Jack Finney, nouvelles d’antan 1948-1965

Jack Finney, nouvelles d’antan, 1948 -1965

Recueil de 22 nouvelles de l’auteur américain Jack Finney

2023, Le Bélial

Recueil dirigé par Pierre-Paul Durastanti

Illustration : Aurélien Police

On doit à Jack Finney (1911-1995) deux chefs-d’œuvre absolus. Body Snatchers – l’invasion des profanateurs, qui, en 1955, révolutionne la thématique de l’invasion extraterrestre, et sera adapté au cinéma à quatre reprises. Puis, quinze ans plus tard, Le Voyage de Simon Morley, salué par le prestigieux Grand Prix de l’Imaginaire en 1994. Or, Jack Finney fut aussi un formidable nouvelliste. Le présent ouvrage, manière d’intégrale raisonnée sans équivalent en langue anglaise, reprend ses récits ressortissant à la science-fiction, au fantastique, à l’insolite, au suspense, voire à l’horreur. Vingt-deux nouvelles, dont onze inédites, comme autant de joyaux enchâssés dans une œuvre essentielle, fondatrice.

Mon avis sur le recueil

Un truc sympa avec Noël, c’est qu’on peut… emprunter les livres des autres :3 Je connaissais Jack Finney de nom, via The Body Snatchers (que je n’ai ni lu, ni vu, mais je sais grosso modo de quoi ça parle), donc j’étais assez curieuse de découvrir ce recueil, qui regroupe 22 nouvelles de l’auteur, relevant majoritairement du fantastique et de la science-fiction.

Compte tenu de leur âge, j’avais un peu peur d’un effet « déjà lu », et effectivement, beaucoup de thèmes ont été traités par la suite, que ce soit en textes ou en séries/films. Pour autant, elles restent très intéressantes, d’autant que j’ai trouvé l’orientation des histoires plutôt originale. La plupart sont écrites à la 1ère personne, ce qui renforce l’immersion à la lecture (mais pas forcément l’attachement, les personnages n’étant pas toujours des parangons de vertu^^). D’ailleurs, les personnages nous paraissent toujours très humains, dans leurs qualités et leurs défauts, dans leur solitude et leurs espoirs. (Seul bémol, la caractérisation des personnages féminins, surtout vues par les yeux du narrateur masculin, mais bon, c’est aussi l’époque d’écriture qui veut ça).

Mais ce qui frappe surtout, et ce que je retiens, c’est leur modernité et leur atmosphère. Je ne sais pas dans quelle mesure joue la traduction, d’excellente qualité, mais on ne sent pas du tout l’âge dans le style d’écriture, clair, concis et réaliste. Réalisme d’autant plus fort que le surnaturel est toujours très ancré dans le quotidien, dans le banal, souvent imprégné d’un sentiment de mélancolie ou de nostalgie qui les rend souvent touchantes (quand elles ne relèvent pas d’un certain humour, parfois un peu noir).

Je ne vais pas donner mon avis sur chacune des nouvelles (ce serait long et pas très intéressant), mais j’en ai quand même choisi 7 (1/tiers du recueil, donc) parmi celles que j’ai le plus appréciées (ce ne sont pas les seules, bien sûr, mais ça donne un petit échantillon) :

La Boîte à mots du cousin Len

Je pense qu’il faut être écrivain (même amateur) pour apprécier cette nouvelle, qui m’a bien fait sourire. Dans les conseils d’écriture, on retrouve souvent l’idée qu’il est préférable de restreindre l’utilisation d’adjectifs, d’adverbes etc. pour adopter un style plus concis, et il se trouve que la fameuse boîte à mots le fait automatiquement. Pratique^^

Il est une marée

J’ai beaucoup aimé l’atmosphère de cette nouvelle (l’une de mes préférées du recueil), très mélancolique, qui propose une histoire de fantôme assez originale et étonnante. Elle m’a aussi parlé d’un point de vue plus personnel, puisqu’il suffit d’ une « petite voix » pour orienter une décision dans un sens ou dans l’autre.

Les Disparus

Ouh, qu’elle a un côté frustrant celle-ci ! (dans le bon sens du terme), et elle résonne bien fort, aussi, d’autant plus avec le climat anxiogène qui perdure depuis plusieurs années. Si une agence de voyage proposait un aller simple dans un endroit idyllique où l’on pourrait juste se concentrer sur ce qu’on aime, sans notion de productivité ou d’utilisé… combien serions-nous à être tentés ? (bon, on ne sait pas s’il y a des chats sur place, c’est quand même un frein ^^)

Seconde chance

Je ne voyais pas trop au début où l’auteur nous dirigeait (d’autant qu’en terme de voiture « surnaturelle », j’avais plutôt en tête une certaine Christine), mais je ne m’attendais pas à une telle révélation. Pas la plus marquante, mais j’ai beaucoup apprécié son déroulement.

Contenu des poches du mort

La morale de cette histoire est assez convenue (la réussite ne vaut pas qu’on sacrifie sa vie, au sens propre comme au figuré), mais cette nouvelle est très efficace en terme de tension, avec cet homme coincé sur la corniche extérieure de son appartement. Qu’on ait le vertige ou pas, ça crispe un peu, quand même.

La lettre d’amour

Je pense que c’est l’une de mes nouvelles préférées du recueil, que j’ai trouvé vraiment belle. Une histoire d’amour épistolaire à travers le temps, impossible, où deux personnages souffrant de solitude parviennent à converser à travers le temps, de quoi illuminer aussi leur vie. En quelques pages, l’auteur nous livre un texte vraiment émouvant.

Temps d’arrêt

Si la lettre d’amour est la nouvelle qui m’a le plus émue, celle-ci n’est pas loin derrière, avec une jeune actrice qui n’a jamais connu l’amour, qui n’y croit pas, et qui doit pourtant jouer une scène poignante lors d’un tournage. Je ne peux pas trop en dire pour ne pas spoiler le déroulement, mais l’atmosphère de cette nouvelle est aussi très belle.

Bilan

Beaucoup apprécié cette incursion dans l’univers de Jack Finney, de quoi me donner envie de découvrir enfin ses romans les plus connus. J’ai apprécié presque tous les textes, en particulier leur humanité et leur atmosphère, le presque tenant à quelques rares nouvelles auxquelles je n’ai pas vraiment adhéré, mais l’ensemble est fascinant et touchant à lire.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

8 réflexions sur “Jack Finney, nouvelles d’antan 1948-1965

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