Conception d’un univers : La représentation des handicaps dans l’Imaginaire

Sans trop donner de détails tant que ce n’est pas sorti (des fois que je serai coupée au montage, on ne sait jamais^^), on m’a généreusement invitée à intervenir dans le cadre d’un podcast sur la représentation des handicaps, rapport à l’article que j’avais publié l’année dernière. Et je les en remercie vivement ! (J’en reparlerai plus officiellement le moment venu).

Je ne suis pas à l’aise à l’oral, première fois que je participe à une telle expérience, très intéressante par ailleurs, et sur un sujet que je maîtrisais moyennement, vu que le podcast en question était essentiellement tourné vers Le Trône de Fer, et que ça remonte loin. Fatalement, je doute que j’aie toujours été claire, je me suis emmêlée plusieurs fois les pattes, et puis je passais mon temps à me dire « mince, j’ai oublié de parler de ça, zut, on a changé de partie, trop tard pour intervenir ». Tant pis. Normalement, il y aura une seconde partie plus générale, j’essaierai de faire mieux^^

Toujours est-il que ça a fait cogiter un peu le hamster, et j’avais envie de vous partager quelques (nouvelles) réflexions générales sur la représentation des handicaps dans l’Imaginaire.

Ce dont je vais parler s’applique évidemment à la fiction en général, ça peut aussi s’appliquer à la représentation d’autres minorités, mais on va rester sur un angle que je connais un minimum, histoire de limiter les erreurs que je pourrais commettre^^

Différents degrés de représentation

Je vous parle de représentation, mais qu’est-ce que c’est, finalement ? Parce qu’en réalité, à mon sens, il y en a de plusieurs sortes, que je vais essayer de vous expliquer (je rappelle que c’est mon point de vue sur la question, toussa, rien d’officiel là-dedans, hein). Pour chacune, je vais essayer de proposer des exemples connus pour vous aider à figurer la chose. Je prends par ailleurs la notion handicap au sens large, y compris les maladies chroniques, et tout ce qui est dépression, anxiété etc.

Harold, jeune Viking avec une prothèse à la place du pied, accompagné du Dragon Krokmou, avec une prothèse remplaçant la moitié de son aileron caudal

Le degré 0 : absence de représentation

Bon, mon intitulé parle de lui-même. En soit, ce n’est pas forcément problématique, ne serait-ce que si vous avez un casting réduit, la représentation peut paraître plus artificielle qu’autre chose, et puis tout dépend du milieu dans lequel évoluent vos persos (sans parler du fait que si on remonte dans le temps, on se questionnait moins sur ce type de sujets). Mais des fois, cela soulève des questions de cohérence sur l’univers :

Exemple : Vous votez Poudlard, l’école des sorciers dans Harry Potter, avec ses trillions d’escaliers qui, en plus, BOUGENT ? Quand je regardais les films à l’époque, je ne pouvais pas m’empêcher de m’interroger au sujet de potentiels handicaps. Je veux dire, que vous soyez en fauteuil, malvoyant, avec des problèmes d’orientation… cette école est tout simplement inaccessible. Alors quoi ? Les sorciers ne peuvent ni tomber malades, ni vieillir, ni être handicapés ? Parce qu’il y a les élèves, mais aussi les profs. Bref, perso je trouve que ce n’est pas franchement logique, et en plus, ça induit l’idée que, si vous êtes handi, pas d’école pour vous, déso !

Le degré 1 : la représentation de surface des figurants

Là, je suis peut-être moins claire. Qu’entends je par là ? Que les handicaps existent dans l’univers, mais qu’ils restent en arrière plan, puisque les personnages sont des figurants qui n’ont même pas forcément de nom, pour ne pas parler d’un arc narratif.

Personnellement, je suis quand même contente de la voir, ça peut signifier parce que l’auteurice n’est peut-être pas à l’aise pour traiter de ce type de sujets, mais qu’iel s’est au moins posé la question, et qu’en soit, les personnes handicapées y ont leur place. Une façon de dire : « cette histoire ne parle pas de vous, mais vous existez, vos histoires ont le potentiel d’exister dans cet univers ». C’est pas le degré le plus intéressant, effectivement, que ce soit en terme de représentation ou de narration, mais il raconte quand même quelque chose.

