Iris Hollow, 17 ans, a toujours été étrange. Lorsqu’elle était enfant, elle et ses deux sœurs aînées ont disparu. Un événement dont aucune d’elles ne se souvient, et qui ne leur a laissé qu’une cicatrice en forme de croissant de lune dans le cou, des yeux noirs et des cheveux blancs. Iris fait tout ce qui est en son pouvoir pour arpenter les couloirs du lycée en paraissant la plus normale possible. Pourtant, son étrangeté lui colle à la peau. Quand Grey, la plus âgée de ses sœurs, top-modèle célèbre et styliste de renommée internationale, disparaît à nouveau dans d’inquiétantes circonstances, Iris doit embrasser sa part d’ombre. D’autant qu’un homme à tête de taureau la poursuit, prêt à tout pour la tuer. Avec son autre sœur Vivi, Iris fuit… Mais pour sauver sa peau et retrouver Grey, elle comprend qu’elle doit remonter la trace de son passé.

Mon avis

Quelques années avant le début de l’histoire, les trois sœurs Hollow (Grey, Vivi et Iris) ont disparu quand elles étaient plus jeunes. Heureusement, elles ont vite refait leur apparition, même si personne n’a jamais pu comprendre ce qu’il s’était passé. De quoi rassurer leurs pauvres parents ? Eh bien… moyennement, disons. Parce qu’il a dû arriver quelque chose aux gamines durant leur absence, car elles sont revenues « légèrement » changées. Je ne suis pas parente moi-même, mais j’ai eu beaucoup de compassion pour les parents au fil du livre.

Les enfants ont grandi, et nous suivons donc Iris, la plus jeune, qui n’a aucun souvenir de l’incident. Mais elle comprend bien qu’il y a quelque chose de bizarre en elle, et en ses sœurs également. Si celles-ci semblent en avoir pris leur parti, ce n’est pas le cas d’Iris. En effet, au-delà de leurs changements physiques, elles suscitent une fascination particulière chez les gens. Et là, on commence déjà à arriver dans la glauquerie, car on ne parle pas de signer des autographes ou de répondre à des interviews. Il n’y a rien de graphique, mais on parle donc de jeunes femmes qui attisent malgré elles le désir (sexuel, entre autres) des autres (même si Grey maîtrise suffisamment le processus pour l’utiliser à son bénéfice). En tant que lectrice femme, fatalement, ça raisonne. Ca fera donc partie du cheminement d’Iris, la narratrice, qui, malgré sa peur et son dégoût, va devoir réaffirmer sa confiance et sa sexualité. Par contre, je regrette un peu le côté : ce n’est pas la faute des autres s’ils se jettent sur elles, c’est parce qu’elles ont un « pouvoir ». Mouaich.

Cette particularité surnaturelle est gérée de façon différente par les trois sœurs. D’ailleurs, Iris et Vivi, ignorantes et innocentes, sont très attachantes, et j’étais vraiment impliquée dans leurs découvertes, mais Grey est plus ambiguë, même si en fin de roman, j’avais quand même un peu de sympathie pour elle.

Et sur l’aspect horrifique, ça va commencer à être difficile d’en parler sans spoiler, donc je me contenterai d’évoquer l’ambiance générale. Iris et Vivi se lancent dans une quête sur leur mystérieux passé, et l’ambiance va se faire de plus en plus glauque et pourrissante, sans que ce soit effrayant pour autant. Les descriptions sont d’ailleurs assez sensorielles et participent pour beaucoup à cette atmosphère. Attention, on frôle le body horror par moments.

L’explication du mystère est en revanche assez simple à deviner (même si je n’étais pas sûre pour certaines couches de l’oignon), mais je n’ai pas trouvé que ça gâchait le livre, au contraire même peut-être. Ayant une idée ce que les filles allaient découvrir, ça rehausse l’anticipation, au point que j’aie lu le livre quasiment d’une traite, incapable de le lâcher avant la fin.

Bilan

Une très bonne surprise que ce roman, à côté duquel je serais passée si Elessar n’en avait pas parlé. C’est fascinant de glauquerie sans être effrayant ni réellement écœurant, avec des thématiques fortes, et même si on devine aisément l’explication, on se plaît à suivre ces personnages dans la quête de leur propre histoire.

Et ailleurs, qu’en pense-t-on ?

• L’imaginarium électrique
• Le métronome en papier
• La lectrice lunatique
• Alice Neverland
• Des livres et Sharon
• La lectrice du dimanche