Vous lisez Procrastination : S03E09 – La première fois

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Liste des Episodes transcrits

La publication, cette barrière évanescente, intimidante, idéalisée parfois. Que se passe-t-il quand on la franchit ? Qu’est-ce qui change pour soi, pour sa pratique de l’écriture – et surtout, comment y survit-on ? Mélanie, Laurent et Lionel relatent leurs premières fois, puis expliquent ce qui a changé. Mélanie parle de l’innocence qui change, des attentes des lecteurs qui se cristallisent ; Lionel martèle que la publication ne doit pas être vue comme une validation de l’acte d’écrire, au risque de voir s’enflammer le syndrome de l’imposteur si courant dans la profession. Laurent explique notamment que ce syndrome est dû au fossé que l’on perçoit, tout particulièrement dans les débuts, entre ses idéaux et ses réalisations… (Blog de Lionel Davoust)

Et dans la suite de l’article la transcription de l’épisode. N’hésitez pas à intervenir dans les commentaires pour évoquer votre expérience !

S03E09 : La première fois

(Transcription : Symphonie ; Relecture et corrections : Umanimo)

Vous écoutez Procrastination, Saison 3 Épisode 9 : La première fois

Podcast sur l’écriture en 15 minutes.

Parce que vous avez autre chose à faire.

Et qu’on n’a pas la science infuse.

Avec les voix de : Mélanie Fazi, Laurent Genefort, et Lionel Davoust.

Lionel Davoust : La première fois qu’on est publié, est-ce qu’on peut s’acheter un jacuzzi ? est-ce qu’on est reconnu dans la rue et que les gens nous demandent des autographes en hurlant ? Laurent, avant qu’on lance l’épisode, tu parlais « épisode larmichette ».

Laurent Genefort : Ben oui, on va forcément rentrer dans le personnel, dans notre histoire personnelle, donc dans le pathos, évidemment.

[rires de Lionel]

LD : Ben oui, parce que nous sommes évidemment pathologiques !

LG : [rires] Oui, je ne pensais pas à ça comme ça, mais…

LD : Qu’est-ce qui change quand on est publié ? Qu’est-ce qu’on devient ?

Mélanie Fazi : Tout change.

LD : Tout change ! Ah ! Tout !

MF : Tout change, et rien ne change.

LD : Ah oui ? Alors, comment ça ?

MF : Ah ! C’est une question très vaste qui me frappe avec le recul, c’est qu’en fait on se projette quand on est débutant dans ce que ça va être une fois qu’on aura écrit. En fait ça ne ressemble absolument à rien de ce qu’on avait projeté, notamment j’avais un peu cette idée naïve que ça allait changer ma vie d’un coup de baguette magique – je pense qu’on a tous projeté quelque chose comme ça – et en fait ça change énormément de choses, mais pas forcément ça. Par contre, ça change beaucoup, je trouve, le rapport qu’on a à la fois avec l’acte d’écriture lui-même et le rapport qu’on a… après, c’est plus compliqué, avec la vision qu’on a de soi-même. Quelque chose qui était une envie, qui était presque un fantasme, devient très concret, et ça se passe pas du tout comme on l’avait attendu, et ça n’apporte pas forcément ce qu’on voulait, ça apporte d’autres choses. Je ne sais pas si c’est le cas pour vous aussi ?

LG : Pas tout à fait, parce que moi, je pense, je n’avais pas l’idée – bizarrement – d’en faire mon métier du tout, c’est venu au fur et à mesure en fait, ça a été progressif. Moi, j’avais dix-neuf ans quand j’ai écrit mon premier roman, j’avais interviewé Serge Brussolo deux ans avant pour un fanzine et on était devenus amis. Il m’avait suggéré d’envoyer un manuscrit au Fleuve Noir qu’il venait de quitter avec plein d’autres auteurs, donc il m’avait dit « il va y avoir un appel d’air, profites-en ». Donc j’ai écrit ce roman pendant les grandes vacances et à ma grande surprise, il a été retenu. À l’époque j’habitais chez mon père, j’étais en fac de droit où je m’ennuyais pas mal. Donc j’ai écrit le bouquin, j’ai été le déposer au Fleuve Noir, j’ai eu un courrier qui m’annonçait que j’avais été retenu.

