Après avoir vu Suzume au cinéma, je me suis dit que quitte à vous en parler, autant en profiter pour revenir au passage sur deux autres films d’animation du réalisateur Japonais Makoto Shinkai, produits par le studio CoMix Wave Films : Suzume, Your name, et Les enfants du temps.

La première chose qui frappe avec ce film, c’est que c’est BEAU ! Entre les décors absolument sublimes et la musique enchanteresse, il y a déjà de quoi passer un bon moment, d’autant que le film nous propose un road-trip à travers le Japon. L’intrigue est prenante, on sent bien la menace que représente le Ver du Monde Eternel à chaque fois qu’il arrive à traverser une Porte, probablement inspiré de Namazu, le poisson chat géant qui provoque des séismes quand il se secoue.

C’est aussi drôle (Vous ne regarderez plus vos chaises de la même façon. Ni votre chat.), et émouvant, d’autant que les émotions sont justement au centre du film, notamment à travers le deuil, la résilience et la solitude. Suzume et sa tante ont du mal à communiquer à cœur ouvert, elle peine à faire le deuil de sa mère et à aller de l’avant, les Portes naissent des lieux abandonnés par les émotions humaines, et la divinité Daijin est à la recherche de liberté et d’affection, même si ses méthodes manquent un peu de scrupules, il faut bien l’avouer. (Mais il est tellement mignon <3) Le film tourne aussi autour des catastrophes naturelles et leur impact tragique, revenant en particulier sur le séisme de 2011 via le drame personnel de Suzume. Quant à la fin, elle est à la fois épique et vraiment touchante, avec une belle évolution du personnage principal.

Le film est plutôt drôle dans sa première moitié, puisqu’on assiste aux échanges de corps aléatoires et réguliers de Mitsuha, une jeune lycéenne vivant dans une petite ville montagnarde, partagée entre une famille maternelle traditionnaliste et ses désirs d’ailleurs, et Taki, un lycéen de Tokyo qui doit jongler entre ses cours et ses petits boulots. Fatalement, les deux s’en donnent à cœur joie pour découvrir leurs corps d’emprunt et surtout mettre un peu de couleurs dans leurs vies respectives, s’appréciant de plus en plus au fil du temps et rêvant de se rencontrer enfin. Tout ça, c’est bien amusant, mais à un moment j’ai commencé à me demander vers quoi on allait au juste.

Et puis, milieu du film : retournements qui le font basculer dans une toute autre ambiance et dévoilent ses enjeux et thématiques. Fossé générationnel, mémoire des traditions dont on perd les significations, mémoire des évènements qui disparaît en un instant tant qu’ils ne nous concernent pas, alors même qu’ils s’avèrent dévastateurs pour d’autres, et pour longtemps. Le film est très beau, et cette histoire d’amour entre ces deux adolescents est très touchante.

Sans surprise, encore un très beau film, que ce soit au niveau des visuels (les effets de lumière sont magnifiques !), de la musique ou de l’histoire. Je suis toutefois un peu plus mitigée que pour les deux autres films. J’aurais aimé en découvrir plus sur cet univers, avec ces filles du soleil et de la pluie dont les prières parviennent aux oreilles des dieux avec de terribles conséquences pour elles, ou ce monde dans les nuages dont les aperçus sont fascinants. Je comprends que ce ne soit pas le cœur du récit, mais ça ne m’empêche pas de regretté de ne pas en avoir eu plus^^

La thématique sociétale est très forte et touchante, avec ces deux jeunes qui sont considérés comme des délinquants alors qu’ils se débrouillent comme ils peuvent, sans l’appui d’adultes qui n’essaient pas toujours de comprendre leur situation et leurs souhaits. Je suis moins convaincue par la thématique du dérèglement climatique, surtout à la fin du film, je ne suis pas sûre de ce que le réalisateur a essayé de dire.