Sphère, Michael Crichton (roman et film de 1998 – avec zone spoils)

Sphère

Auteur : Michael Crichton, Américain

Science-fiction, One-shot

Sphere, 1987

VF : 1988, Editions Robert Laffont

Traduction : Jacques Polanis

Warnings et diversité

Dans le sud de l’océan Pacifique, à des milliers de mètres sous la mer, une étrange navette spatiale est découverte, reposant sur les fonds sablonneux… Un groupe de savants américains entre alors en scène ; ils descendent dans les profondeurs de la mer pour examiner cette extraordinaire découverte. Ce qu’ils trouvent défie leur imagination et bafoue leurs tentatives d’explication. Une navette spatiale laissée intacte après une chute aussi vertigineuse ! Plus incroyable encore, il semble qu’elle ait traversé au moins trois cents ans… Provient-elle d’une culture inconnue ? D’un univers différent ? Du futur ? Pourquoi, alors qu’elle ne semblait tout d’abord recéler aucune créature, d’« impossibles animaux » d’une toute nouvelle espèce se mettent-ils soudain à pulluler ? Qui émet des messages sur l’écran de l’ordinateur des savants américains, messages de plus en plus hostiles ? Et enfin, que peut bien être cette sphère métallique d’une rondeur parfaite — de toute évidence non construite par l’homme — qu’ils découvrent à l’intérieur même de la navette ?…

Mon avis sur le roman

Que se passerait-il si un objet ou une entité extra-terrestres entrait en contact avec nous ? Cette question, de nombreux auteurices se la sont posée, et Michael Crichton (que vous connaissez forcément, c’est lui l’auteur de Jurassic Parc !) ne fait pas exception.

Quand un vaisseau technologiquement avancé est retrouvé au fond de l’océan, une équipe de scientifiques y est dépêchée par la marine, au cas où il y aurait, justement, une potentielle rencontre. Or, ces scientifiques ne sont pas très bien assortis, et vu leurs personnalités respectives, on ne se demande pas SI ça va foirer, mais dans combien de temps.

C’est d’ailleurs le gros point noir de ce livre (oui, on commence direct par les choses qui fâchent). Les personnages sont antipathiques au possible, et dans le cas de Norman, le psychologue et personnage point de vue, il y aussi un certain degré de je-m’en-foutisme, voire d’incompétence. Ce qui explique en partie pourquoi c’est cette équipe qui se retrouve au fond de l’eau : c’est lui qui les a conseillés, dans un rapport rédigé à la va vite. Dans le cas de Norman, c’est clair que c’est fait exprès, mais j’avoue que l’écriture de Beth et Harry m’a soulée à chaque lecture, parce qu’elle est surtout caricaturale au possible.

Beth, biochimiste/biologiste et femme scientifique, et surtout complètement obnubilée par sa nature de femme, voyant du sexisme absolument partout tout le temps (alors qu’il n’y en a pas) au point que c’en est ridicule. Et pour Harry, mathématicien, c’est le même schéma, étant le seul Noir de l’équipe et rapportant tout à sa couleur de peau, tout le temps. Alors, ç’aurait pu être très intéressant comme thématique, de montrer que l’humanité doit dépasser ses travers pour évoluer, sauf que là, c’est plus caricatural qu’autre chose, sans aucune subtilité ni fondement montré (show, don’t tell, toussa. On sait juste que Beth s’est fait voler un article par un confrère, c’est tout).

C’aurait pu être intéressant aussi d’avoir une évolution : tout va bien au début, puis leur confrontation avec le surnaturel fait remonter progressivement leurs pires travers (et c’est un peu ça qui se passe, sauf que les travers en question ne me semblent pas être les bons, puisque les minorités sont juste montrées comme des parano qui voient le mal partout sans « justification »).(On reparlera plus loin de pourquoi ça me soule (aussi) d’un point de vue narratif, mais je vais devoir spoiler, donc ça se passe en fin d’article, après les « et ailleurs, qu’en pense-t-on »).

Et c’est d’autant plus dommage que l’intrigue et l’ambiance sont chouettes. On a un bon thriller, avec une tension maîtrisée et une ambiance de plus en plus anxiogène, une manifestation fascinante de cette sphère extra-terrestre, un peu de science, un peu d’horrifique, une espèce de petite morale à la fin…. Mais voilà, les personnages m’agacent tellement que je n’arrive pas à passer outre, malgré le reste qui est très bon.