Exemple : Dans le film Alerte Rouge, on y voit une petite fille diabétique. C’est certes subtil et on peut facilement louper l’information surtout quand on n’est pas concerné, mais on a fait le choix conscient de mettre un personnage malade chronique pour ce rôle au lieu d’un valide.

Le degré 1.5 : la représentation « nommée« : vite oubliée et/ou à peine mentionnée

A la base, j’avais inclus ce cas de figure dans le degré 2, mais finalement je trouve intéressant de le traiter à part.

Ici, notre personnage handicapé a un nom, c’est un personnage important avec un arc narratif. Sauf qu’on a vite fait d’oublier que ce personnage est handicapé tellement c’est anodin dans son écriture. Bref, c’est surtout esthétique, ou pour produire un bref effet « choc », mais ce n’est jamais un sujet. L’intérêt est assez similaire au degré 1, si ce n’est que là, on a potentiellement le droit à des handi badass. Mais comme pour le point précédent, ça dit quand même quelque chose sur l’univers. Mais l’intérêt dépend aussi de comment c’est fait…

Exemples : En réalité, il y a deux types d’exemples.

Les « handicapés… mais en fait non, ça va », qu’on va guérir par magie ou dont on va tellement compenser le handicap qu’il disparaît : Luke Skywalker dans Star Wars, parce que j’oublie sans arrêt qu’il a une main coupée ; ou Daredevil, parce que même si c’est une partie intégrante du personnage, bon…

Et dans les représentations purement esthétiques mais avec des personnages importants, notons par exemple Dujak Unbras dans Le Livre des Martyrs, qui… n’a qu’un bras, donc, mais qui n’est pas gêné plus que ça ; dans le même genre, on peut citer Shanks, dans One Piece.

Le degré 2 : la représentation « nommée » avec handicap participant à l’arc narratif

Ouais, mes intitulés sont de plus en plus capillotractés, désolée T_T

Ici, le personnage handicapé n’est plus un figurant, c’est un vrai personnage qui aura (si l’écriture est réussie) un arc narratif, avec un handicap pris en compte dans son écriture, mais dont le handicap n’est pas la thématique centrale du roman. A titre personnel, c’est le degré qui m’intéresse le plus. Par contre, ça peut vite être casse gueule si c’est mal fait, on peut vite tomber dans des clichés de personnages ou des biais de représentation, surtout si on n’est pas concerné par le handicap que l’on représente (et même quand on est concerné, en fait, ça ne donne pas la science infuse non plus, et je m’inclue dedans). Cela suppose en tout cas un minimum de recherches de la part de l’auteurice, ne serait-ce que pour éviter les incohérences et proposer un personnage crédible et intéressant.

Exemples : Je vais essayer de ne pas trop citer d’exemples, parce qu’il y en a plein que j’aime bien, en vrai. On peut citer Tyrion dans Le Trône de Fer/Game of Thrones, bien sûr, même si Martin n’échappe pas à quelque biais ; Edward Elric dans Fullmetal Alchemist ; Toph dans Avatar Le Dernier Maître de L’air, Krockmou dans le premier film Dragons (parce qu’après, il devient plus autonome donc son handicap, on l’oublie un peu), Kaladin et Shallan dans Les Archives de Roshar etc… (En vrai, Daredevil devrait être dans cette catégorie là, mais c’est tellement exagéré que, hein, bon (oui, c’est de l’argument de compet, tavu ?))

Le degré 3 : la représentation en thématique centrale de l’oeuvre

Le problème que j’ai avec cette catégorie, c’est que souvent, en tout cas en ce qui concerne des oeuvres populaires, c’est fait par des valides, pour des valides, avec parfois pas ou peu d’implication de personnes concernées, avec des ambiances leçon de vie et compagnie. Mais quand c’est bien fait, notamment en ownvoice, et bien ça peut être très intéressant et pertinent.

Exemple : Je ne connais pas d’oeuvre d’Imaginaire POPULAIRE à mettre dans cette catégorie, mais je pense par exemple à Intouchable. Mais j’ai quand même envie de mettre Eau douce de Akwaeke Emezi dans cette catégorie, pour donner un exemple que je trouve intéressant et bien écrit, avec un handicap quand même très central même si ce n’est pas l’unique thématique.

Bonus : Les métaphores.

