Le chant des fenjicks, Luce Basseterre

Le chant des fenjicks

Autaire : Luce Basseterre, Française

Space-opera, One-shot, même univers que La Débusqueuse de mondes

2020, Mnémos ; 2023, Le Livre de Poche (Illustration : Alain Brion)

Diversité et warnings

La transhumance galactique des Fenjicks est en péril. Traqués depuis des millénaires par les Chalecks, ces créatures cosmiques ne servent plus que de taxis vivants à travers l’espace.
Après des années de servitude, leur nombre s’amenuise et leur espèce est menacée d’extinction. Mais leur mystérieux chant silencieux traverse toujours la galaxie. Il porte en lui les notes d’un nouvel espoir : le soulèvement des cybersquales.
Le Chant des Fenjicks est un roman en un seul volume, une préquelle dans le même univers que La débusqueuse de mondes.

Mon avis

Le chant des fenjicks se déroule dans le même univers que La débusqueuse de mondes, et il y a même un personnage qui se trouve dans les deux romans. Toutefois, ils sont indépendants, et il n’est pas nécessaire d’en avoir lu un pour comprendre l’autre.

Le roman reste un peu complexe à appréhender, surtout au début.

Le premier aspect qui marque (même s’il n’a pas entravé ma lecture), c’est sa narration inclusive particulière. Les humains ne sont qu’une goutte d’eau dans cet univers, parmi une myriades d’autres espèces sapientes, il est donc logique que notre terminologie ne convienne pas toujours. En l’occurrence, la race des Chalecks (qui s’apparente à des genre de caméléons) est asexuée, la terminologie genrée n’a donc pas de sens pour les désigner, ce qui a nécessité une certaine adaptation de la part de l’autaire. Je suis un peu familière avec la question, donc j’ai assez vite pris le pli, mais quelqu’un qui ne serait pas habitué’e pourra peut-être buter un peu plus là-dessus. Je trouve que c’est un parti pris super intéressant et aussi logique quand on parle d’espèces non humaines.

Le second c’est la richesse de l’univers. On est directement plongés dans un monde dont on ne connaît pas grand-chose, et pas grand-chose ne nous sera directement expliqué (il y a bien un lexique, mais certains termes transparents sont explicités, quand d’autres plus spécifiques ne le sont pas), ce qui rend le début de la lecture un peu ardue. Mais on comprend assez vite l’essentiel pour apprécier la lecture. J’aurais quand même aimé en découvrir plus sur cet univers, mais c’est surtout parce qu’il est riche et vraiment fascinant.

Heureusement, la première partie du livre se concentre sur deux personnages point de vue : Smine Furr (mon chouchou <3) et Waü Nak Du, an Chaleck un peu ambivalent que j’aurais aimé détester… mais quand même, iel est attachant’e et évolue au fil du livre. Ces deux personnages appartiennent à des espèces complètement différentes, ont des caractères différents, mais ont malgré tout une espèce de point commun : leurs espèces n’ont pas de liberté individuelle, n’ont pas le choix d’avoir ou non des relations, n’ont pas le choix de décider d’avoir des enfants ou non. Bref, Smine et Waü Nak Du doivent rester vigilant’s, pressurisé’es par leurs sociétés respectives. La première partie, donc, suit ces deux personnages et leurs tentatives pour éviter des situations dont iels ne veulent pas.

Mais leurs problèmes personnels, aussi réels soient-ils, restent en-deçà de la situation des fenjicks, des genres de baleines de l’espace lobotomisées pour servir de vaisseaux. Ces arcs narratifs vont finir par se croiser, propulsant nos deux premiers protagonistes dans une révolte bien plus grosse qu’eux, mais toujours pour la même raison : la liberté.

Et à partir de là, c’est une autre source de complexité qui arrive : la multiplication des points de vue, avec des nouveaux personnages qu’on a parfois du mal à définir. J’ai d’ailleurs trouvé la fin trop rapide, avec des personnages dont on n’a pas forcément d’aboutissement, ce qui n’est pas un problème pour les personnages secondaires, mais j’ai trouvé que ça manquait surtout pour Smine. J’ai apprécié toutefois qu’elle soit si porteuse d’espoir, surtout avec de telles thématiques.

Bilan

Malgré la complexité de son univers et une narration peu familière, on se laisse peu à peu immerger dans cette révolte pour la liberté, aux côtés de personnages attachants engloutis dans une spirale qui les dépasse. Le roman est vraiment riche et intéressant, surtout au niveau de ses thématiques et de ces personnages si différents et pourtant si semblables dans leurs aspirations. J’ai trouvé toutefois la fin un peu rapide.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

4 réflexions sur “Le chant des fenjicks, Luce Basseterre

  1. Pingback: Index : Oeuvres francophones (MAJ 08/12/2023) | L'Imaginaerum de Symphonie

Laisser un commentaire