Sphère

Film américain de 1998, de Barry Levinson

Science-Fiction/Epouvante

Trailer

Mon avis sur le film

Sphère reprend le scénario du livre de façon plutôt fidèle, même s’il a changé quelques détails, sans doute pour des raisons de budget, sans que ça n’entache le visionnage. Certaines scènes sont d’ailleurs très réussies, je pense notamment à la scène des méduses, qui me foutait une trouille pas possible quand j’étais plus jeune (et je ne vous cache pas qu’elle me met toujours un peu mal à l’aise) (par contre… c’est quoi ces pseudo serpents de mer, sérieux ? on dirait des vers !). Pour continuer sur les bons points, le rythme est effréné, il se passe toujours quelque chose, même 25 ans après, difficile de s’ennuyer devant le film. Il y a une bonne tension, le cast est plutôt solide (malgré des dialogues à coucher dehors), il y a juste certains effets qui ont vieilli, mais ça passe.

Par contre, là où je préfère le livre, si je puis dire, c’est que j’ai l’impression que le film cristallise encore plus les défauts initiaux concernant les personnages. Les personnages sont antipathiques comme dans le matériau de base, certes, mais je les ai trouvés encore pires, très désagréables, avec une équipe complètement dysfonctionnelle. Je me suis vraiment demandé comment le chef des opérations avait pu valider leur présence dans le sous-marin. Pareil, comment personne ne s’est rendu compte que l’expertise de Norman, le psychologue, avait été faite complètement à l’arrache ? Personne n’a pris deux minutes pour vérifier le CV des persos ? De même, c’était déjà le cas dans le livre, mais là c’est encore poussé davantage : Beth, la biochimiste/biologiste marine, s’en prend plein la tronche, c’est assez crispant par moments (et exit la méfiance des hommes causée par un vol d’article scientifique, ici c’est uniquement romantique, youpi). Par contre, il y a du mieux du côté de Harry, qui est « juste » arrogant et méfiant par principe.

Autre problème du film, la gestion des indices. Entre le personnage qui change de caractère sans aucune raison et les set-up hyper appuyés (manque plus que la lumière rouge qui clignote, et encore) qui annulent toute surprise des révélations… ça rend le tout assez moyen, je trouve.

Bilan

Le livre est à mon avis bien supérieur à l’adaptation, que ce soit en terme d’ambiance ou de gestion de la tension. Par contre, l’écriture des personnages les rend antipathiques, et même caricaturaux pour les deux personnages « minorisés », ce qui diminue en plus l’impact de la conclusion.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Le livre =>

Zone spoils

Dans le vaisseau du fond de l’eau, il y a une sphère (merci, Captain Obvious) qui a la particularité d’offrir un pouvoir à celleux qui entrent à l’intérieur : ils peuvent matérialiser leurs pensées, y compris les plus inconscientes. Evidemment, ça part en cacahuètes, et les survivants réalisent que, puisque des scientifiques aussi compétents qu’eux n’ont pas su maîtriser ce pouvoir, personne ne le pourrait.

Et là, j’ai eu l’impression qu’on se foutait de ma tronche.

Compétents ? J’en sais rien, Norman les a cités dans son rapport juste parce qu’il les connaissait, sans qu’on ait de preuve de leur supposée compétence, sans parler de leur caractère et état psychologique, qui rendent l’équipe ô combien dysfonctionnelle et désagréable dès le départ. Personne ne peut se supporter, tout le monde ne pense qu’à soi et prends les autres pour des idiots, chacun étant rempli de névroses bien visibles.

Du coup, je ne sais pas si c’est fait exprès, si c’était ironique ou quoi… mais ça ne pouvait PAS fonctionner avec une telle équipe. Donc cette conclusion tombe à plat à mon sens, parce que ça se serait peut-être mieux passé avec une équipe constituée intelligemment. Et je trouve que, comme je le disais plus haut, ç’aurait été davantage pertinent de partir d’une équipe qui a l’air équilibrée et fonctionnelle, mais de montrer au fur et à mesure les troubles sous la surface, dont peut-être les personnages n’auraient pas eu conscience, ce qui aurait permis potentiellement une certaine critique sociale du même coup.

Bon, le livre a pas mal d’années, on était moins sensibilisés sur ces questions-là à l’époque et je ne l’oublie pas, mais je trouve ça dommage quand même.

2 réflexions sur “Sphère, Michael Crichton (roman et film de 1998 – avec zone spoils)

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