Là, c’est assez spécifique à l’Imaginaire. Je parle de personnages non-humains qui ne sont pas handicapés à proprement parler, mais dont les caractéristiques évoquent des handicaps.

Exemples : Call, l’androïde d’Alien 4, ou Andy, dans Alien Romulus, qui sont des androïdes mais dont le comportement peut évoquer celui de personnes neuroatypiques, notamment autistes. Mais iels sont pas autistes, vu que c’est des androïdes, donc.

Toph, jeune femme aveugle (mais déterminée)

Quelques clichés de représentation

Pour cette partie, je vous renvoie essentiellement au super article de DroZO, sur le site de La Garde de Nuit, parce que franchement, il est très complet et intéressant, avec plein d’exemples.

J’aimerais juste ajouter un mot sur le sujet.

J’ai l’impression que concernant les handicapés en fiction, on représente rarement les handicapés « ordinaires », celleux qui sont majoritaires dans la vraie vie véritable, celleux que vous croisez tous les jours, peut-être sans le réaliser. Celleux qui s’ignorent, aussi, faute de représentations nuancées et… représentatives, paradoxalement.

Parce que ce qui intéresse la fiction, et la représentation en générale, ce sont des profils que j’appelle « spectaculaires » dans le sens où ils se voient à l’écran, où ils captent l’attention, où ils se déploient dans toute leur singularité par rapport aux valides, avec aussi une idée de performance, de mérite. Je ne dis pas que ces profils n’existent pas. Je ne dis pas qu’ils ne sont pas intéressants, ni qu’il ne faut plus les représenter Je dis juste qu’on les voit beaucoup, tellement qu’ils donnent l’impression qu’il n’existe pas de nuances, et surtout, que seuls ces profils là méritent d’être représentés.

Je parle des personnages handicapés « supérieurs », que ce soit par leur intelligence géniale ou leurs prouesses que même les valides envient ; des personnages à qui leurs handicaps donnent accès à des formes de sagesse ou de clairvoyance ; des personnages qui ont transcendé leur handicap au point qu’ils sont les plus heureux du monde, au point qu’ils deviennent des leçons de résilience. Ou a l’inverse, des personnages que des valides vont devoir sauver d’eux-mêmes tellement iels sont au fond du trou.

Les handicapés ordinaires, celleux qui ne sont pas des génies, qui n’excellent pas dans un domaine, qui ont des jours avec et des jours sans, qui ont des galères et des plaisirs comme tout un chacun. Bien sur qu’il existe des personnes handicapées impressionnantes. Mais on ne devrait pas avoir besoin de l’être pour mériter qu’on parle de nous ou qu’on vive des aventures par livre ou écran interposé.

La diversité des handicaps, la diversité des personnages

La question de la représentation des handicaps est complexe à plus d’un titre. Bien écrire un personnage, c’est déjà compliqué, mais si en plus on y ajoute la représentation des minorités, c’pas évident. En plus, des handicaps, il y en a pleeeeeeeein, et certains sont plus représentés que d’autres. Autrement dit, on a besoin de davantage de représentation, histoire de proposer des nuances dans la représentation d’un même handicap.

Mais vous savez ce qui est encore moins représenté que des personnages handicapés ?

Des personnages handicapés issus d’une AUTRE minorité.

Si vous réfléchissez aux personnages handicapés que vous connaissez, vous remarquerez sûrement qu’il s’agit en grande majorité de personnages… Blancs (et cis. Et hétéro).

Genre, vous pouvez me donner des noms de personnages handicapés Noirs dans l’Imaginaire ? Suzanna dans La Tour Sombre ? Ok. D’autres ? Aster dans L’incivilité des fantômes. Ok. N’empêche, pas évident, hein ? Maintenant, des personnages Asiatiques handicapés. Non, les aveugles maîtres des arts martiaux, ça compte pas. Un personnage transgenre et handicapé ? Stanley dans Stanley n’est pas mort, certes, mais c’est pas l’œuvre la plus connue au bataillon. Dans tous les cas, si on peut trouver quelques exemples, on se rend vite assez compte de quel côté penche la balance.

Bref, vous avez compris ce que je veux dire, ce serait bien aussi qu’en plus de représenter une variété de handicaps, ce serait bien aussi de représenter une variété de personnages tout court.

Livre L’incivilité des Fantômes, présentant une femme Noire au premier plan, de dos, confronté à des personnages Blancs

Et les personnes, alors, dans tout ça ?