Alors, là pour le coup, mon cerveau a sécrété en doses massives trois hormones principales : la dopamine, qui est l’hormone de plaisir et de diminution de la fatigue, la sérotonine, qui est l’hormone du bien-être, et puis l’ocytocine, qui est l’hormone de l’attachement, je me suis attaché à la Science-Fiction et je n’ai plus décollé depuis. Bref, j’ai sauté au plafond.

MF : Je pense que tout le monde se rappelle ce moment-là, ce moment de l’acceptation, la toute première acceptation c’est un moment qu’on n’oublie jamais, je pense.

LD : Mmm.

LG : Non, mais clairement.

MF : Je pense que j’ai sécrété les mêmes hormones à peu de choses près.

LG : Non, mais ça flatte l’ego, clairement. Surtout que le livre est paru quand j’avais 20 ans et on est plein d’hormones justement à cet âge-là…

[rires]

LG : Non, mais plus sérieusement, je ne crois pas que ça me soit monté à la tête, je me suis surtout senti très chanceux, c’est l’impression que moi j’en ai retiré à l’époque. D’autant plus que mon deuxième bouquin a été publié seulement trois ans plus tard, ce qui est une éternité en plus à cet âge-là, donc je l’ai vécu presque plus comme un accident qu’autre chose, à l’époque, en fait.

LD : Moi, de mon côté, rapidement, j’avais plus fait mes classes en lisant ce que les Américains disaient du métier, et tous les Américains disaient qu’ils avaient enchaîné et empilé les piles de lettres de refus, et du coup pour moi en fait finalement je m’attendais à devoir galérer des années avant de réussir à faire passer un texte, et c’est arrivé finalement plus vite que ce que j’aurais imaginé, à tel point que je pense n’avoir pas trop réalisé sur l’instant.

Mais alors du coup, est-ce que ça a changé des choses dans votre pratique de l’écriture ? Une fois passé le saut au plafond, est-ce qu’on survit, aussi, à cette étape-là ? Et comment on enchaîne, quelque part ?

MF : Alors, ça…

LD : Une fois que le fantasme devient réel ?

MF : Je te rejoins sur ce que tu disais sur l’attente des refus. Finalement, moi il s’est passé quatre ans entre ma première nouvelle écrite et ma première acceptation – ce qui, avec le recul, est très court – et ça chamboule, parce qu’à un moment donné on se dit « bon, voilà ça y est, c’est sérieux ». Déjà, on se rend compte qu’on va être lu, on commence à flipper en attendant les retours, et la question qui pour moi était importante et qui a un peu muté avec le temps, c’est ensuite, comment j’enchaîne ? Le premier texte a été plutôt bien reçu, et il y a la trouille que le deuxième soit moins bien reçu. Et à chaque fois, c’est « bon, qu’est-ce que je fais derrière ? ».

Et chaque étape qu’on pouvait voir comme une espèce de fin en soi, finalement est le début d’autre chose, et je me souviens de cette peur, en fait. Au départ, la peur, en envoyant un texte, qu’on me dise qu’il n’était pas assez bon. Une fois qu’on m’a dit qu’il était assez bon pour être publié, la peur de « ah mais le suivant, on va se rendre compte que je ne suis pas au niveau ».

Il y a cette espèce de syndrome de l’imposteur qui passe avec le temps, qui s’est transformé dans le sens où, au bout d’un moment, quand on a suffisamment publié et qu’on a suffisamment eu de retours de lecteurs, on commence à savoir à peu près comment nos textes sont reçus, quelle place nous donnent les lecteurs, finalement. Et pour moi, il y a cette espèce de peur derrière de ne pas réussir à répondre aux attentes, finalement ça se transforme en ça, derrière.

LD : Alors, ça m’évoque un truc qui pour moi est super important, c’est quand on entend parfois parler, on qu’on lit parfois certains posts sur Facebook de jeunes auteurs qui cherchent à percer, et qui parfois peuvent mettre du temps et que [Lionel parle trop vite ici] beaucoup de grands, grands auteurs Américains, on est en bonne compagnie, énormément de lettres de refus, il y a cette espèce de vision de la publication comme presque une validation de l’entreprise d’écrire.

