La chute de la maison Usher – série Netflix

La chute de la maison Usher

2023, Pour Netflix
Réalisé par Mike Flanagan

Série terminée en 8 épisodes, inspirée de nouvelles d’Edgar Allan Poe

Warnings

Trailer

Roderick Usher, PDG d’un empire pharmaceutique spécialisé dans les opioïdes, fait venir une ancienne connaissance dans sa maison d’enfance, afin de lui faire ses confessions sur sa responsabilité dans les décès tragiques de ses enfants.

Mon avis

Même si vous n’avez jamais lu ses œuvres, il est fort probable que vous connaissiez Edgar Allan Poe, au moins de nom, voire que vous ayez vaguement entendu parler de certaines de ses nouvelles (Le Chat noir est très connue, par exemple). D’ailleurs, la série offre très peu de surprises si vous les avez lues, puisque les titres des épisodes et leurs références donne une très bonne idée de ce qui va arriver aux infortunés personnages, même si c’est modernisé, la série se déroulant en grande partie en 2023. La série m’a d’ailleurs donné envie de replonger dedans (et pour les plus curieuxses d’entre vous, cet article récapitule les références de chaque épisodes).

La série prend pour fil rouge la nouvelle La Chute de la Maison Usher. Nous retrouvons donc Roderick Usher qui nous raconte les évènements tragiques des derniers jours, récit émaillé de flashbacks des années ’80 qui vont compléter le puzzle, histoire de comprendre comment on en est arrivé là, et surtout nous montrer les personnages sous un autre jour.

La famille Usher, ce n’est pas foncièrement une famille modèle, loin de là. On comprend assez vite que leur empire pharmaceutique n’est pas le plus clean qui soit, avec un antalgique « miracle » qui conduit surtout à des dépendances et de graves effets secondaires (de quoi rappeler les vraies crises des opiacées), mais bien entendu, la famille est suffisamment puissante pour ne pas risquer grand chose d’un point de vue judiciaire. Les Usher sont cupides, arrogants, dénués d’empathie, et souffrent d’un certain nombre de travers, ce qui les rend d’office très antipathiques. Dans un premier temps, on n’a pas tellement de compassion pour eux, on attend juste de voir comment ils vont y passer (c’est pas un spoil, hein, on le sait dès le début de la série). D’ailleurs, ça donne à l’ensemble un petit côté Destination Finale, je trouve, puisqu’à chaque fois, c’est une succession d’évènements et de choix qui vont provoquer leur sort.

Cela étant… j’ai fini par en avoir un peu, de compassion (enfin… sauf pour un des enfants. Si vous avez vu la série, vous savez lequel). Les personnages sont antipathiques, oui… mais ils sont surtout le fruit d’un certain héritage familial. Ils n’ont pas connu l’amour de leur famille, ni la reconnaissance, ils sont très perturbés psychologiquement, et ils cherchent à tout prix à combler ces manques affectifs. Les Usher sont l’incarnation même de l’adage « l’argent ne fait pas le bonheur ». Ils ne sont pas mauvais par essence, mais les choix de leur père et de leur tante, eux mêmes les fruits de leur enfance difficile auprès d’une mère malade, ont fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui, et ils en paient amèrement le prix. Même Roderick et sa soeur Madeline sont très intéressants et on voit bien que c’est les circonstances qui les ont rendus obsédés par le pouvoir et la réussite sociale. Mention spéciale à Madeline, les actrices qui l’incarnent et le personnage elle-même ont un magnifique charisme !

La balance étant le personnage de Lenore, petite fille de Roderick bien droite dans ses bottes, qui montre qu’on peut s’affranchir (en partie) de son héritage familial. Les personnages secondaires sont très chouettes aussi, beaucoup apprécié Juno, la nouvelle femme de Roderick, ainsi que Pym, l’homme à tout faire de la famille.

Mais je ne peux pas parler des personnages sans parler de mon personnage préféré : Verna, l’antagoniste. L’actrice est merveilleuse, et le personnage est plus complexe qu’on ne pourrait le croire. Elle n’est pas complètement cruelle, elle fait preuve d’une certaine compassion, et surtout… elle essaie d’offrir des portes de sortie aux enfants Usher, en leur proposant des choix qui pourraient atténuer la cruauté de leur sort. Elle a aussi un petit côté justicière (pas au grand cœur, par contre).

Pour finir, un petit mot sur l’ambiance générale. Même si la modernité de la série lui fait perdre l’atmosphère gothique des nouvelles de Poe, elle reste très belle dans l’ensemble. Mention spéciale au dernier épisode, qui offre quelques plans magnifiques, sublimés par le poème Le Corbeau en fond, à un moment en particulier.

Petit aparté quand même sur la sexualité des enfants Usher. Plusieurs d’entre eux sont LGBTIA+ (pan, couple lesbien, couple gay, couple « asexuel », « trouple » aromantique…), ce qui peut poser des questions sur la représentation desdites sexualités, vu ce que sont les Usher. J’ai trouvé que la série montrait assez bien que ce ne sont pas lesdites sexualités le problème, mais bel et bien les Usher (vu que leurs partenaires sont chouettes, et qu’à côté de ça les Usher sont quand même gratinés) (et puis le pire des enfants est hétéro), mais voilà, je voulais le signaler quand même, parce que c’est un point important de la caractérisation des persos.

Bilan

J’ai beaucoup aimé la série, sa superbe atmosphère et sa revisite de plusieurs nouvelles d’Edgar Allan Poe, appuyant un discours sur la vanité, l’ambition, le manque d’affection familial, l’impact des traumatismes générationnels et les souffrances infligées par la cupidité des puissants.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

3 réflexions sur “La chute de la maison Usher – série Netflix

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