Un moyen de proposer un plus large panel de représentations, et d’améliorer la représentation en général, ça se passe aussi au niveau des PERSONNES, des autrices et auteurs, des actrices et acteurs, des scénaristes, des illustrateurs et illustratrices, bref, faire entendre des voix différentes pour représenter les handicaps dans toute leur nuance, que ce ne soit pas toujours les mêmes profils que l’on représente, les mêmes voix qu’on laisse s’exprimer. Parce que nous existons au-delà de la fiction, dans toute notre diversité.

Ca participe aussi à la banaliser les handicaps. Au sens où nous sommes légion, nous sommes là, dans les campagnes, dans les villes, dans les réseaux sociaux. Les handicaps ne devraient pas être des tabous, des sources d’embarras ou des prétextes à la moquerie ou à l’insulte. Nous sommes là, dans la vie réelle, alors nous avons toute notre place aussi dans les fictions, dans toute notre diversité, parce qu’il n’y a pas deux personnes handicapées identiques. Nous avons des origines différentes, des histoires différentes, et même au sein d’un même handicap, nos expériences sont différentes, nos symptômes, nos contraintes, nos difficultés sont différents.

Nous sommes aussi capables de choses. Pas tout, pas tout le temps, parfois avec de l’aide ou des accommodations, mais nous sommes dans toutes les strates de la société, et certains d’entre nous travaillent, créent, participent… parfois tout ça à la fois.

Je vais revenir vite fait sur le cas des acteurs et actrices. Si on caste une personne valide pour jouer un personnage handi, ça fait un rôle en moins pour des acteurs et actrices handis, d’autant que souvent, on refuse à ces acteurs et actrices de jouer des personnages « valides par défaut », surtout s’iels sont jugé’es pas assez bankable (mais si on les caste jamais, iels sont bankable quand ?). Il arrive régulièrement que des acteurs et actrices découvrent et/ou parlent de leurs handicaps (invisibles) sur le tard, la preuve qu’iels sont aussi capables de jouer, puisque sans connaître leurs difficultés, on trouvait qu’iels faisaient du bon boulot. Mais est-ce si « grave » de caster une personne visiblement handicapé’e pour jouer un personnage qui n’a pas besoin d’être nécessairement valide ?

Mais pour ces questions-là, je vous renvoie à cette vidéo, qui est super intéressante sur le sujet.

Par contre, cela pose alors une autre problématique : pour plein de raisons, on n’a pas forcément envie/la possibilité de dire publiquement nos particularités (fonctionne avec les handicaps, mais aussi pour les orientations sexuelles, romantiques et de genre, notamment). Déjà, parce que ça regarde pas grand monde à part la personne concernée qui ne doit rien à personne à ce niveau, et puis ça peut même être dangereux ou lourd de conséquences pour la personne, qui pourrait de surcroit se sentir obligae de révéler des informations personnelle (une personne peut aussi être handi sans avoir encore de diag’ définitif, ou sans l’avoir encore accepté). Du coup, je pense qu’il faut aussi faire attention à ça, ne pas aller trop loin dans les exigences. Se rappeler aussi que derrière les figures publiques, il y a des individus, et qu’à aucun moment iels nous ne nous doivent leur dossier médical pour jouer dans un film ou pour écrire un livre.

Peter Dinklage dans le rôle de Tyrion Lannister

Le mot de la fin

J’ai déjà dit plein de choses, mais je n’exclue pas de rédiger une 2e partie s’il me vient d’autre choses 🙂

Et je rappelle encore que c’est mon avis sur le sujet, à moi et à moi seule, je ne détiens EVIDEMMENT pas la voix universelle, et peut-être que dans 5 ans, je ne serai pas d’accord avec ce que je dis maintenant, parce que je continue d’apprendre à ce sujet, et que j’ai évidemment aussi mes propres biais et méconnaissances (d’où l’intérêt aussi de multiplier les voix).