Alors, c’est une forme de validation parce que cela rend le texte lisible, mais ça n’est pas une validation – à mon sens, en tout cas – de l’acte d’écrire en soi, ce n’est pas une validation de la pratique d’écrire. Parce que, comme tu disais Mélanie, moi ce que je crains – et de toute façon, je suis passé par là aussi, donc je peux en parler – c’est qu’à partir du moment où on voit la publication comme une validation, le syndrome de l’imposteur peut se dresser, et verser dans l’oreille de l’auteur en mal d’écriture ou en mal de reconnaissance, que « de toute façon, ce n’était qu’un hasard, et de toute façon, ils verront bien au deuxième que t’es qu’un flanc ». Et puis comme t’as réussi à placer le premier, des fois tu peux passe le deuxième, le troisième, le dixième, et c’est sans fin. C’est toujours ce qui me fait peine, c’est une manière très efficace de se faire mal, en fait, je pense.

Alors que l’acte d’écrire et l’acte de créer – même si on espère être lus et connus, et quand on espère en faire un métier, on espère ne pas manger des pâtes tout le temps – doivent être, en une certaine manière à mon sens en tout cas, leur propre récompense. Là où l’on travaille, là on l’on essaie de parler à un public, à des lecteurs, c’est d’essayer de le faire le mieux possible. C’est là que la technique intervient, on arrive à se rendre plus accessibles, et donc à faire des projets plus ambitieux d’une manière plus efficace et donc possible de toucher un plus large public. C’est là qu’intervient le professionnalisme et potentiellement effectivement, on l’espère, un peu d’argent. Mais l’étincelle d’écrire, même si au début on peut se dire « ah ! j’ai envie d’être publié etc. », mais au fond, pour moi c’est une étincelle qui ne peut pas maintenir longtemps un auteur. L’acte d’écrire, on le fait parce que on prend plaisir dans la réalisation. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas une forme de difficulté, mais une fois qu’on l’a fait en tout cas, on est content. Même si on a ramé dessus. On peut se dire « ah ! j’ai réussi à gravir la montagne ». C’est comme faire du sport. Je ne sais pas vous, mais moi je suis content d’en avoir fait, mais rarement en le faisant.

MF : Oui, complètement. Après il me semble que peut-être ce qui change plus profondément, c’est qu’une fois qu’on est publié, pour moi le plaisir n’est plus jamais aussi innocent qu’avant.

LG : Oui, c’est vrai.

MF : Notamment, on s’inscrit dans une continuité de ce qu’on a fait avant, de comment a réagi le lecteur, de comment est-ce qu’on est publié, etc. Il y a quelque chose qui se construit. Et à chaque fois il y a « Est-ce que les gens ont des attentes par rapport à ce que je fais ? Est-ce que je réponds à ces attentes ? Est-ce que je m’en éloigne ? ». On n’écrit plus tout à fait avec la même insouciance, qui peut être une bonne ou une mauvaise chose selon la façon dont on l’aborde.

LG : C’est une bonne chose parce que ce sentiment d’imposture qu’on a ou pas – moi je l’ai eu pendant plusieurs bouquins – il vient du fait qu’on est publié alors qu’on se sent soi-même très loin de ses modèles…

LD : Oui, exactement.

LG : … et on mesure à l’aulne du bouquin publié à quel point on est loin des livres qui nous ont fait rêver en termes de facture, de qualité du bouquin. C’est encore plus vrai avant quand le statut du livre était très haut – plus haut que maintenant avec la concurrence des médias, on va dire, le livre est en perte de vitesse même dans l’imaginaire collectif, mais à un moment il était très, très haut, c’était même ce qui était le plus haut – et là on se sent pour le coup en « concurrence » avec d’autres livres. On est au même titre qu’un professionnel, alors qu’on ne se sent pas forcément professionnel. Et c’est d’autant plus vrai dans mon cas, le sentiment de métier est venu progressivement.

Mais en même temps, c’est paradoxal parce qu’on est toujours en apprentissage. Là on parle de la première fois, mais en fait, chaque bouquin est une première fois quelque part, moi je trouve, et chaque sortie d’un livre est une première fois.

