Vainqueuse, Jean Laurent Del Socorro

Vainqueuse

Jean-Laurent Del Socorro, Français

One-Shot de Fantasy Historique

2023, L’école des loisirs

Illustration : Cécilia in the Jungle

Cynisca est une princesse de Sparte, le sang d’Héraclès coule dans ses veines.
Éduquée comme un homme depuis l’âge de sept ans, elle est aujourd’hui une combattante d’exception, qui rêve d’un triomphe à sa mesure. Mais, confrontée à l’absurdité de la guerre, elle s’interroge. Qu’y a-t-il de glorieux ou de juste à prendre une vie ? N’y a-t-il pas d’autres batailles à mener et d’autres victoires à offrir à la déesse Orthia, comme elle s’y est engagée ?
Depuis que la divinité du monde sauvage l’a mise au défi de battre un cheval à la course, Cynisca est devenue la meilleure cavalière de la cité. Et si c’était là le moyen d’entrer dans la légende ?

Mon avis

Je n’ai jamais été très intéressée par l’Histoire, une discipline que je trouvais assez ennuyeuse pendant mes études, pourtant Jean-Laurent Del Socorro est l’une de mes valeurs sûres. Et je me dis avec une pointe de regrets que si l’Histoire m’avait été enseignée autrement, peut-être que je m’y serais davantage investie. Bref.

Le présent roman est en réalité divisé en deux parties. Dans la première, nous suivons une jeune Cynisca de 7 ans qui, malgré son genre, se voit « accordée » une éducation masculine grâce à son statut de fille de roi et sa volonté sans failles. Nous découvrons une jeune fille déterminée, bien décidée à offrir ses gloires prochaines à la déesse Orthia, son évolution au fil des ans, ses amours et ses batailles… et surtout ses doutes, sa vulnérabilité, en dépit de sa force. Doutes parce qu’elle est une femme, certes privilégiée par rapport à ses consœurs de statut inférieur, et qu’elle a de ce fait davantage à prouver, que ce soit à elle-même, à la société et ses proches, et bien sûr à Orthia. Un personnage qui paraît ainsi très humain et à laquelle il est facile de s’attacher. Dans la seconde partie, elle est plus mûre, plus âgée, et nous paraît paradoxalement bien seule, démunie devant une destinée qui n’apparaît toujours pas, sans parler de son regard adulte sur cette société imparfaite. Heureusement, Cynisca n’est pas seule, puisque d’autres femmes vont apporter leur pierre à cet édifice.

Du coup, vous vous en doutez, le roman est bien sûr imprégné de féminisme via le parcours de Cynisca, mais je ne m’attendais pas à ce que cette lutte, au début personnelle, prenne de telles ramifications. Car ce n’est pas uniquement le féminisme que le roman explore, mais bien les inégalités en général (même si on ne descend guère en profondeur, déjà parce que le roman est relativement court, mais aussi parce qu’il se destine en premier lieu à un public jeune, pas forcément sensibilisé), il évoque même la toxicité de ces inégalités pour les personnes qui, pourtant, n’en souffrent pas directement, voire en bénéficient. J’ai aussi apprécié que le roman montre qu’on peut être certes victime d’inégalités et d’une certaine pression sociale et familiale, tout en étant privilégié par ailleurs, l’enjeu dépassant alors sa seule émancipation individuelle. Bref, malgré son faible nombre de pages, le roman se révèle à la fois extrêmement riche tout en restant accessible.

La plume de l’auteur est toujours aussi immersive, à la fois très humaine et pleine de pudeur, ce qui convient parfaitement à ces personnages qui ont parfois bien du mal à communiquer et à exprimer leurs sentiments. J’aurais bien du mal à juger de la véracité historique, puisque l’antiquité grecque est une période que je connais très peu, mais encore une fois, c’est de toute façon l’humain qui est au cœur du texte. J’aurais quand même apprécié avoir davantage de descriptions, quasiment absentes. Le roman est bien évidemment romancé, avec une touche de Fantasy puisqu’ici les divinités sont bien plus que des statues de marbre ou des chevaux de bois.

Bilan

De la fantasy historique teintée de mythologie grecque sur fond d’émancipation féminine, de lutte contre les inégalités et de sororité, toujours avec la plume immersive de Jean-Laurent Del Socorro. Comme d’habitude, un roman qui me réconcilie avec une Histoire qui ne m’avait jamais réellement intéressée.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

Diversité : couple FF

Photo montrant trois chevaux au crochet.
Je ne les avais plus sous la main pour la photo, mais c’est dans le thème^^

4 réflexions sur “Vainqueuse, Jean Laurent Del Socorro

  1. Comme toi, l’Histoire est clairement ma bête noire, d’autant plus lorsque mon professeur ne parvenait qu’à une chose, me faire pleurer à la fin de chaque cours…Pour autant, tu me donnes très envie de tenter ce roman, le mélange des genres me semble extrêmement intéressant !

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  2. J’ai eu quelques profs d’Histoire Géo qui étaient excellents (même la géographie m’intéressait, pour le coup, bien que je restais pas très douée) et une particulièrement pas intéressante et ça change tout quant à la perception de la matière !
    Pour en revenir à « Vainqueuse », j’ai très envie de le lire – hop ! il est dans ma liste d’envies 😉 (pas pour tout de suite, mais il sera donc lu)

    Aimé par 1 personne

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