25 réflexions sur “Conception d’un univers : La représentation des handicaps dans l’Imaginaire

  1. Pingback: Index : Ressources sur l’écriture et l’Imaginaire (10/04/2025) | L'Imaginaerum de Symphonie

  2. Merci pour cet article et toutes tes réflexions qui me permettront d’aborder certaines lectures avec une autre perspective. En te lisant, je réalise en effet que les handicapes ordinaires ne sont quasiment jamais évoqués, du moins dans mes lectures…

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    • Après, d’un point de vue dramaturgique, je comprends volontiers qu’on soit tenté de représenter certains types de profils particuliers (je penses aux personnages autistes, qui sont soit des adultes géniaux mais avec très peu de compétences sociales, ou alors des enfants non verbaux qui crient dès que tu t’approches d’eux). Ces profils existent, c’est normal qu’ils soient représentés, mais ça donne la fausse impression aux personnes non informées que ce sont les seuls profils qui existent.

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  3. Encore une fois, un article passionnant et intelligent. Un peu plus de diversités (quelles qu’elles soient), c’est ce que j’aimerais rechercher quand j’en aurai fini avec ma PAL… Histoire, comme le fait ton article, de s’ouvrir à d’autres voix, d’autres expériences, d’autres vies… Merci pour les liens également !

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      • Je repensais justement à ton article et je me disais que j’aimais également ton regard nuancé et bienveillant. Je suis d’accord avec toi quand tu questionnes la place que l’on laisse aux personnes handicapées : tu parlais des acteurices (et c’est peut-être encore plus violent pour elleux vu qu’iels sont physiquement présent·es), mais quelles chances par exemple pour un·e auteurice handicapé·e d’être publié·e ? Parce que je pense qu’il n’est pas toujours facile quand on n’est pas concerné·e (ou qu’on ne fait pas partie d’une minorité quelle qu’elle soit) d’inclure des personnages concernés (c’est ce que tu écrivais aussi), j’imagine qu’il doit y avoir la crainte de tomber dans des clichés, de mal en parler, même quand on a la volonté d’inclure des personnages variés (je dis ça d’un point de vue de néophyte puisque je n’écris pas). Que les auteurices valides incluent des personnages handicapés, c’est très bien, mais il faut aussi laisser une chance aux personnes concernées de faire entendre leur voix et d’avoir une place dans la vie culturelle. (C’est un peu brouillon, mais bon…)

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        • Merci à toi 😀 J’essaie effectivement de rester nuancée, parce que je trouve que ça reste un sujet complexe, puis je suis loin d’avoir fait des études là-dessus^^.

          Concernant le point que tu soulèves, c’est ça. J’ai beau être concernée et avoir envie de mettre des personnages handis, j’avoue que je préfère rester en terrain à peu près connu, en me prenant comme base littérale, quitte à extrapoler un peu sur la base des témoignages et tout ça que j’ai pu lire, mais je ne suis pas forcément à l’aise à l’idée de « donner » un handicap que je ne connais pas ou mal à un personnage. Donc pour une personne valide, même pleine de bonnes intentions, je sais que c’est pas forcément évident non plus.

          Je sais qu’il y a des auteurices handicapé’es qui sont publié’s en imaginaire parce qu’iels en parlent des fois sur les réseaux, mais souvent, ça ne sort pas de leur communauté (et pas de soucis avec ça, moi-même dans la vie réelle, je « sélectionne » les personnes à qui je le dis ou non, et dans quelle mesure.
          Être auteurice et handicapé’e, c’est aussi une autre problématique : celle des salons littéraires. Je sais que c’est important pour rencontrer son public, et pour essayer d’attirer d’autres lecteurices, mais… Il y a la question des trajets, de l’accessibilité, des problèmes sensoriels, de la gestion de la douleur rapport aux positions maintenues longtemps, de la fatigue, le volet social… Quand je vois comment ça me fatigue en simple visiteuse alors que j’y passe 2-3 heures maximum, à un salon qui est à 1h de route de chez moi… Je ne peux pas m’empêcher de penser difficultés si j’étais publiée et invitée à un salon.
          Certains salons commencent à le prendre en compte. Je n’y suis jamais allée, mais je crois que les Imaginales instaurent désormais un espace bulle, pour que les gens puissent se mettre en retrait le temps de recharger leur batterie. Mais donner plus de place aux handis dans la culture, c’est aussi, pour moi, se poser des questions par rapport à cet aspect là.

          (Et merci pour ton com très intéressant !)

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          • Je comprends ton postulat, oui. Ça doit être difficile de se projeter uniquement sur la base de témoignages quand on n’a pas une petite expérience personnelle (que l’on soit concerné·e directement ou via un proche ou autre).