MF : Moi, ça me parle particulièrement, parce que récemment je me suis retrouvée dans une situation où, ayant écrit pendant presque vingt ans des nouvelles fantastique, d’un seul coup je me suis retrouvée à écrire quelque chose qui n’était pas du fantastique et en plus pas de la fiction – et pour l’instant la fiction ne vient pas – et avoir presque un sentiment d’imposture à nouveau, d’avoir cette image de quelqu’un qui écrit un certain type de choses, et qui à un moment donné fait autre chose, et je ne sais pas ce qui arrive derrière. J’étais étonnée de retrouver cette impression, qui était presque celle des débuts en fait. Pas de la même manière parce qu’on a du métier et on sait qu’on a acquis effectivement un certain savoir-faire, on sait que ce qu’on fait a touché des gens, a parlé à des gens, donc on n’a plus cette peur de « je suis nulle, je ne vais pas y arriver », mais parfois se poser la question de « tiens, les gens attendent de moi quelque chose et je vais ailleurs », et effectivement ça peut faire l’effet d’une nouvelle première fois.

LD : Je pense que cette histoire de comparaison au modèle ou à ce qu’on attend etc. on peut le vivre de manière très destructrice, ça a été mon cas, où je me disais « ah mon dieu ! – justement les attentes – qu’est-ce que vont me dire les gens », ça peut être très paralysant.

Alors, on peut le vivre de manière paralysante – ou alors en tout cas, moi c’est la manière dont j’ai appris à le vivre et que je trouve beaucoup plus positive, aidé par des auteurs plus expérimentés avec lesquels j’ai discuté de cette histoire-là –, c’est simplement la marque du métier qui s’affine. C’est simplement la marque que, quand on se compare… Même s’il ne faudrait pas, mais quand on regarde ses modèles et qu’on se dit « ahlala ! je ne serai jamais à la hauteur de X ou Y » Ça, ça me fait penser à une excellente réponse que J.K. Rowling avait fait sur internet, où quelqu’un lui avait dit « Ahlala, j’aimerais écrire aussi bien que vous », et elle a répondu : « Je suis très flattée, mais ce qui serait bien, c’est que vous écriviez aussi bien que vous-même ».

Et on a des modèles, bien sûr, et la clé, c’est que ces modèles, ce sont des marches vers lesquelles on va trouver ce que nous on a à dire, et ce que nous on a à faire. Alors après, on peut se dire : « Ah ! Est-ce que j’arriverais jamais à susciter autant de plaisir dans l’esprit de mes lecteurs que tel auteur a suscité pour moi », mais c’est aussi simplement la marque que le jugement esthétique s’affine et que cette distance que l’on mesure n’est pas à vivre comme une malédiction, mais au contraire comme la prise de conscience que l’on a un jugement esthétique qui s’affine, et donc à partir du moment où on peut avoir une destination, c’est vachement plus facile de s’en rapprocher.

LG : Mais la première fois c’est quand même quelque chose de particulier. [rires]

LD : Évidemment !

LG : C’est comme les rapports.

[rires]

LG : On devait la faire.

MF : Ben là, c’est fait.

LG : Toutes les autres fois se réfèrent à la première fois.

MF : C’est le moment où il y a complètement notre perception de la chose qui change. D’un seul coup on est de l’autre côté de la barrière, et c’est terrifiant parce qu’on ne sait pas ce qu’il se passe de l’autre côté de cette barrière.

LG : Voilà, on sait que la première fois, son premier livre, les gens sont indulgents avec nous…

MF : Ou pas.

LG : En principe. [rires] Mais après, beaucoup moins. Et c’est quand on devient un professionnel que les difficultés commencent.

MF : Il y a la peur de se répéter aussi, des choses comme ça qui apparaissent derrière.

LG : Oui, aussi. Et souvent, on dit que ce qui différentie un écrivain d’un écrivain professionnel, c’est qu’un écrivain a écrit un livre, un écrivain professionnel il en écrit plusieurs.

LD : Mmm, exactement. Rapport à la crainte de se répéter, c’est vrai que les auteurs ont tous un peu des marottes et des thèmes qui leur reviennent. À mesure que les années avancent, j’ai de moins en moins cette « crainte » parce que je pense que tant qu’on reste en contact avec son inconscient – les tripes dont on parlait dans un épisode précédent sur ce que disait Elisabeth Vonarburg, toujours, dans son livre Comment écrire des histoires, – le corps sait, tant qu’on reste en contact avec cette impulsion, cette envie, l’être humain et l’auteur évolue, grandit, vieillit, sa vie change, et par nature son rapport au monde change. Tant qu’il reste en contact avec ses tripes, ses tripes vont changer aussi, et donc le regard va changer aussi.

