier thème qui nous frappe dès le début du film, c’est le trafic illégal d’animaux, prélevés dans leur milieu naturel sans aucune vergogne, pour ensuite être revendus et élevés dans des conditions pas folichonnes. D’ailleurs, j’ai bien aimé que le film montre que Kaleb, le personnage principal, détient des espèces exotiques dans de mauvaises conditions, mais sans lui jeter l’opprobre pour ça : c’est un passionné qui aime vraiment ses bestioles, qui fait ce qu’il peut avec ce qu’il a, mais il n’est pas « mauvais ». Sauf que même avec les meilleures intentions du monde, si on fait n’importe quoi, il peut y avoir des conséquences (les conséquences IRL c’est plutôt la mort de l’animal en question, mais ce serait moins fun à regarder).

Et je vais mettre dans le même parapluie les autres thèmes, parce qu’on va parler un peu des personnages humains : le racisme/la xénophobie/les préjugés et la rupture de communication.

Le film se passe dans une barre HLM de banlieue qui aurait besoin d’un bon ravalement intérieur, principalement habitée de personnes Noires ou d’origine arabe, avec une concierge asiatique. Des personnes que l’on sent parfois démunies, mais on ressent malgré tout une certaine chaleur et un respect entre certains habitants. Et même s’il les aime clairement, on ressent une certaine solitude en Kaleb, qui souffre des préjugés de ses voisins, qui le voient comme un dealer de drogue (alors que pas du tout, en plus il essaie plutôt d’aider les autres, même si ce n’est pas forcément bien reçu), mais aussi d’une certaine solitude, puisque la communication s’est retrouvée rompue avec sa sœur, mais aussi avec son meilleur ami, ce qui a conduit à leur éloignement et leur incompréhension mutuelle, générant méfiance et violence entre eux. On retrouve aussi cette thématique entre les jeunes et les forces de l’ordre, et si on comprend assez vite le double sens du mot « Vermines » dans ce film, ça se révèle encore plus dans le climax. Les personnages sont très bien écrits, attachants, et certaines scènes sont franchement émouvantes, y compris avec des personnages secondaires (je ne sais pas pourquoi, mais la scène avec le vieil homme et ses verres m’a particulièrement fait mal au cœur). Cette thématique humaine est ainsi « métaphorisée » par l’utilisation des araignées, qui sont elles-mêmes mal comprises : que ce soit des animaux ou des humains, quand ils sont maltraités, voire acculés, on risque d’obtenir en réponse de la méfiance, de l’agressivité, voire de la violence.

Bref, c’est un film d’horreur/thriller horrifique, mais aussi un drame humain, et les deux aspects sont liés de façon efficace et intéressante.

Bilan

Vermines est un film d’horreur divertissant avec une bonne mise en scène, une tension efficace et une écriture intelligente, mais aussi un vrai drame humain aux personnages attachants.

Si vous êtes arachnophobe, ne regardez pas ce film par contre. Sérieux.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

(Et on n’oublie pas, très peu d’araignées sont dangereuses pour l’homme, mais elles sont dangereuses pour les moustiques. Et personne n’aime les moustiques.)

12 réflexions sur “Vermines, Sébastien Vaniček (2023)

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  2. Tiens, tu me donnes envie de le voir. Malgré les clichés, il a l’air de proposer des thématiques traitées de manière intéressante ! Et puis, c’est bon, je ne suis pas du tout arachnophobe, ma maison est souvent blindée d’araignées dans toutes les pièces. ^^

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