            J’imagine qu’il y en a, sans parler des handicaps invisibles. Et choisir de le dévoiler, d’en parler, ou non, reste un choix personnel et l’un comme l’autre sont parfaitement audibles.

            Bon point, les salons littéraires. J’ai effectivement déjà entendu parler des espaces bulles, mais je pense que ça reste potentiellement éprouvant… Ça peut l’être quand on est valide (avec juste une petite angoisse de la foule), donc avec un handicap…
            Il y a plein de question à se poser, comme le soulignait celle qui a fait la vidéo Handicap & Cinéma vers laquelle tu as mis le lien, quand elle pose la question de l’incompatibilité entre handicap et théâtre qu’on lui a renvoyée à la figure.

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  4. Tu le sais, c’est un sujet qui me touche particulièrement, nous en avions déjà parlé 😉 Il y a encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine et pas seulement dans l’imaginaire, je vois par exemple quasiment jamais de personnes en fauteuil roulant dans la romance par exemple, alors que ce serait extrêmement intéressant je trouve !

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    • Oui, c’est vrai que je n’ai pas abordé cet angle parce qu’étant asexuelle et aromantique, je ne me sens pas du tout légitime d’en parler, mais effectivement il y a peu de romances de ce types, j’ai l’impression, et quand il y en a, c’est souvent des romances tire-larmes parce que le perso handi va décéder ou autre (ou alors guérison miraculeuse parce que le pouvoir de l’amour). Ca manque clairement de représentations de ce côté-là, et ça ne doit pas aider les personnes concernées 😥 Et comme tu dis, il y a moyen de faire des histoires intéressantes et variées.

      (J’en ai quand même vue une récemment dans un roman Fantasy même si c’est ultra secondaire, c’est dans le roman Godkiller, il y a un couple de femmes dont l’une est en fauteuil, si mes souvenirs sont bons, et je crois que l’autre est sourde puisqu’il me semble qu’elle s’exprime en signant).

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    • Merci pour ton retour 😀

      Les escaliers, c’est surtout flagrant dans les films, mais dans les livres, je me souviens que le centaure Firenze ne peut pas faire cours dans la salle dédiée car pas accessible, sans que ça ne pose question plus que ça. En plus, il n’y avait même pas besoin de mettre des persos handi, genre juste une phrase pendant le discours d’accueil en mode « je vous rappelle que l’usage des ascenseurs magiques est réservé aux personnes en ayant besoin et à leurs accompagnateurs », et voilà, c’était plié.

      Quand j’avais vu le film la première fois, je m’étais dit un truc du genre « ah, bon ben, Poudlard, c’est mort pour moi » ^^ Mais je pense qu’en dehors des personnes concernées, c’est « normal » que ce ne soit pas le premier truc auquel tu penses^^

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  5. Merci pour cet article très intéressant et pour les nombreux exemples que tu cites. Récemment j’ai lu le premier tome de « Chronique des rivages de l »ouest » d’Ursula Le Guin qui met en scène un personnage aveugle et j’ai trouvé le traitement du sujet très bien fait mais c’est vrai que c’est rare ou alors traité de façon très anecdotique.

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  6. Excellent article ! Honnêtement, je préfère quand le handicap d’un personnage n’est pas le sujet principal, on ne se résume pas à ça et ça peut vite tourner au pur pathos existentiel. Pareil, j’aime bien les représentations métaphoriques, notamment de SF, que je trouve souvent plus pertinentes que les histoires marketées « handicap ». Et oui, purée, Poudlard n’est absolument pas accessible ni même conforme aux normes de sécurité des infrastructures scolaires. On se demande pourquoi la magie doit nous compliquer la vie plutôt que de la faciliter.

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    • Oui, pareil, j’ai du mal quand c’est vraiment centré dessus. Je suis handi, j’ai pas forcément envie de voir un film/lire un livre pour qu’on me dise combien ma vie est triste ou à l’inverse combien c’est une chance (parce que bon, c’est souvent les axes choisis… A quand un film sur le parcours MDPH ?).

      Et d’accord aussi sur les représentations métaphoriques, et les non explicites, parfois elles sont meilleures que les explicites.

      (Y’a tellement rien qui va à Poudlard en vrai XD)

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