Je suis moi avec mon évolution et donc il y a des problématiques qui m’intéressent davantage, mais j’ose espérer que je deviens moins bête à chaque année qui passe, que je suis plus bête aujourd’hui que je ne serai demain, et que ça va aider à nourrir la réflexion, et la technique va évoluer aussi, donc de nouvelles ambitions se trouvent à ma portée en termes littéraires aussi.

MF : C’est intéressant parce qu’à la fois je suis complètement d’accord avec ce que tu viens de dire, et chez moi ça génère une forme d’angoisse. Je dirais que progressivement avec le temps, je suis passée d’un moment où on a cette situation où j’ai des textes dans mes tiroirs et je ne vais peut-être pas réussir à les placer et j’angoisse pour ça, à une situation où il y a des gens qui viennent nous voir avec des attentes et des demandes, précisément parce que si on écoute sa propre évolution, on ne contrôle pas nécessairement l’écriture, elle nous guide, quelque part.

Il y a un moment où il y a un décalage avec ces attentes, et je me suis trouvée souvent dans des situations où on vient me contacter pour un appel à textes, et je sens dans mes tripes que je suis incapable d’y répondre et je m’en veux terriblement. Et pour moi, ça peut générer une angoisse, ça aussi, le décalage entre l’image que les gens ont de ce qu’on fait, entre les attentes, et le fait qu’on est en train de suivre un chemin dont on n’a pas forcément conscience, justement.

LD : Moi je fais tout ce que je peux pour publier des trucs là où on ne m’attend pas. Pour justement essayer de me libérer au maximum de ces attentes. Quand j’avais publié La Volonté du Dragon et La Route de la Conquête, qui étaient deux livres placés dans le même univers, à peu près dans la même époque, un peu avec le même genre de problématiques, et que j’ai publié un 3e bouquin dans cet univers-là, j’ai résolument publié un bouquin qui n’avait rien à voir avec cet univers-là. Ça a un peu surpris les gens qui avaient lu l’univers sur l’instant, en se disant « Mais qu’est-ce qu’il se passe ? », mais c’était volontiers pour ne pas m’enfermer dans ce truc-là. Et c’était très conscient de ma part. J’ai dérouté quelques lecteurs qui ne s’attendaient pas du tout à trouver un bouquin comme Port d’âmes, qui est un bouquin très introspectif, et après le bouquin a été bien reçu ce qui m’a fait grand plaisir, je sais quand même que ça a un peu surpris, mais c’était aussi une manière pour moi de m’octroyer cette liberté en me disant « en faisant ça, je me donne la liberté de faire ce que je veux dans cet univers-là, maintenant ».

LG : En tout cas, tout ça conforte pour dire que, pour la première fois, il n’y a pas cette pression. Et donc s’il y a un conseil à dire, c’est : enjoy. Profitez juste de ce que ça apporte, parce que ça apporte énormément.

LD : Et j’ai envie de dire, après, essayez de faire d’autant plus attention à enjoy, parce que c’est là qu’on conserve la sincérité, et c’est là qu’on conserve finalement ce qui nous a permis de décrocher la première publication, quelque part. Et c’est plus difficile, parce qu’on a cette pression etc.

MF : Oui, complètement.

LD : … et ça implique un parcours de réflexion personnel qui n’était peut-être pas le cas au début, peut-être pas au 2e, mais peut-être au 3e ou 4e bouquin, qui devient important sur « Qu’est-ce que l’écriture pour moi ? Comment je la vis ? Comment garder ce contact avec cette sincérité qui m’était naturelle et qui doit peut-être davantage devenir un acte volontaire ? »

MF : Complètement.

LG : Citation ?

LD : Citation pour terminer.

LG : La citation nous vient de Bruce Hollande Rogers : « J’ai appris que la première chose qu’un écrivain doit faire quand il se découvre publié, c’est d’appeler la police. Parfois, si vous leur graissez la patte, ils emportent même les livres ».

Jingle : C’était Procrastination, merci de nous avoir suivis. Maintenant, assez procrastiné, allez écrire ! Dans la joie.

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